Au moment où le monde engage une lutte contre la pandémie de la Covid-19, une autre pandémie, celle de la faim, sévit depuis des décennies et continue de menacer les vies de millions de personnes, a fait constater mardi le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, lors de son intervention à la réunion des ministres des Affaires étrangères du Groupe des 20 (G20) qui s'est tenue les 29 et 30 juin à Matera, en Italie. «Ce qui est étonnant c'est la persistance et même l'aggravation de l'insécurité alimentaire à travers le monde en dépit des succès réalisés dont les avancées majeures en matière de production alimentaire», a fait remarquer Sabri Boukadoum. Il a rappelé, à ce propos, que durant l'année 2020, près de 690 millions de personnes ont souffert de la faim à travers le monde, soit 10 millions de plus qu'en 2019. Il a noté, en outre, que la crise sanitaire provoquée par la pandémie de la Covid-19 a aggravé des problèmes déjà existants à l'image de «la pauvreté, la faiblesse des infrastructures des investissements et des ressources». La pandémie a également eu un effet sur les circuits d'approvisionnement en nourriture, incluant principalement la logistique. «Il y a un besoin pressant d'encourager la coopération Nord-Sud, Sud-Sud ainsi que la coopération triangulaire afin de lutter contre l'insécurité alimentaire et pour lancer des actions en vue de faire face au Covid-19», a assuré M. Boukadoum. La lutte contre l'insécurité alimentaire nécessite un effort collectif exceptionnel et une coopération multilatérale, a déclaré mardi le chef de la diplomatie algérienne, Sabri Boukadoum. Pour sa part, le ministre italien des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, a estimé, dans son discours d'ouverture, que le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde devrait atteindre 850 millions d'ici 2030 et pourrait augmenter de 100 millions supplémentaires en raison de l'impact global de la pandémie. De son côté, le Conseiller d'Etat et ministre des Affaires étrangères de la Chine, Wang Yi, a appelé mardi, par liaison vidéo à Beijing, les membres du G20 à promouvoir l'esprit de partenariat et fait des suggestions pour mener des efforts conjoints. Il a appelé les membres du G20 à construire inébranlablement une économie mondiale ouverte et à maintenir activement la sécurité et la stabilité des chaînes industrielle et d'approvisionnement mondiales. Il a aussi exhorté le G20 à prévenir la fragmentation du marché international et la politisation des mécanismes de coopération. Ils doivent contribuer à faire avancer les réformes structurelles afin de réaliser une reprise de haute qualité et résistante, a-t-il indiqué. M. Wang a appelé les membres du G20 à défendre le multilatéralisme et à contribuer à la stabilité de l'ordre international. Les membres du G20 doivent prendre l'initiative dans la pratique d'un vrai multilatéralisme et sauvegarder fermement le système mondial avec les Nations unies comme centre et l'ordre international basé sur le droit international, a-t-il souligné. Ils doivent également adhérer à l'ouverture et à l'inclusivité, viser une coopération gagnant-gagnant et s'opposer aux jeux à somme nulle. «Nous devons persister dans l'ouverture et l'intégration afin d'insuffler un élan à la reprise de l'économie mondiale», a poursuivi M. Wang. Les membres du G20 doivent adopter des politiques macro-économiques responsables pour éviter le débordement des effets négatifs de leurs propres actions et assurer le fonctionnement stable du système économique et financier international, a-t-il ajouté. Rappelons que le ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, a participé, à l'invitation de son homologue italien, Luigi Di Maio, à la réunion des ministres des Affaires étrangères du G20 qui se tient les 29 et 30 juin sous la présidence de l'Italie, pour signer une déclaration commune visant à «réduire le fossé entre le Nord et le Sud du monde», dans le but de vaincre la faim dans le monde d'ici à 2030 et d'atteindre la neutralité climatique d'ici à 2050. La déclaration de Matera sur la sécurité alimentaire adoptée par les représentants du G20 vise à augmenter les investissements des pays les plus riches afin d'obtenir des «résultats stables à moyen-long terme» dans la lutte contre la faim dans le monde, a déclaré le ministre italien des Affaires étrangères Luigi Di Maio, ajoutant que ce document est «une étape importante».
