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Frantz Fanon est honoré à titre posthume
Publié dans La Nouvelle République le 09 - 12 - 2016

En 1943, la Martinique vit sous le régime de Vichy avec un gouverneur militaire, l'amiral Robert. Fanon part en dissidence pour l'île voisine de la Dominique, alors possession anglaise, et rejoint les Forces française libres.
Après un séjour au Maroc et en Algérie, il débarque à Toulon avec les troupes du général de Lattre de Tassigny. Il est blessé en traversant le Rhin. Démobilisé, il rentre en Martinique, passe son baccalauréat et revient en France où il s'inscrit à la Faculté de médecine de Lyon. Fanon obtient un diplôme de médecine légale et de pathologie tropicale, se spécialise en psychiatrie et passe une licence de psychologie. En 1952, il publie son premier livre Peau noire, masque blancs. La même année, il épouse Josie Dublé dont il aura un fils, Olivier, en 1955. Après avoir été interné à Saint-Alban sur Limagnole (Lozère) dans le service du docteur Tosquelles, un républicain espagnol exilé en France, Frantz Fanon se présente au concours du médicat des hôpitaux psychiatriques. Il souhaite être nommé en priorité en Martinique ou au Sénégal (Il écrira dans ce sens à Senghor). Il postule également pour l'Algérie. Son premier poste sera Pontorson, en Normandie, non loin du Mont Saint-Michel. En décembre 1953, il arrive à Blida-Joinville. Malgré les résistances de l'administration et de la plupart de ses collègues français, il introduit dans son service des méthodes révolutionnaires. Il «libère» les malades enchaînés - au sens propre - et met un terme à leurs conditions de vie carcérales. Il crée une école d'infirmiers des hôpitaux psychiatriques. Le chanteur Abderrahmane Aziz collabore avec lui. C'est de cette époque que datent ses contacts organisés avec les militants nationalistes. Après le déclenchement de la lutte de libération nationale, son service sert d'abri aux militants et aux djounoud. Il accueille chez lui et cache les responsables de la wilaya IV, notamment Krim Belkacem et le colonel Sadek. En juillet 1956, Frantz Fanon écrit une lettre de démission à Robert Lacoste. Cette lettre reste sans réponse. En janvier 1957, il est expulsé d'Algérie avec sa femme et son fils âgé d'un an et demi. C'est durant la fameuse grève des huit jours. Il décide de rompre avec sa nationalité française et se définit, désormais, comme Algérien. Il rejoint l'organisation du FLN à l'extérieur, à Tunis, où avec Abane Ramdane, il travaille au département information. Il effectue un bref séjour au Maroc où il participe à la création d'El-Moudjahid. Il retournera à Oujda en 1959 pour soigner des membres des transmissions de l'ALN. En 1958, Fanon écrit L'An V de la révolution algérienne. Sociologie d'une révolution. Dès 1958, il participe à des conférences panafricaines et en janvier 1960, le GPRA le nomme représentant à Accra (Ghana). Comme le sera plus tard Alger, Accra est alors la plaque tournante des mouvements de libération du continent. A cette époque, il rencontre Amilcar Cabral, Holden Robertto, Félix Moumié, Lumumba. Il échappe durant cette période à plusieurs attentats au Maroc et en Italie. C'est à cette même époque qu'il entame l'étude du Coran. En décembre 1960, alors qu'il est en mission à Tunis, on découvre qu'il est atteint d'une leucémie. Le GPRA l'envoie d'abord à Moscou puis à l'hôpital de Bethesda aux Etats-Unis où il meurt le 6 décembre 1961, quelques mois avant l'indépendance de l'Algérie, à l'âge de 36 ans. De février à mai 1961, il avait écrit Les Damnés de la terre qui paraît chez Maspero, une semaine avant sa mort. Frantz Fanon a été enterré à la frontière algéro-tunisienne, en territoire algérien, au lieu-dit Aïn Soltan. Le 25 juin 1965, il a été réinhumé au cimetière de chouhada d'Aïn Kerma (El-Tarf). Lors d'une cérémonie organisée, le jeudi 12 décembre 1964, au Palais du peuple, le premier président de l'Algérie indépendante, Ahmed Benbella, remet à Josie Fanon le Prix national des Lettres algériennes, décerné pour la première fois en Algérie, à titre posthume à Frantz Fanon pour l'ensemble de son œuvre et sa position révolutionnaire à l'égard du Tiers-Monde. Frantz Fanon est né en juillet 1925 à Fort-de-France et décédé le 6 décembre 1961 à Bethesda aux Etats-Unis. Psychiatre et essayiste martiniquais, il s'est beaucoup appliqué dans la lutte pour l'indépendance de l'Algérie, son pays d'adoption où il a été enterré tel qu'il le souhaitait. Il a par ailleurs livré une réflexion novatrice sur les questions de la conscience noire et de la colonisation. Considéré comme l'un des fondateurs du courant de la pensée du tiers-mondisme, il «crée» le concept de solidarité entre peuples opprimés, qu'on retrouve dans Masque blanc peau noire. Par ailleurs, il analyse les conséquences psychologiques qui découlent de la colonisation, à la fois sur le colon et sur le colonisé, comme l'a fait auparavant l'un de ses professeurs, Aimé Césaire, qui écrivait : «La colonisation travaille à déciviliser le colonisateur, à l'abrutir au sens propre du mot, à le dégrader, à le réveiller aux instincts enfuis, à la convoitise, à la violence, à la haine raciale, au relativisme moral.» Frantz Fanon va plus loin, en se penchant, entre autres, sur le processus de décolonisation des points de vue sociologique, psychiatrique et même philosophique. Sa vie a été très brève, 36 ans. Il n'a pas eu le temps de vivre l'indépendance de l'Algérie qui lui était si chère. Il laissera à la postérité sa lettre de démission de son poste de médecin chef à l'hôpital psychiatrique de Blida- Joinvile, qui portera son nom quelques années plus tard. Dans cette lettre écrite au Ministre Résident, il dénonce l'absurde : «...vouloir coûte que coûte faire exister quelques valeurs alors que le non-droit, l'inégalité, le meurtre multi-quotidien de l'homme était érigés en principes législatifs.» Et décrit le déclenchement de la guerre de libération ainsi : «Les événements d'Algérie sont la conséquence logique d'une tentative avortée de décérébraliser un peuple.» Fanon laissera derrière lui un héritage inégalable : une pensée clairvoyante et subtile qui reste étonnamment d'actualité plus de cinquante ans après sa mort. Il aura aussi brillé par ses engagements d'un point de vue national et international. Aujourd'hui, un grand boulevard de la capitale et l'hôpital où il a exercé à Blida portent son nom. Son essai le plus connu, Les Damnés de la terre, a inspiré le film «Concerning Violence», de Göran Hugo Olsson, sorti en France le mois dernier.

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