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Pour un dialogue tout en couleurs
Publié dans La Nouvelle République le 05 - 06 - 2018

La joute colorée a commencé, elle s'est infiltrée dans les regards pour mettre en face quatre plasticiennes farouchement inscrites dans la modernité, face à quatre plasticiens qui continuent de plus belle à se mouvoir dans les délicates sentes artistiques.
« OCTOplasties» a donc vu le jour pour un vernissage mémorable initié le jeudi 24 mai 2018 dès 22h00 à l'Espaco (Espace d'art contemporain d'El-Achour) pour la monstration d'un octet esthétique avec des artistes comme Ammar Bouras, Kenza Bourenane, Ratiba Aït Chafaâ, Larbi Arezki, Yahia Bourmel, Mounia Bennamani, Mounia Lazali «Mya » et Mustapha Nedjai et Abdelghani Chebouche, sculpteur ferronnier, comme artiste invité.
L'exposition est constituée comme « une équation complexe visant à réunir huit personnalités, des artistes (quatre femmes et quatre hommes) aux styles, aux techniques et aux supports d'expression souvent différents, dans un seul espace et sur une durée de temps concise. «OCTOplasties» — à ne pas confondre avec une opération chirurgicale pour recoller les oreilles décollées — est une pérégrination dans le monde sensuel d'une nouvelle expression déclinée en huit tons. Le voyage est naturel, quatre garçons, quatre filles, dans une curieuse confrontation tout en sagesse et en finesse.
L'exposition est opportune pour Arezki Larbi plasticien, scénographe, de présenter sa nouvelle collection intitulée «Traits noirs», une série de six œuvres très proches de la gravure, mais réalisées au fusain sur un papier très fin, comme dans une démarche minimaliste très japonisante.
Il rajoute ainsi concernant le rendu visuel de ses œuvres : «Je travaille fréquemment, depuis mes débuts, en fait, sur les nuances du noir, sur les graphismes que l'on peut en faire.»
Le résultat est un magnifique assortiment de pièces très très fines qui marquent un retour du plasticien à ses recherches plastiques extrêmement touchantes par leur paradoxale sensibilité. Mya nous offre aux regards un travail très graphique, avec juste des nuances de gris, de blanc et de noir déclinés au crayon, aux fusains, et sans nul doute dans une démarche très politique, le parti-pris aussi ironique qu'éphémère de prendre du placo et de travailler longuement dessus sur une titraille de «l'aller sans retour», «We will not go back» des migrants qui dans un élan symbolique sont montrés sur une embarcation qui laisse la moitié de ce «tableau» déchiré sciemment en deux. Kenza Bourenane s'impose avec... un mur ! Elle ordonne ses curiosités et sa profonde réflexion dans une démarche pensée qui dépasse même l'objet de son travail, un curieux mix entre le principe dialectique du ying et du yang, sur un délicat lit de mots référencé sur Nietschze, rien que ça ! sur un contrasté mur sur lequel l'intervention du plasticien Abdelghani Chebouche a été déterminante sous les conseils avisés du plasticien Mustapha Nedjaï. Il faut dire que l'aspect hétéroclite de cet assortiment monté, de briques, ferrailles, sculptures en métal et objets divers a quelque peu dilué la démarche plastique dans l'aspect par trop hétéroclite de la sculpture-installation de la dite Bourenane, heureusement que la lumière était là... pour sauver l'esthétique, la plasticienne en herbe ayant toute la passion et l'avenir pour elle. Ammar Bouras, dans la présentation de ses œuvres, nous montre une figure fantomatique étrange, un travail unique, constitué d'un photogramme inscrit directement de la lumière au papier.
Pour ses peintures, Ammar Bouras revient aux premières amours avec quatre interventions reprises pour assurer la continuité de son premier parcours, deux peintures en grand format, les autres moyennes en dimensions. La dernière en date marque une fidélité au style du début, mais la composition, les scènes, la thématique prennent le large pour immerger nos sens dans des plages chromatiques assez pertinentes, puisées dans les eaux bleues, salines de la mare nostrum riches et fabuleusement interprétées avec des encres et des acryliques dans toute la magie de leur qualité graphique. Les autres clins d'œil à l'autoportrait d'Egon Schiele et à des personnages en mouvement sont désormais dans le panthéon «bourassien» algérien. Il reste un plasticien de talent inévitable.
Que dire de Ratiba Aït-Chaffa qui présente trois céramiques et trois peintures, le noir et blanc est de rigueur et l'introspection suit son cours. Ratiba nouvellement inscrite dans le listing artistique se cherche dans trois entrelacs en céramique, trois nœuds gordiens faits d'émaux construits comme des exercices thématiques, encore ce fichu ying et yang qui nous laisse pantois par toutes les conjectures. Les peintures sont du même niveau, ils poussent à la méditation... Ratiba Aït-Chaffa curieuse de toutes les techniques se cherche, et c'est là tout son talent. Yahia Bourmel dans la discrétion absolue présente neuf travaux de grande qualité, sur des bases toilées, il «promène» son pinceau, ses couteaux sur de larges surfaces qui traduisent la grandeur d'âme et l'humilité de ce peintre des grands espaces, natif de M'chouneche, l'oasis qui rend jalouse la belle Biskra. Bourmel dans la tradition de pureté saharienne laisse une certaine poésie trouver grâce à nos yeux par une très belle interprétation de l'abstraction au service de la prose tout cela sur de longues surfaces qui font du vide et du plein une excellente combinaison artistique pour le grand public. Yahia Bourmel reste à découvrir.
La même chose pour la benjamine du groupe, toute sémillante «El Moona», qui offre trois «floraisons» issues de ses dernières recherches plastiques. Mouna Bennamani arrive aux arts par la porte étroite de la curiosité et des multiples voyages entrepris dans la peinture, le dessin, la musique. Mouna laisse son impatience toute juvénile envahir le champ de ses expérimentations peintes et dessinées jaillir dans la force turbulente d'éléments floraux qui contredisent l'abstraction apparente de ces gestuelles déclinées fortement à l'acrylique, au couteau et aux fusains dans des jaillissements colorés de bien belle manière.
Mouna explore les corps, infuse des principes politiques, elle est femme et l'impose dans ses discours sur le corps féminin, sur les différentes introspections dont elle nous fera l'offrande sur des cimaises futures. Dans ce cheminent en huit pistes artistiques, la huitième pièce s'appelle Mustapha Nedjaï, il laisse ses traces dans une esthétique lancinante, juste au fond de l'espace contemporain, deux longues cimaises pour deux formats immenses, un personnage perdu dans de longues touches de peinture, un fantôme perdu dans un espace grandiloquent, Mustapha Nedjaï dans une œuvre éloquente a toujours beaucoup à dire, sur deux piliers de l'espace, des chemins colorés, composés comme des œuvres graphiques au message tellement évident qu'il nous semble très familier. La couleur est au rendez-vous, elle laisse ses excès partir en vrille dans la deuxième peinture à force de rouge sang, de rouge vie.
Nedjaï peut sembler violent, il est juste passionné, les corridas ne se ressemblent pas ! Dans cet accès pertinent de peintre énervé, Nedjaï laisse son phrasé politisé à outrance suinter son ironie dans une pièce tout en cristal avec des messages en surimpression, des «oui», tellement transparents, en surimpression, des notes de mots divers dont on devine qu'elles sont inspirées et qu'elles visent quelques clowns en costumes et en robes vaporeuses qui déclinent les «naâm» et les «oui- oui» insultants comme on déclenche le staccato d'une kalach sur un peuple contrit... L'œuvre est probablement plus forte que les armes, Mustapha Nedjaï artiste contemporaine, nous le réaffirme encore une fois.
«OCTOplastie» est à visiter juste pour le plaisir de se retrouver dans une arène où la Corrida des huit se poursuit dans la force tranquille d'une galerie qui oppose ses blanches cimaises aux couleurs fortes de l'expression.
Expositions «OCTOplasties», peinture, sculpture, céramique installations, avec Yahia Bourmel, Mustapha Nedjaï, Kenza Bourenane, Ammar Bouras, Mouna Bennamani, Mounia Lazalli, Ratiba Aït Chafaâ, Arezki Larbi, artiste invité Abdelghani Chebouche. Expo visible du 24 mai 2018 au 15 juin 2018, Espaco, résidence CMB, 196 Oued Tarfa, entrée libre.


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