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Frantz Fanon, un penseur d'Algérie méconnu
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Publié dans El Watan le 07 - 01 - 2016

L'expression «Nul n'est prophète en son pays» colle parfaitement à Frantz Fanon. Avec toutefois «pays» au pluriel, car ce libre penseur français, d'origine martiniquaise et révolutionnaire algérien, est méconnu dans les trois continents. L'Amérique qui l'a vu naître, l'Europe où il a mûri, et l'Afrique où il est décédé ne le connaissent quasiment pas.
Fanon, psychiatre, écrivain et journaliste est pourtant un auteur et une référence majeure pour tous les révolutionnaires et un ardent défenseur des droits humains, notamment le droit à la liberté. En Algérie, pays qu'il a servi pour la libération du colonialisme, il reste ignoré par les jeunes générations, tant son nom est inexistant dans les manuels scolaires.
Lydia, étudiante en master en langue et lettres françaises, avoue : «J'ai entendu parler de Fanon quand j'ai commencé mon master. Je découvre un penseur qui a beaucoup donné à la théorie sur la post-colonie». Intellectuel avant-gardiste, Fanon est voué aux gémonies. En Algérie, son absence dans les manuels scolaires peut s'expliquer par plusieurs raisons ; il est francophone, non musulman, étranger et radicalement contre toute forme de domination.
Pour les pays occidentaux colonialistes, il représente un danger pour leurs intérêts et pour les anciennes colonies, il est considéré comme un intellectuel «agitateur» et éveilleur de consciences. Assurément, Frantz Fanon fait partie de ces penseurs qui ne font pas consensus. La pertinence de ses écrits et la radicalité de son action font de lui un auteur singulier que les pouvoirs politiques évitent d'évoquer.
Décédé en décembre 1961 à l'âge de 36 ans, il a soutenu et inspiré les mouvements de libération (il était médecin, journaliste à El Moudjahid de l'époque coloniale, cadre au Front de Libération nationale (FLN) depuis 1956, représentant du Gouvernement provisoire (GPRA) à Accra) et a inspiré la décolonisation africaine ou encore le parti des Panthères noires en Amérique, un mouvement anti-raciste et qui revendiquait l'égalité des droits. Après qu'il eut soutenu sa thèse en 1951, il publia son premier ouvrage théorique, Peau noire, masques blancs, une analyse psychanalytique du racisme et du colonialisme.
Pour lui, le colonisé tout comme le colon sont aliénés, et de ce point de vue l'un comme l'autre ont besoin de se libérer pour créer ce qu'il appelé «le nouvel homme». L'ouvrage sera interdit à la vente en France. Quand il fut nommé médecin-chef en 1953 à l'hôpital psychiatrique de Blida-Joinville (baptisé aujourd'hui hôpital Frantz Fanon), ses patients sont les colonisés que le système colonial a déshumanisés. Il démissionna en 1956 et rejoignit le FLN à Tunis après son expulsion d'Algérie par les autorités françaises.
En 1959, il publia L'An V de la Révolution algérienne, sociologie d'une révolution, une étude de la société algérienne pendant la guerre de libération. Son œuvre majeure reste Les Damnés de la Terre, publié en 1961 alors qu'il était mourant, atteint d'une leucémie pendant qu'il était engagé à préparer l'ouverture d'un front au sud du pays pour acheminer les armes à l'ALN à partir des pays subsahariens. Cet ouvrage est une référence : déconstruction du système colonial, un hymne à la libération et un message prophétique. En France, le livre est interdit. Le ministère de l'Intérieur avait déclaré que le livre était une «menace pour la sécurité de l'Etat».
En Algérie, il est ignoré. Sa vision de l'Etat repose sur des principes de modernité. Il écrit dans Les Damnés de la Terre dans la partie intitulée «Mésaventures de la conscience nationale» : «Dans les pays indépendants, on passe de la nation à l'ethnie, de l'Etat à la tribu. Ce sont ces lézardes qui rendent compte des retours en arrière, si pénibles et si préjudiciables à l'essor national, à l'unité nationale».
Il est alors naturel que les pouvoirs publics évacuent sa pensée des manuels scolaires, le système politique du pays étant bâti sur la cooptation. La notion de dominants et de dominés est omniprésente chez Fanon. Le danger qu'il a prévu de voir la bourgeoisie nationale se substituer aux colons, le bâillonnement de l'expression et l'étouffement les libertés sont devenus réalité. L'œuvre du poète égyptien Ahmed Chawqi est connue dans l'école algérienne, celle de Fanon est dérangeante. Elle est à ignorer.


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