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C'est une façon d'être en compagnie et de rassembler les absents
Ecrire n'est pas un travail
Publié dans La Nouvelle République le 02 - 05 - 2021

Ecrire n'est pas un travail, mais quand même un travail qui ne nécessite que des efforts intellectuels, surtout d'imagination et de réflexion. Et lorsqu'on est bien inspiré, le travail d'écriture se fait agréablement au fil des idées.
Avec un peu de concentration, le travail avance d'autant plus facilement que les idées sont claires et que les mots pour les exprimer arrivent aisément. «Quand j'écris, je suis comme un torrent sous un orage inattendu», écrit Kateb Yacine qui raconte que quand il a un titre d'œuvre, d'une belle œuvre à réaliser, il s'enferme pendant deux mois. Quel passionnant travail que celui qui consiste à s'imaginer être en compagnie de personnes qu'on a jadis aimées pour se remettre par la pensée à les voir devant soi, parce qu'elles ne sont plus de ce monde, ou qu'elles sont loin, même très loin du lieu où on habite, peut-être même aux antipodes.
Lorsqu'on est en situation d'écriture, on est dans un autre monde, on peut faire dialoguer des gens d'époques différentes et qui vous paraissent avoir envie de se disputer parce qu'ils n'ont pas les mêmes centres d'intérêt, l'un est philosophe, l'autre scientifique. On peut mettre en scène le nombre de personnages que l'on veut si c'est un roman que l'on met en chantier, c'est un plaisir que de les voir jouer chacun son rôle conformément au scénario choisi et comparable à celui d'un film que l'on veut faire passer pour un chef d'œuvre. En réalité, un roman est comme une pièce de théâtre où les personnages jouent des scènes de la vie réelle ou fictive, se querellant, argumentant des points de vue, se critiquant mutuellement pour donner du piquant à la narration romanesque avec tout ce qu'elle a de particularités stylistiques avec des séries de verbes d'actions employés à des temps précis et les adverbes qui les accompagnent pour nuancer le sens.
Ecrire n'est pas un travail
Forme négative qui sert à parler avec ironie, en disant le contraire de ce qu'on devrait dire, et il n'y a pas de travail plus ardu que celui qui consiste à donner une forme à une œuvre écrite. La première des conditions, c'est de maîtriser à la perfection le système de la concordance des temps et des modes pour bien réussir un écrit sous toutes ses formes, deuxièmement, il faut avoir à sa disposition un choix de vocabulaire suffisant pour exprimer avec plus de facilité toutes les idées. Si c'est un roman avec une suite linéaire, il faut respecter la chronologie de façon qu'on sente, à la lecture qu'il y a une suite dans les idées et un ensemble cohérent, on comprend bien qu'il y a un début et une fin.
Quand il n'y a pas de chronologie, l'œuvre prend la forme d'un ensemble monolithique. Et à un moment donné, on se perd si bien que lorsqu'on a fini de lire, on revient au point de départ avec l'impression de n'avoir rien lu et rien compris. Mais détrompez-vous, c'est un roman rigoureusement organisé, d'après l'ordre des pensées de chacun des personnages, ces pensées se suivent en alternance et de façon à donner l'illusion du réel. On a proposé pour mieux comprendre le roman «Nedjma» de Kateb Yacine, par exemple, de tracer pour chaque personnage une courbe qui retrace son itinéraire ; ce qui nous donne à constater des nombreux retours en arrière et projections en avant qui retracent les mouvements de la pensée.
Un livre sans linéarité est difficile à comprendre, mais telle est la technique du nouveau roman, celui de Kateb Yacine, de Mohamed Dib de Alain Robe Grillait, Michel Butor et de tous ceux qui appartiennent à la même mouvance. Il y a donc un sacré travail d'organisation de ce monde qui se côtoie à des moments précis dans le roman pour donner un semblant de vie sociale. Reste le travail essentiel de mise en forme du roman qui est une œuvre de longue haleine et qui demande un ensemble de qualités énumérées précédemment dont il faut avoir la maîtrise. Ecrire une nouvelle demande exactement les mêmes qualités puisque ce genre de récit est considéré comme un roman à format réduit. Quant à composer une pièce théâtrale, ce n'est pas une sinécure tant cela demande beaucoup d'adresse et de savoir-faire.
Qu'il s'agisse d'une œuvre en forme de comédie ou de tragédie, il faut toujours s'inspirer du vécu collectif pour que cela plaise au public. De tout temps, les dramaturges de tous les temps ont puisé directement des réalités sociales des sujets d'actualité qu'ils ont adaptés en développant des tragédies ou des comédies. On n'a qu'à lire les pièces d'Euripide, de Sophocle pour se rendre compte du travail colossal qui a été réalisé. Tout le théâtre a été le reflet de l'histoire du peuple grec avec les peuples voisins, les mythes, les dieux, croyances d'avant les religions monothéistes ; tout y participe y compris les dieux qui jouent parfois des rôles majeurs dans ces pièces composées oralement et dont il ne reste que quelques unes pour chacun de ces dramaturges de l'antiquité qui avaient eu le mérite d'inventer le théâtre.
Plus tard, il y a eu le théâtre de Molière fait entièrement en vers. Molière a bâti, à partir des travers, caractères, vertus et vices humains, des chefs d'œuvre de la littérature sous forme de comédies humaines qui font éclater de rire tous les spectateurs qui viennent pafois de très loin pour prendre part au défoulement général. Tout le monde riait des défauts des hommes et jusqu'à aujourd'hui elles n'ont rien perdu de leurs vertus cathartiques et thérapeutiques. C'est aussi un théâtre universel. On continue de jouer le théâtre de Molière partout dans le monde et il ne présente aucune incompatibilité culturelle ou religieuse.
C'est une façon d'être en compagnie et de rassembler les absents
Quand on a le don d'écrire, on a la liberté de composer un écrit de la manière que l'on veut, ou d'être dans le texte en compagnie de qui on veut, y compris les absents que nous avons aimés et que nous n'avons pas vus depuis longtemps ; tel est le pouvoir magique de l'écriture capable de valoriser telle chose ou telle personne de notre milieu, ou d'un autre temps, de mettre à l'index quiconque n'est pas de la convenance de l'homme de plume, sinon de mettre autour de la table des personnalités qui ont vécu à des époques différentes pour se raconter des histoires de leur temps et qui les ont bien marqués ou pour débattre à bâtons rompus de tout ce qui concerne leur temps respectifs qui ont connu divers conflits comme celui très récurrent des générations.
Très couramment on fait dialoguer deux poètes de tendances différentes mais qui ont vécu à des époques éloignées, ils n'arrivent pas à se comprendre parce qu'ils n'ont pas la même conception de la versification, l'un étant un fervent classique qui tient beaucoup au rythme et à la rime de chacune de ses compositions poétiques, l'autre, au contraire est pour le vers libre dans un monde où ce qui importe le plus pour lui, c'est de communiquer avec le plus large public, alors que la poésie classique est destinée à un public de lettrés et bien initiés à ce genre de poésie où ce qui intéresse le plus c'est la beauté du vers.
Il arrive que l'on tente l'aventure en réunissant deux fabulistes l'un ayant vécu dans l'antiquité grecque, il s'agit d'Esope, Ethiopien d'origine, esclave affranchi pour son extrême intelligence et ses vaste connaissances ; il a un répertoire extraordinairement bien fourni, et son plagiaire, pourtant bien réputé pour ses fables de facture classique, mais largement inspirées d'Esope ; il s'agit de Jean de La Fontaine, très connu pour ses belles fables extrêmement bien versifiées et qui n'a rien à envier à d'autres poètes renommés, mais le contenu de ses fables ne sont point de lui, il les a puisées en grande partie de chez Esope. On organise une rencontre des deux auteurs célèbres. Les deux auteurs trouvent miraculeux qu'ils puissent se retrouver réunis par la magie de l'écriture.
Le premier à prendre la parole, c'est Esope puisque c'est le doyen. Il s'adresse à l'autre pour lui dire qu'il a puisé dans son œuvre beaucoup de ses fables auxquels il a donné une forme poétique, qu'il est coupable de plagiat, c'est malhonnête et qu'il est passible d'une condamnation. Excusez-moi répond-il, il n'y a pas qu'à vous que j'en ai pris, j'en ai pris aussi à Phèdre, peut-être même que je me suis inspiré aussi de Ibn El Mouqafâa, mais j'ai trouvé d'autres vieilles fables anonymes, je leur ai donné un coup de jeune, elles sont devenues très belles fables sous forme versifiée. Mes compagnons ont fait du théâtre classique, moi j'ai voulu me consacrer à un autre genre, la fable versifiée qui raconte des histoires d'animaux faisant allusion aux hommes.


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