La rue reste toujours attentive aux revendications des Algériens et Algériennes qui rêvent d'une nouvelle République, construite sur les principes de la liberté, de l'équité et de la démocratie. Pour le 26e vendredi de suite, les manifestants investissent les rues du centre-ville d'Alger, la capitale, et celles de plusieurs régions du pays. Unanimement, ils réitèrent leurs revendications et réaffirment leur engagement qu'«aucun dialogue n'aura lieu sans le départ éminent des tenants du pouvoir». Convaincus depuis le début de la fronde populaire de la légitimité de leur lutte, les Algériens refusent de se soumettre au diktat d'un nouveau système politique de substitution ou désigné par procuration, comme l'ont qualifié certains. Faisant ainsi allusion à tous ceux qui approuvent l'option du dialogue comme issue à la crise. Une option que dénonce la rue lors de ce 26e vendredi consécutif de sortie populaire. «Ils veulent noyer le mouvement populaire et le persuader de l'urgence des élections pour éviter d'aller vers une impasse assurée. Nous ne sommes pas d'accord. Il faut activer les articles 7 et 8, comme promis dès le départ de Abdelaziz Bouteflika», explique Nacéra, membre du groupe contre la répression et une fidèle au mouvement populaire depuis son lancement. Depuis quelques semaines, elle ne sort plus pour exiger le départ des symboles du pouvoir, mais également, pour dénoncer les arrestations arbitraires dont était la cibles une dizaine de «hirakistes-militants» et le révolutionnaire Lakhdar Bouregaa. «Il y a ceux qui sont en prison depuis des semaines, sans jugement», s'interroge Mohcine qui, avec son groupe d'amis, brandissaient une grande pancarte sur laquelle figuraient tous les portraits des militants emprisonnés. Ils étaient arrivés très tôt à la place de la Grande-Poste pour s'organiser avant le début de la grande marche du vendredi. La protestation gagne en ampleur et en résistance au refus du pouvoir de satisfaire les revendications du peuple. Un nouveau vendredi de manifestation populaire qui s'inscrit dans la même démarche et perspective de reconstruire un nouvel Etat de droit, de liberté et de démocratie qui reconnaîtra la société algérienne dans sa diversité et sa pluralité, sans trait d'union. «Un peuple uni, mais qui devrait relever certains défis et précéder chaque action pour le changement par la remise en question des véritables principes du vivre ensemble et de civisme», commente, Mohamed Amine qui regrette la réalité de la société algérienne qui se cherche toujours. Accompagné de sa petite famille, le jeune trentenaire affirme ne pas baisser les bras tant qu'il y a de l'espoir et de la volonté pour arracher certaine liberté et casser les tabous qui encouragent l'obscurantisme. La famille rejoint la foule des manifestants qui s'emparait peu à peu des grands boulevards d'Alger-centre. Sous l'œil attentif et observateur du moindre geste brutal, de la police, comme à son habitude. Bien que le nombre de manifestants soit affecté par les départs en vacances, la mobilisation demeure intacte et les Algériens insensibles à la chaleur suffocante qui les a accompagnées depuis le mois de juin. L'intensité du mouvement réside en la volonté inébranlable du peuple au changement politique et l'avènement d'une nouvelle Algérie. Toujours pacifistes et déterminés, les manifestants qui ont sillonné le centre de la ville ont brandi leurs slogans habituels, de plus en plus hostiles aux restants du pouvoir et visant même des personnes pour leur dévoiement et retournement contre le mouvement populaire. «Il faut être tenace et téméraire pour résister aussi longtemps aux manœuvres du pouvoir qui tente par tous les moyens déverser le doute quant à l'attention et solidité de la révolte populaire. A la rentrée la mobilisation sera plus forte», indique Lyamine, qui chantait avec ses camarades en chœurs des chants patriotiques, accompagnés des youyous des femmes qui manifestaient pour la même cause à leur côté. «La révolte est un projet national. Nous sommes tous concernés, hommes et femmes. La Révolution n'appartient à aucun genre», apostrophe Narimene qui s'est révoltée contre certains pourparlers qui visaient à fustiger le rôle de la femme dans le mouvement populaire. Le peuple réaffirme la poursuite de combat et parie sur un retour en force à la rentrée prochaine, prévue dans deux semaines.