Doha n'a pas détaillé les pays concernés, mais la mesure devrait principalement bénéficier aux ressortissants des pays occidentaux. «L'exemption de visa (pour les 80 nationalités) fera du Qatar le pays de la région le plus ouvert» aux visiteurs étrangers, a expliqué le représentant du département du tourisme, Hassan Al-Ibrahim. Contrairement à Dubaï, le Qatar n'a pas la réputation d'être une destination touristique de premier choix. Pour les ressortissants des 80 pays bénéficiant de la mesure, il suffira de présenter à l'arrivée un passeport valide pour obtenir le droit d'entrer au Qatar, a précisé le représentant du ministère de l'intérieur, Mohamed Rached Al-Mazroui. Il s'agit d'un changement d'importance quand on sait que les pays du Golfe, dont le Qatar, exigent généralement des visas pour les étrangers et les accordent selon des critères restrictifs. Deux critères : la sécurité et le pouvoir d'achat L'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et Bahreïn ont rompu leurs relations avec Doha le 5 juin. Ils ont fermé frontières maritimes, aériennes ou terrestres avec le Qatar, qu'ils accusent de « soutenir le terrorisme » et d'entretenir des relations trop étroites avec l'Iran, grand rival de Riyad. Le Qatar a rejeté ces accusations en bloc et multiplie, depuis, les signaux vers l'Occident. Les noms des 80 pays bénéficiaires n'ont pas été communiqués, ni la date à laquelle la mesure sera appliquée. La presse qatarie ajoute toutefois que la mesure va principalement concerner les ressortissants de pays occidentaux. Les ressortissants de 33 pays auront le droit de rester dans le pays pendant cent quatre-vingts jours sans visa et ceux des 47 autres pays pourront y séjourner sans visa pendant trente jours. Cette période sera renouvelable pour une seule fois. Deux critères ont été notamment cités par M. Al-Mazroui pour le choix des nationalités. Le premier est d'ordre sécuritaire et le second d'ordre économique, à savoir le pouvoir d'achat des visiteurs. Le patron de Qatar Airways s'est réjoui de la mesure. Pour l'année en cours, 62 destinations nouvelles seront ouvertes, a expliqué M. Baker, expliquant que son réseau ne cessait de s'étendre. Le 3 août, le Qatar avait créé un statut de résident permanent pour trois catégories d'étrangers, une première dans les pays arabes du Golfe. Bénéficieront de ce statut les enfants nés de mères qataries mariées à des étrangers, les étrangers « ayant rendu service au Qatar » et ceux dont « les compétences peuvent bénéficier au pays ». Comment Doha contourne le blocus saoudo-émirati Les produits alimentaires ont été remplacés, mais les matériaux de construction, essentiels pour le Mondial 2022, pourraient venir à manquer. Ce pourrait être le pont aérien de bovins le plus important de l'histoire de l'humanité. Un entrepreneur qatari s'est engagé à affréter une soixantaine d'avions pour acheminer 4 000 vaches des Etats-Unis et d'Australie jusque dans son pays, privé de lait frais. Cette initiative iconoclaste, qui a fait la « une » des médias de Doha, mardi 13 juin, est emblématique des tours de passe-passe auxquels se livre l'émirat pour remédier aux manques suscités par l'embargo mis en place par l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis. Exaspérées par le Qatar, qui s'oppose à leur ligne anti-iranienne et anti-islamiste, ces deux monarchies ont fermé, lundi 5 juin, leurs frontières avec la micro-monarchie, coupant ainsi ses principales filières de ravitaillement alimentaire. La peur de la pénurie, qui a déclenché une ruée dans les supermarchés, n'a pas duré longtemps. Les produits laitiers, principaux visés par le blocus car importés presque essentiellement du royaume saoudien, n'ont pas tardé à réapparaître dans les rayonnages, sous une marque turque. « Le Qatar, c'est pas Cuba» Des canaux d'approvisionnement de substitution se sont mis en place au bout de quelques jours, depuis l'Iran, la Jordanie et Oman, par voie aérienne et maritime. Et en dépit des sarcasmes de Jamil Al-Ziabi, le rédacteur en chef du quotidien saoudien Okaz, redoutant que les « estomacs qataris » ne puissent s'adapter à ces nouveaux produits, ceux-ci ont très vite trouvé preneurs. « On voit toujours à l'iftar, le repas de la rupture du jeûne, les mêmes buffets pantagruéliques, confie un expatrié à Doha. On n'est pas du tout dans une atmosphère de fin du monde. » L'adaptation est plus compliquée en ce qui concerne les matériaux de construction, essentiels dans une ville-champignon comme Doha, hérissée de grues. Le port de Dubaï leur étant désormais fermé, et le grand port à conteneurs du sud de la capitale n'étant pas encore en service, les entreprises de BTP qataries doivent trouver un hub alternatif. « Nos logisticiens travaillent jour et nuit pour rerouter les bateaux, par Koweït, Mascate ou même par l'Inde, explique un ingénieur. Si on ne trouve pas une solution dans les deux semaines, certains produits commenceront à manquer, car nos stocks sont limités. »