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Ils sont exposés à tous les malheurs notamment en hiver
Publié dans La Nouvelle République le 31 - 03 - 2016

«A mon âge très avancé, je n'ai plus de goût à la vie. Les jours passent comme des années. Je ne peux plus supporter cette situation inhumaine et cette société de plus en plus impitoyable.» lâche aâmi Ali, un SDF qui a fait des rues de Boumerdès sa nouvelle demeure.
Enfin l'hiver est parti. L'arrivée du printemps s'annonce propice pour les Sans-domicile-fixe puisque il porte avec lui, du moins pour le moment, quelques douces et clémentes températures. Sous un rayonnant soleil de ce mois de mars, âami Ali peux enfin quitter sa petite tente qu'il a montée à côté d'un arrêt de bus au centre-ville de Boumerdès (45 km à l'est d'Alger). Il va pouvoir profiter de cette belle journée pour sécher les rares vêtements qui lui restent encore.
Visage rond et encrassé, yeux creux, mains sèches et abimés, âami Ali pleure aujourd'hui son passé joyeux, les jours où il vivait avec sa femme et ses enfants dans une belle maison à la compagne : «C'était la belle époque, se souvient-il les yeux pleins de larmes.
Si tu me voyais comment j'étais quelques années en arrière, tu n'aurais jamais pensé que c'était la personne que tu vois devant toi aujourd'hui. Avec ma femme et mes enfants, nous composions une famille parfaite, heureuse, malgré la pauvreté et la misère.
Je travaillais comme manœuvre dans un chantier privé de construction, je gagnais le nécessaire pour nourrir ma famille. Mes enfants allaient normalement à l'école et ma femme s'occupait de la maison, tout était dans l'ordre. En deux mots, ma vie était tranquille».
Maudit chantier
Tout a commencé dans son lieu de travail. Un jour, âami Ali s'est rendu comme d'habitude au chantier et dans un moment de déséquilibre il a fauché son pied par une perceuse. «Cet accident a annoncé le début du malheur pour moi. Sachant que je travaillais sans sécurité sociale, cela m'a privé de toute prise en charge de mes soins et mes médicaments. J'ai subi une intervention chirurgicale dans mon pied droit qui a eu des effets déplorables sur la suite de ma vie puisque ma jambe est devenue presque infructueuse, elle ne sert plus à rien. Ni à marcher ni me tenir debout. Je me déplace à l'aide d'une béquille».
Tout ce qui inquiète désormais âami Ali c'est le froid et le retour du mauvais temps. Pendant l'hiver, la souffrance de ce SDF de 69 ans augmente au moment où les responsables locaux et les différents services d'aide et de solidarité ne donnent aucun signe de vie.
«Quand la pluie tombe, c'est un moment cruel pour nous les SDF, je ne trouve rien pour me cacher hormis ma petite tente et cette mince couverture qui ne peux rien face au froid et les averses. Heureusement qu'il y a quelques habitants du coin qui se souviennent de nous en ces temps particuliers en nous servant de la nourriture chaude et quelques habilles. Donc personnellement, je préfère l'été que l'hiver», raconte t-il ironiquement.
Au chef lieu de Boumerdès, rien ne laisse croire que des SDF puissent exister dans cette petite ville, calme, et ultra-surveillée. En revanche, dans la banlieue et les communes avoisinantes, ils sont des dizaines à occuper les trottoirs. Malgré l'absence de réels chiffres sur le nombre des SDF en Algérie, mais quelques recensements avancent le nombre de 35.000 personnes sur tout le territoire, un chiffre en net augmentation.
«Je préfère rester dans la rue que d'être mis dans un centre pour personnes âgées»
A l'aube de ses 70 ans, âami Ali s'est habitué à son nouveau statut de Sans-domicile-fixe, ses mots reflètent une situation de grande déception surtout que dans ça tête il se voit déjà finir sa vie comme ça. Par ailleurs, nous avons demandé à «Si Âli», comme préfèrent l'appeler quelques passagers, s'il serait d'accord de rejoindre un centre pour personnes âgées et sa réponse était ferme : «jamais je n'accepterai de vivre dans un lieu pareil. C'est des centres faits plutôt pour humilier les vieux, j'ai entendu beaucoup d'histoire de gens qui étaient maltraités et finis par attraper une maladie mentale. En ce qui me concerne, je préfère mourir comme ça, libre dans la rue que d'être battu ou malmené dans un semblant de centre».
«Faire la différence entre un SDF et un malade mental»
Âami Ali est une personne taciturne et très cultivée. Malgré qu'il ne sait pas lire et écrire, mais c'est un homme bien informé sur l'actualité nationale et même internationale. Il peut traiter n'importe quel sujet, il connait quasiment tous les leaders politique du pays. Il aime la musique, l'art, le football, l'équipe nationale...
A le voir en train de fumer sa cigarette à l'intérieur de sa tente grisard, c'est un homme plein d'humour, toujours souriant bien que son esprit soit souvent ailleurs. Dans sa tête, il pense qu'il ne lui reste pas beaucoup à vivre, lui qui a passé presque un tiers de sa vie dans la rue. Quand même, âami Ali a toujours un rêve : «ce que je peux demander à nos gouverneurs c'est de s'occuper des SDF. J'aimerais qu'ils soient traités comme toutes autres personnes, qu'ils bénéficient d'une prise en charge nécessaire comme les primes et une protection sociale de la part des responsables.
Nous ne sommes pas des malades mentaux ou des fous qui trainent dehors, nous sommes des gens normaux, avec des capacités intellectuelles respectables pour beaucoup d'entre nous. Il y a des SDF qui n'ont pas eu droit au travail parce qu'ils ont des difficultés physiques, d'autres ont été victimes de problèmes familiaux ou chassés par leur familles, mais sur le terrain, si on leur donne de la chance, je suis sûr qu'ils sont capable de faire beaucoup de bonnes choses. Ils peuvent s'intégrer facilement dans la société».
Si âami Ali n'a pas voulu divulguer sa vraie histoire qui l'a mené à la rue, mais dans ses yeux se cache une certaine tristesse d'un vieil homme qui a beaucoup donné pendant sa jeunesse. Cette tristesse qui symbolise aussi la réalité d'une société algérienne très matérialiste et d'une caste politique, incompétente, loin de ravir les moindres espoirs.


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