Hidaoui visite le camp des clubs scientifiques relevant de l'USTHB    Une occasion pour renforcer les rangs du parti et consolider sa place sur la scène nationale    Ouverture dela 10e édition    Nécessité de modernisation de l'agriculture et de l'implication des jeunes    Evolution de la cotation du dinar algérien et des réserves de change à fin 2024 et prévisions fin 2025    Manifestations dans les villes et capitales du monde entier    Les manifestants exigent la fin du génocide    Des rassemblements devant les ambassades du Maroc à Paris et Amsterdam    Une 7e journée placée sous le signe du fair-play et de la sportivité    Basket : la réalisation des statistiques de match obligatoire    La FIFA dévoile Trionda, le ballon officiel    Plus de 550.000 stagiaires ont rejoint les bancs dans 1.100 Centres de formation    Mise en service prochaine d'un poste de transformation électrique à Zemmouri    Trois hectares de broussailles et roseaux en proie aux flammes dans un incendie à Sour    La pièce «La Sorcière et les orphelins» séduit les enfants    Bendouda supervise l'ouverture de la 17e édition    Intellectuels « blancs » de « révérence », entourés « d'indigènes éclairés »    Le génocide à Gaza ne serait qu'une «fable»    Début catastrophique pour la billetterie de la CAN 2025    Algérie : le message fort de Djamel Belmadi aux supporters des Verts    L'Algérie convoque des talents évoluant en Europe pour la Coupe Arabe 2025    Festival international du Malouf: fusion musicale syrienne et russe à la 4e soirée    Adhésion de l'Algérie à l'AIPA en tant que membre observateur unique: le Parlement arabe félicite l'APN    Industrie pharmaceutique : nécessité de redoubler d'efforts pour intégrer l'innovation et la numérisation dans les systèmes de santé nationaux    Conseil de sécurité : début de la réunion de haut niveau sur la question palestinienne et la situation au Moyen-Orient    Examen de validation de niveau pour les diplômés des écoles coraniques et des Zaouïas mercredi et jeudi    APN : la Commission de la santé à l'écoute des préoccupations des associations et parents des "Enfants de la lune"    Réunion de haut niveau du Conseil de sécurité sur la question palestinienne et la situation au Moyen-Orient    Boudjemaa reçoit le SG de la HCCH et le président de l'UIHJ    Athlétisme / Mondial 2025 : "Je suis heureux de ma médaille d'argent et mon objectif demeure l'or aux JO 2028"    Ligne minière Est : Djellaoui souligne l'importance de la coordination entre les entreprises de réalisation    Mme Bendouda appelle les conteurs à contribuer à la transmission du patrimoine oral algérien aux générations montantes    CREA : clôture de l'initiative de distribution de fournitures scolaires aux familles nécessiteuses    Poursuite du suivi et de l'évaluation des programmes d'investissement public dans le secteur de la Jeunesse    Agression sioniste contre Ghaza : le bilan s'alourdit à 65.382 martyrs et 166.985 blessés    La ministre de la Culture préside deux réunions consacrées à l'examen de l'état du cinéma algérien    Le Général d'Armée Chanegriha reçoit le Directeur du Service fédéral pour la coopération militaire et technique de la Fédération de Russie    Foot/ Coupe arabe Fifa 2025 (préparation) : Algérie- Palestine en amical les 9 et 13 octobre à Annaba    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Témoin impassible des crimes ignobles des forces coloniales, le 8 mai 1945
«Kef el Boumba» à Héliopolis
Publié dans La Nouvelle République le 08 - 05 - 2024

A l'entrée sud de la commune d'Héliopolis (Guelma), surplombant l'oued Seybouse depuis le flanc de la colline de «Kef el Boumba», se dresse une stèle commémorative rappelant les crimes abjects de l'armée coloniale française lors des Massacres du 8 mai 1945.
Le monument, érigé il y a plusieurs années pour vaincre l'oubli, fait surtout ressurgir, à l'heure où l'Algérie commémore le 79ème anniversaire des Massacres perpétrés le 8 mai 1945 à Sétif, Guelma et Kherrata, le souvenir douloureux des tueries collectives d'Algériens dont les cadavres ont été jetés dans des fosses communes, en plusieurs endroits de la région de Guelma.
Même si, aujourd'hui, il ne subsiste plus de témoins ayant vécu ces événements sanglants, les déclarations écrites et les témoignages enregistrés sur des supports audiovisuels, recueillis par des historiens de la bouche de nombreuses personnes ayant vécu la barbarie coloniale, décédées depuis, de même que certains récits transmis oralement et conservés dans la mémoire collective de la région, ne laissent planer aucun doute sur l'horreur et le caractère inhumain des crimes commis par le colonialisme français au cours de l'été 1945.
Des centaines de témoignages décrivant, souvent dans les moindres détails, la répression brutale des forces d'occupation, renseignent, en effet, sur la barbarie et l'inhumanité qu'illustrent les exécutions de masse de milliers d'innocents dont les corps ont été jetés sans ménagement dans les «charniers de la honte» de «Kef el Boumba», puis brûlés pour ne laisser aucune trace du forfait.
Le directeur du musée du Moudjahid de Guelma, Yacine Chaâbane, également écrivain et chercheur en Histoire, a déclaré à l'APS que la colline visible à l'entrée de la commune d'Héliopolis, à environ 3 km au nord de la ville de Guelma, «était autrefois une zone forestière».
M. Chaâbane précise que l'appellation de «Kef el Boumba» s'explique par le fait qu'une bombe y a été larguée par les avions alliés pendant la seconde guerre mondiale pour détruire un pont qui enjambait l'oued Seybouse, sur l'actuelle route nationale n 21 reliant Guelma à Annaba.
Il ajoute que tous les témoignages recueillis par le musée, dont celui du défunt Moudjahid Youcef Benmahjoub, confirment qu'il y a 79 ans, «la gendarmerie française, avec l'aide des milices formées par les colons, a commis l'un des crimes les plus monstrueux de l'histoire contemporaine en faisant venir dans la butte forestière de ''Kef el Boumba'', depuis le siège de la gendarmerie, des casernes et des postes de police, des dizaines de prisonniers qui furent obligés de creuser de leurs mains des fosses dans lesquelles ils furent jetés après avoir été exécutés par balles».
Pour sa part, le Pr Mohamed Chergui, enseignant d'Histoire à l'Université Badji-Mokhtar d'Annaba, indique que les nombreuses recherches qu'il a effectuées sur les Massacres du 8 mai 1945, «s'appuient sur de nombreux témoignages et des rapports sécuritaires et administratifs, rédigés par les services coloniaux de l'époque».
Selon lui, il n'y a pas uniquement «Kef el Boumba» qui témoigne encore de l'atrocité des crimes coloniaux, car il existe de nombreux autres endroits de la région de Guelma qui ont été le théâtre de crimes «tout aussi monstrueux».
Il ajoute que «les cadavres de dizaines de victimes de ses crimes, restés sans sépulture, ont fini par se putréfier en raison de la chaleur de l'été, offrant une autre excuse à l'occupant pour creuser des fosses communes et les y jeter, ou alors pour les brûler dans les fours à chaux de la ferme Marcel Lavie de sinistre mémoire».
De son côté, le Dr Ramdane Boureghda, du département d'Histoire et d'Archéologie de l'Université de Guelma, rappelle qu'au moment de ces événements, «Guelma, qui n'était qu'une petite sous-préfecture relevant du département de Constantine, comptait moins de 20.000 habitants dont 15.000 musulmans et 4.500 colons européens».
Pour ce spécialiste, «c'est le sous-préfet André Achiary qui mit le feu aux poudres en faisant tirer sur des manifestants qui participaient à une marche pacifique, le 8 mai 1945, pour réclamer l'indépendance de l'Algérie».
C'est alors que les choses prirent une «tournure sanglante», affirme M. Boureghda. Ce dernier souligne également qu'un rapport de sécurité datant du 27 juillet 1945 fait référence à la présence d'un charnier à l'angle de la route d'Héliopolis et du carrefour menant à la commune d'El Fedjoudj. Il y existe, assure-t-il, 4 fosses contenant, chacune, au moins 20 corps.
Selon lui, le rapport indique également que les corps de 500 musulmans assassinés ont été exhumés et transportés jusqu'aux fours à chaux de Marcel Lavie, transformés en fours crématoires, où ils furent brûlés.
Guelma compte 11 sites de massacres et 18.000 martyrs
Les documents détenus par la représentation de wilaya de la Fondation 8-mai 1945, fondée en 1995 spécifiquement pour lutter contre la culture de l'oubli, stipulent que la wilaya de Guelma compte 11 sites de massacres et plus de 18.000 martyrs tombés lors de ces événements sanglants. Chacun des sites inventoriés a sa propre histoire.
Il y a d'abord le petit pont de la commune de Belkheir où une famille entière a été froidement exécutée, dont un enfant de 12 ans et une mère enceinte de six mois.
Les Guelmis n'ont pas oublié, non plus, les berges de l'oued Seybouse dans la commune de Boumahra-Ahmed, où les français ont assassiné des dizaines de personnes avant de les jeter dans l'eau, ni l'ancienne caserne du centre de Guelma où subsistent encore les restes de la guillotine qui servit à l'exécution de plusieurs participants à la marche du 8 mai 1945.
Si d'autres lieux dans les communes de Khezara, d'Ain Larbi et d'Oued Cheham racontent aussi de douloureuses histoires d'assassinats, de tueries collectives et d'exactions de toutes sortes, les habitants de la région de Guelma gardent en mémoire deux faits particulièrement horribles, rapportés par des témoins.
Il s'agit d'abord du martyre subi par Fatima-Zohra Regui, qui appartient à l'une des familles qui ont payé un tribut particulièrement lourd pour leur liberté.
Cette femme avait été prise à partie par les milices qui l'ont violemment torturée et fait subir les pires sévices, avant de lui trancher les seins sous les yeux de ses propres frères, Hafid et Mohamed, pour la brûler ensuite dans les fours à chaux de Lavie.
L'histoire d'un Algérien dénommé Moumeni est non moins atroce puisque cet homme avait été battu avant d'être crucifié, les mains et les pieds cloués à un mur de la gendarmerie de Guelma, jusqu'à ce que mort s'ensuive. Tous ces faits sont dûment consignés dans des documents que la Fondation du 8-Mai 1945 conserve jalousement dans ses bureaux de Guelma afin que nul n'oublie.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.