Estimé à 6 milliards de dollars, le financement du méga-projet intégré d'exploitation et de transformation du phosphate à l'Est du pays sera couvert à 80% par des banques chinoises et 20% par les fonds propres des partenaires, actuellement en négociation pour lancer leur société mixte. C'est ce qu'a indiqué, jeudi à Alger, le conseiller auprès du groupe Sonatrach, Ferhat Ounoughi, cité par l'APS. Il intervenait lors d'une journée d'études sur les besoins en ressources humaines qualifiées pour ce méga-projet. «Les négociations pour la création de la société mixte sont à un stade très avancé», a souligné le conseiller auprès du groupe Sonatrach, qui est chargé par le gouvernement de mener les négociations au nom de la partie algérienne. Selon le P-dg du groupe Manadjim El Djazair (Manal), Tahar-Chérif Zerarka, la société mixte devrait voir le jour durant le premier trimestre 2019, après l'accomplissement de toutes les procédures légales nécessaires notamment celles liées au Conseil des participations de l'Etat (CPE). Cette joint-venture s'attellera, durant les six mois qui suivront sa création, à la mobilisation des fonds nécessaires et le choix d'un opérateur EPC (Engineering, Procurement and Construction/ Ingénierie, Approvisionnement et Construction). Selon le mémorandum d'entente signé entre les partenaires du projet en novembre dernier à Tebessa, la société Asmidal (filiale du groupe Sonatrach) détient 34% de ce complexe, contre 17% pour le groupe Manadjim El Djazair (Manal), soit un total de 51% pour la partie algérienne. La partie chinoise, qui détient les 49% restants du projet, comprend le groupe Citic, le Fonds de la Route de la soie (créé par la Chine en décembre 2014), le Fonds sino-africain pour le développement ainsi qu'un technologue à intégrer, qui sera choisi prochainement par les partenaires. Tahar-Chérif Zerarka a fait savoir que les travaux, qui seront lancés courant 2019, devraient durer 42 mois. Les infrastructures connexes, (extension du port d'Annaba, stations de dessalement de l'eau de mer, lignes ferroviaires...) indispensables, auront un coût global estimé à 790 milliards de dinars. Le méga-projet s'étend sur cinq wilayas de l'Est du pays : Tébessa, Souk Ahras, El Tarf, Skikda et Annaba avec des effets indirects sur les wilayas voisines (Guelma, Jijel, Constantine, Oum El Bouaghi, Khenchela et El Oued). Il est réparti sur quatre sites-clés: les gisements de Bled El-Hadba/Bir El-Ater (Tebessa), la plate-forme d'Oued Kebrit (Souk Ahras), celle de Hadjar Essoud (Skikda) et le port d'Annaba. Ses retombées seront considérables sur le développement d'activités économiques en générant, notamment, 13.500 emplois pour les besoins de chantiers de réalisation et 2.900 emplois directs pour la phase d'exploitation, selon l'étude du projet réalisée par trois bureaux spécialisés (allemand, français et indien). Un groupe de travail composé de représentants du ministère de l'Industrie et des Mines et du ministère de la Formation et de l'enseignement professionnels, a été installé afin de recenser l'ensemble des besoins en matière de qualification pour ce méga-projet et d'élaborer des plans de formation pour satisfaire ses besoins en ressources humaines. Neuvième producteur mondial de phosphate avec 0,4 million de tonnes produites en 2017, l'Algérie possède un potentiel considérable constitué de réserves importantes, estimées à 2.200 millions de tonnes, ce qui place notre pays au troisième rang dans le monde, après le Maroc et la Chine.