Pour faire face au stress hydrique, l'Algérie a entamé depuis plusieurs années une démarche de diversification de production de cette ressource. Et ce, à travers la construction des barrages, station de dessalement, station d'épuration et l'exploitation des eaux souterraines. Maintenant, ce n'est plus question d'approvisionnement en eau mais de sécurité hydrique. Pour l'expert consultant en eau, Ahmed Kettab, la sécurité hydrique n'est pas uniquement l'affaire du secteur de l'eau. C'est une problématique du siècle qui nécessite l'implication de tous les secteurs y compris le citoyen pour une réflexion commune. «La ressource hydrique n'est pas uniquement l'affaire du secteur de l'eau, mais celle de l'agriculture, de l'industrie et de l'énergie», a-t-il noté, ajoutant qu'il faut, pour cette raison, diversifier les expériences et impliquer même les citoyens. Intervenant hier sur les ondes de la Chaîne III de la radio nationale, M. Kettab a souligné, à ce propos, la nécessité de créer un Conseil national de la sécurité hydrique pour apporter des solutions à cette stratégie d'eau, à l'horizon 2030- 2050. Les réflexions menées dans le domaine de l'eau demeurent, selon lui, insuffisantes. «Les think tanks existants n'apportent pas des solutions suffisantes et durables, parce qu'ils sont composés à 90% par les mêmes postes de responsabilité», regrette-t-il, appelant à faire recours aux experts pour la création d'un Conseil national de la Sécurité hydrique, dépendant de la Présidence de la République. Outre les infrastructures d'approvisionnement mises en place et les solutions proposées par les experts, il faut bien faire attention au phénomène de déperdition. Le taux de fuites déclarés par le secteur de l'eau durant les 20 dernières années est de 50%, a fait savoir l'intervenant ajoutant qu'il a diminué jusqu'à 30%. Le taux de gaspillage de l'eau doit être diminué de plus, poursuitil ajoutant que pour rationaliser la consommation il y a un tas de mécanismes à suivre à savoir l'information, la sensibilisation et la communication. La préservation de l'eau doit être la priorité des organes de la presse et des mosquées. «Il n'y a pas mieux que la presse pour sensibiliser les citoyens. Dans chaque commune d'Algérie, il y a à peu près une dizaine de mosquées. Si nous arrivons à sensibiliser les citoyens à travers les imams nous obtiendrons un bon résultat », suggèret- il. «J'avais proposé auparavant aux anciens ministres d'organiser une journée de formation spéciale pour la presse (média, radio, presse écrite)», a-t-il rappelé au passage. Enchaînant dans le même ordre d'idées, M. Kettab a mis l'accent sur la nécessité de la révision de la tarification par rapport à la grande consommation comme étant une étape primordiale pour la rationalisation de la consommation de l'eau. Le prix doit être valorisé, selon lui, en fonction du taux de consommation. «Les études sur ce point enregistrent un manque flagrant», dit-il, précisant qu'il existe un décalage en termes de consommation parmi la population. «Un m3 est vendu à six dinars aux stations de lavage d'automobile. Le propriétaire utilise 200 l pour laver 6 voitures et gagner 6.000 dinars. Même si nous lui augmentons le prix, il assurera toujours son gain», prévient-il, avant de préconiser l'augmentation des tarifications aux grands consommateurs, et sa réduction aux citoyens qui ont de faibles revenus.