L'Algérie continue à jouer à l'équilibriste sur une corde raide. Avec un socialisme qualifié de «spécifique» qui a démontré son incapacité a assurer son essor économique, voilà qu'elle s'engage à présent dans un capitalisme débridé. Le changement de cap décidé par Sellal consécutivement à la baisse des recettes pétrolières afin de ne plus dépendre d'un développement basé sur les aléas de la rente pétrolière en misant sur une relance économique basée sur la croissance d'une économie diversifiée, est sérieusement compromis, par plusieurs facteurs, dont la faiblesse du dinar, et une inflation trop lourde à supporter pour les consommateurs algériens, et ce, quoi qu'en pensent certains analystes proches de la Banque d'Algérie qui s'amusent à comparer l'incomparable. Présentement, deux économies coexistent dans une harmonie inconcevable. Une économie officielle, alors que sa jumelle active en parallèle, avec en prime le bénéfice qu'elle tire des subventions étatiques. La situation réclame des réformes en profondeur pour protéger le dinar, le pouvoir d'achat des consommateurs algériens qui ne bénéficient d'aucune protection face aux spéculateurs. L'exemple de la hausse des prix fulgurante que connaît le marché de bien des produits durant cette période ramadanesque, ne laisse aucun doute sur l'inaptitude du gouvernement à contrôler le commerce intérieur. Le système bancaire n'est pas étranger à la déconfiture de notre canevas économique, bien au contraire, étant donné qu'il ne participe nullement à encourager les investissements productifs, car les banques, notamment étrangères, se limitent à financer les opérations du commerce extérieur presque exclusivement. Des subventions qui font reculer la croissance Avec un système des subventions qui coûte excessivement cher pour le pays, (soit la somme de 23 milliards de dollars pour l'année 2015), les prévisionnistes, sur ce que sera la croissance en 2016, sont d'accord pour affirmer qu'elle sera en recul. Selon le FMI, le déficit budgétaire s'élèvera à 15% du PIB en 2016 contre 15% en 2015, ce qui est énorme malgré l'ajustement opéré par le ministère des Finances. Le FMI avait tablé dernièrement sur une croissance qui ira crescendo de 2016 à 2021 pour atteindre 3,4%, au cas où les prix du pétrole rebondiraient. Le déficit de la balance des comptes courants atteindra -28,3 mds de dollars en 2016 contre -27 mds en 2015. Ce déficit se chiffrera à -28,2 mds de dollars en 2017. Le FMI avait salué, en avril dernier, les nouvelles orientations du gouvernement en matière de croissance qui s'appuient sur l'efficience budgétaire, la mobilisation des ressources locales, et l'élargissement de l'assiette fiscale, sans augmenter les taux d'imposition. L'ensemble des efforts pour équilibrer les dépenses et les recettes de l'Etat s'avère insuffisant, tant que les prix du pétrole ne dépasseront pas la barre des 87 dollars. L'Algérie devra dans ces conditions de dépendance exclusive des prix du pétrole se résigner à voir ses réserves de change diminuer au rythme de 35 milliards par an. Toujours selon les calculs du FMI, en 2015, le PIB réel a progressé de 3,9%, selon cette institution une croissance de 3,4% est attendue en 2016. Cette même croissance reculera à 2,9% en 2017. La croissance ne rebondira qu'à partir de 2019 pour atteindre 3,4% en 2021. La BM revoit à la baisse ses prévisions de croissance de l'économie algérienne Ce constat de la révision de la croissance algérienne vient d'être confirmé par la Banque mondiale qui a revu à la baisse ses prévisions de croissance de l'économie algérienne en 2016, en les ramenant à 3,4% contre 3,9% prévus initialement. L'Algérie, dans ce contexte de crise systémique consécutive à la baisse des prix du pétrole qui pénalise les économies des pays producteurs de pétrole dans leur ensemble, devra pour limiter les déficits se résoudre à accélérer ses réformes, en diversifiant au mieux son économie. La BM après avoir tablé sur une croissance de 3,9% pour 2016 en janvier dernier, celle-ci a abaissé cette prévision à 3,4%, indique un rapport de cette institution financière internationale sur les perspectives économiques mondiales rendu public mardi à Washington. Ce chiffre est néanmoins en augmentation par rapport à 2015 où le taux de croissance s'était établi à 2,9%. Les prévisions de croissance mondiale ramenées de 2,9 à 2,4% Par ailleurs, la BM a ramené ses prévisions de croissance mondiale pour 2016 à 2,4%, par rapport aux 2,9 % annoncés en janvier dernier. Cette décision s'explique par les taux de croissance anémiques enregistrés dans les économies avancées, la faiblesse persistante des prix des produits de base, l'atonie du commerce mondial et la diminution des flux de capitaux, a expliqué la Banque. Les marchés émergents et les pays en développement exportateurs de produits de base ont du mal à s'adapter à la faiblesse des cours du pétrole et d'autres produits essentiels, ce qui explique la moitié de cette révision à la baisse, selon le rapport de la Banque, cité par l'agence. La marge de progression escomptée dans ces économies est d'à peine 0,4% cette année, soit 1,2 point de pourcentage de moins que les chiffres annoncés en janvier dernier. Ce ralentissement démontre l'importante nécessité pour les pays d'appliquer des politiques qui favorisent la croissance économique et améliorent les conditions de vie des personnes vivant dans une pauvreté extrême», a commenté le président du Groupe de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, cité dans le dernier rapport.