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Concrétisation des aspirations de la jeunesse algérienne : réorganiser le système partisan et la société civile
Publié dans La Nouvelle République le 07 - 03 - 2019

La forte mobilisation les 22 février et 1er mars implique de biens analyser les aspirations de la société civile pas celle rentière vivant dans les salons mais celle que l'on a vu dans la rue, où cette jeunesse ne veut pas être récupérée. La leçon donnée à la dirigeante du Parti des travailleurs qui a été huée devrait servir de leçons.
Au moment où le monde traverse des bouleversements politiques, sociaux et économiques, où l'Algérie est interpellée par les 70% de sa population pour de véritables réformes démocratiques, condition d'un développement harmonieux et durable face à l'implacable mondialisation, l'on doit rendre un grand hommage à notre jeunesse, qui n'a pas connu le drame des années 1990//1999, veut un changement. Saluons sa maturité politique et les marches pacifiques sans violence, où les partis politiques toutes tendances confondues n'ont joué aucun rôle pour la mobilisation et également à nos forces de sécurité qui ont su gérer d'une manière moderne ces évènements qui doivent être médités attentivement tant par les partis du pouvoir avec leurs satellites qui sont faiblement représentatifs pour ne pas dire non représentatifs que par toute l'opposition qui a été hors circuit.
1- Un système partisan déconnecté de la société
Le nombre de partis approche selon certaines sources les 60, souvent avec des alliances contre nature alors que dans les pays démocratiques, ces alliances se font par affinité idéologique et sur un programme clair. Aussi, excepté une dizaine, le reste manifeste sa présence d'une manière formelle et ostentatoire lors des élections meublant le vide, impuissant presque toujours à agir sur le cours des choses et à formuler clairement les préoccupations et les aspirations de la société réelle. En raison des crises internes qui les secouent périodiquement, du discrédit qui frappe la majorité d'entre elles, de la défiance nourrie à leur égard et à l'endroit du militantisme partisan, les formations politiques actuelles ont une faible capacité aujourd'hui de faire un travail de mobilisation et d'encadrement efficient, de contribuer significativement à la socialisation politique et donc d'apporter une contribution efficace à l'œuvre de redressement national.
Pour preuve les dernières élections législatives tant de l'année 2012 que celle de 2017 en tenant compte des bulletins nuls et des données officielles du Ministère de l'intérieur, environ et des 3/4 de la population algérienne ne sont pas représentées. C'est que le discrédit qui frappe les formations politiques tant du pouvoir que de l'opposition doit laisser la place à des formations crédibles non crées artificiellement supposant une appréciation objective du statut et du rôle qui doivent être les leurs dans une société qui ambitionne de rejoindre le rang des sociétés démocratiques et afin de mobiliser la société d'autant plus que pour les années à venir, les réformes différées pour une paix sociale fictive, transitoire, seront très douloureuses.
2- Une société civile atomisée, informelle dominante
La société civile en Algérie est éclatée et contrairement aux idées vivant de l'illusion des années passées la majorité des confréries religieuses officielles qui avec la désintégration sociale et une jeunesse parabolée ont de moins en moins d'impacts. C'est que la confusion qui prévaut actuellement dans le mouvement associatif national rend malaisée l'élaboration d'une stratégie visant à sa prise en charge et à sa mobilisation. Sa diversité, les courants politico-idéologiques qui la traverse et sa relation complexe à la société et à l'Etat ajoutent à cette confusion et rendent impératif une réflexion urgente pour sa restructuration reflétant les grandes fractures survenues dans le système politique national Ainsi la verra-t-on rapidement se scinder en quatre sociétés civiles fondamentalement différentes trois au niveau de la sphère réelle et une dominante dans la sphère informelle.
- Le plus gros segment, interlocuteur privilégié et souvent l'unique des pouvoir publics sont des sociétés civiles appendice du pouvoir se trouvant à la périphérie des partis du pouvoir où les responsables sont parfois députés, sénateurs, vivant en grande partie du transfert de la rente. Ceux qui se targuent de mobiliser des millions d'électeurs vivent dans des salons climatisés déconnectés de la société.
-Nous avons une société civile ancrée franchement dans la mouvance islamiste, certains segments étant l'appendice de partis islamiques légaux.
- Nous avons une société civile se réclamant de la mouvance démocratique, faiblement structurée, en dépit du nombre relativement important des associations qui la composent, et minée par des contradictions en rapport, entre autres, avec la question du leadership.
Pour ces trois premières société civiles, leurs impacts pour le taux de participation aux dernières élections locales et législatives, malgré leur adhésion, a été relativement faible.
- Nous avons une société civile informelle, inorganisée, totalement atomisée qui est de loin la plus active et la plus importante, que nous avons vu le 22 février et le 01 mars 2019 avec des codifications précises formant un maillage dense. Sans l'intégration intelligente de la sphère informelle, non par des mesures bureaucratiques autoritaires, mais par l'implication de la société elle même, il ne faut pas compter sur une réelle dynamisation de la société civile. Car lorsqu'un Etat veut imposer ses propres règles déconnectées par rapport aux pratiques sociales, la société, enfante ses propres règles qui lui permettent de fonctionner avec ses propres organisations.
3- Trois scénarios pour l'Algérie 2019/2025 ?
La dynamisation du système partisan et de la société civile afin d'en faire un instrument efficace d'encadrement de forces vives et un levier puissant de leur mobilisation n'a de chance de réussir que si le mouvement qui le compose ne soit pas au service d'ambitions personnelles inavouables et parfois douteuses. Nous pouvons prévoir les différents scénarios possibles en fonction de l'état des rapports de force au niveau interne, tenant compte de l'évolution de la stratégie des acteurs au niveau externe. Le premier scénario : échec du processus des réformes.
Les conditions de l'échec sont réelles et réunies dans l'environnement juridique et économique en cas du manque de visibilité et de cohérence dans la démarche économique et sociale, accentué par les rentiers au niveau interne et certains segments d'acteurs externes entretenant des relations informelles et qui ne sont pas intéressés par l'approfondissement des réformes (perte des marchés en cas d'avis d'appel d'offres transparents), de l'ambiguïté des textes juridiques permettant le blocage légal des réformes, de la multiplicité des intervenants autorisant une confusion des prérogatives, de la fragilité des capacités d'investissement du privé interne, les plan de stabilisation ayant réalisé une épargne forcée au détriment des couches moyennes qui se sont paupérisées, de la méfiance entretenue par des investisseurs internes et externes, par des modifications continuelles de textes de lois alors que la stabilité doit être de rigueur, ainsi que des discours populistes de règlements de comptes sur un sujet sensible qui est la fiscalité, entretenu par les acteurs défavorables, et enfin de la forte pression tant d'une fraction des acteurs internes et externes liés aux intérêts de la rente, pour revenir aux pressions protectionnistes dans la mesure où la libéralisation détruit une fraction de la rente.
Le second scénario est le statu quo conduisant à la régression car tant au niveau social que physique le monde est en perpétuel mouvement, étant impropre de parler d'immobilisme. Cette hypothèse préparera les conditions de l'échec en imputant les conditions sociales actuelles (pauvreté et chômage) aux réformes, qui, excepté la stabilisation macroéconomique, sont timides en Algérie (réformes microéconomiques et institutionnelles, enjeux des années futures) ou à des organes techniques alors que l'essence réside dans l'absence de volonté politique (neutralisation des rapports de forces). Ce statu quo participera à un échec programmé et serait suicidaire pour le devenir de l'économie et de la société algérienne. Cela est entretenu par la confusion de certains concepts assimilant faussement réformes à bradage du patrimoine national. Ainsi, selon les tenants de cette analyse, les réformes seraient dictées par les grandes compagnies pétrolières mondiales, le FMI et la Banque mondiale, nous rappelant les temps de l'Inquisition contre ceux qui prônaient l'économie de marché et l'instauration de la démocratie.
Le troisième scénario est la réussite des réformes politiques et économiques solidaires contenues dans l'environnement juridique, économique et politique de l'Algérie grâce à une jeunesse de plus en plus consciente des enjeux futurs du pays. La rupture vis-à-vis du système précédent au vu des expériences historiques n'a eu lieu qu'avec les révolutions violentes, mais de courte durée Les expériences réussies ont montré que la voie gradualiste insérant les conservateurs dans une dynamique réformiste a impliqué un réaménagement profond des structures du pouvoir et de nouvelles personnes acquises aux réformes avec la démystification culturelle, les rumeurs dévastatrices au sein de l'opinion n'étant que la traduction de la faiblesse du système de communication, surtout en Algérie où la voie orale étant prédominante.
Il y a donc urgence d'une collaboration étroite des partisans acquis aux réformes, des partis politiques, des associations et, d'une manière générale, de toute la société civile, l'administration, des entreprises publiques et privées, les collectifs des travailleurs, des syndicats, en aplanissant par le dialogue et la concertation les divergences. Comme il s'agira de concilier l'objectif stratégique au moyen de tactiques précises par une symbiose des intérêts individuels et l'intérêt collectif, en montrant que les gagnants des réformes à moyen terme seront plus nombreux que les perdants à court terme.
Forte de l'appui des acteurs externes pour leurs intérêts afin d ‘éviter les effets négatifs de la déstabilisation, mais surtout de la mobilisation des acteurs internes favorables car aucun pays ne peut faire les réformes à notre place, le devenir de l'Algérie étant entre les mains des Algériennes et Algériens, l'Algérie qui, en termes géostratégiques, est un élément indispensable à la stabilité euro-méditerranéenne et africaine, qui constitue son espace naturel par une politique plus clairement affichée se traduisant par des actes, peut faire aboutir le processus des réformes inséparables d'une profonde démocratisation de la société algérienne. Dans le monde des affaires les sentiments n'existant pas, seules les réformes permettront la croissance économique et la réduction du lancinant problème du chômage et de la pauvreté. Tout obstacle à ces réformes ne fait que diminuer le taux de croissance, accroît l'insécurité du pays et, par là, contribue à la déstabilisation sociale et politique. Le temps étant de l'argent, tout retard dans le processus des réformes induira des coûts sociaux plus importants supportés par les plus défavorisés.
4- Quelles perspectives ?
Il est temps d'avoir des prospectives à moyen et long terme, afin de corriger les erreurs du passé en naviguant à vue en ignorant les aspirations de la société. La question stratégique est la suivante: ira-t-on vers un réel changement salutaire en réorganisant la société, du fait des bouleversements géostratégiques mondiaux annoncés entre 2019/2025/2030, ou simplement du replâtrage différant les tensions sociales inévitables à terme grâce à la distribution passive de la rente. Ce sont là des raisons suffisamment importantes pour envisager sérieusement de réorganiser le système partisan et la société civile pour qu'ils puissent remplir la fonction qui est leurs dans tout système politique démocratiques conciliant la modernité et notre authenticité, loin des injonctions administrative.
(A suivre)
Abderrahmane Mebtoul, expert international


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