Au vue de la situation de l'économie actuelle du pays, l'expert financier, Abderrahmane Benkhalfa, juge que parmi les dossiers prioritaires à traiter à la veille d'une échéance importante de l'Algérie, est le secteur bancaire et financier. Selon lui, pour une restructuration des deux secteurs, il faut notamment libérer le secteur économique à la fois du monde politique et de l'injonction administrative. A cet effet, l'expert a expliqué hier, sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale, que «l'essentielle pour une phase de restructuration est d'inscrire l'action de modernisation et de développement des deux secteurs dans la durée, afin de les libérer des habitudes du court-termisme». «Il y a des politiques d'Etat qui ne sont pas des politiques des gouvernements, et ce n'est pas parce qu'on change de gouvernement qu'on arrête un processus de modernisation», a-t-il souligné dans ce sens. M. Benkhalfa a ajouté que pour réussir le chantier de cette restructuration, il faut ouvrir les banques algériennes au capital, à la bourse et aux partenaires étrangers, signalant au passage que celles-ci sont présentement détentrices d'un portefeuille de 11.000 milliards de dinars. Il a poursuivi dans ce sens que le secteur bancaire et financier a connu un décalage important par rapport aux pratiques internationales. Ce qui empêche celles-ci d'évoluer, c'est parce que, selon lui, tout comme les autres secteurs économiques, elles se sont trouvées coincées «entre un excès de social et d'options politiques». Pour lui, l'un des instruments pour changer la gouvernance bancaire c'est de mixer les capitaux avec des partenaires internationaux, en expliquant que «les entreprises dans lesquels les capitaux publics sont à cent pour cent ne peuvent pas changer de gouvernance». Ainsi, pour être sur le sentier universel, l'intervenant plaide pour des banques qui soient des institutions financières et pas des caisses qui jouent des rôles et qui accomplissent des missions de politique publique ou de politique sociale. Au passage, il a salué l'initiative du gouvernement pour ce qui est de l'installation des administrateurs indépendants au sein des banques, tout en espérant que ça sera le cas pour tous les secteurs publics. Cette initiative n'est pas suffisante, a-t-il signalé au moment où les administrateurs n'ont pas le pouvoir d'initiative, l'espace de prise des décisions. Mettant, par ailleurs, en cause les interférences de la Banque Centrale sur les activités des organismes financiers, l'intervenant l'appelle à «lever le pied» rappelant, qu'à ce jour, toute décision de leur part doit préalablement recevoir son aval. L'intervenant considère, d'autre part, que l'Etat doit, lui aussi, changer ses manières de faire consistant à entreprendre ses politiques publiques et sociales par le biais des banques. «L'Etat doit changer de position en restant un Etat qui investit pour gagner et pas un Etat qui accomplit des politiques publiques et sociales via les banques. Pour ce faire, il faut installer d'autres instruments», a-t-il poursuivi, en soulignant l'impératif de séparer le social et la gestion administrative de la gestion bancaire. Revenant sur la gestion des banques en Algérie, M. Benkhalfa a noté que le rythme de développement est très lent, en appelant les banques à faire un effort dans ce sens, à travers, a-t-il ajouté la modernisation du système, diminuer les cashs, ainsi que d'aller vers une qualité d'accueil.