Quelle bonne initiative de Bank ABC Algérie qui a organisé une session de formation dédiée à la finance islamique, à destination des journalistes spécialisés en économie. Cette rencontre visait à renforcer leurs connaissances sur un modèle financier en pleine expansion, fondé sur les principes de la chariâa islamique. C'est que la finance islamique constitue aujourd'hui un segment spécifique et dynamique du système financier mondial. Elle repose sur des principes fondamentaux tels que l'interdiction de la riba (intérêts), de la spéculation excessive, et des investissements dans des secteurs considérés comme illicites. Elle privilégie le partage des risques et des bénéfices, la transparence contractuelle et l'investissement productif. Et c'est le Directeur général de Bank ABC Algérie, Jawad Sakr qui a donné le «coup d'envoi» de cette session de formation avant de céder la place à l'expert de la Finance islamique de ladite banque, Mehdi Lakel, qui nous a servi de guide durant cette matinée d'initiation. Il a fait le tour de la question de ce système financier de plus en plus prisé par les Algériens. En fait, ce système financier s'articule autour de deux grandes catégories d'instruments que nous avons synthétisé pour nos lecteurs : 1. Les contrats de vente (Mourabaha, Ijara, Salam et Istisna'a) Mourabaha : la banque acquiert un bien pour le compte du client, puis le lui revend à un prix convenu, incluant une marge bénéficiaire. Le paiement peut être échelonné sur une période définie. Ijara : ce contrat consiste à louer un bien acquis par la banque à un client, avec la possibilité d'achat à l'issue du contrat de location. Salam : forme de vente à terme, où le paiement est effectué immédiatement alors que la livraison du bien intervient ultérieurement. Cette pratique, bien que dérogeant au principe d'interdiction de la vente de biens inexistants, est tolérée dans certains cas, notamment dans le secteur agricole. Istisna'a : ce contrat permet de financer la fabrication ou la construction de biens livrables à terme. Contrairement au contrat de Salam, le paiement est progressif, selon les étapes de réalisation. Ce type de financement est particulièrement utilisé dans les secteurs de l'immobilier, de la construction navale et de l'aéronautique. 2. Les contrats de financement participatif (Moucharaka et Moudharaba) Moucharaka : ce contrat repose sur une association entre la banque et le client. Les deux parties investissent conjointement dans un projet, partagent les bénéfices selon le capital investi et supportent les pertes au prorata de leur participation. Moudharaba : il s'agit d'un partenariat entre un investisseur (Rab al-Māl), qui apporte les fonds, et un entrepreneur (Moudharib), qui fournit son expertise. L'entrepreneur gère seul l'activité. Les bénéfices sont partagés selon un accord préalable, après restitution du capital investi et déduction des frais de gestion. Les autres mécanismes complémentaires : Takaful et Hibat al Asl L'intervenant a également abordé le système d'assurance islamique, ou Takaful, basé sur la solidarité entre participants. Chaque membre contribue à un fonds commun destiné à indemniser ceux qui subissent une perte. Il a également mis en lumière le concept de Hibat al Asl, qui permet d'affecter les revenus issus d'un capital à des actions à vocation religieuse ou sociale, favorisant ainsi une gestion éthique et transparente des ressources. Le rôle stratégique des médias L'expert a souligné le rôle crucial des médias dans la démocratisation de la finance islamique. Au-delà de l'offre bancaire, le succès de ce modèle repose sur une meilleure compréhension par le grand public, rendue possible grâce à une information rigoureuse et pédagogique. Développement en Algérie et perspectives En Algérie, la finance islamique progresse de manière graduelle, soutenue par un cadre réglementaire plus clair, notamment le règlement 02/20 du 15 mars 2020. La mise en place de guichets islamiques au sein des établissements bancaires publics et privés témoigne de cet essor, ainsi que l'intérêt croissant du public. Enfin, il faut préciser que d'ici la fin 2025, Bank ABC Algérie prévoit l'ouverture de trois nouveaux guichets islamiques à Constantine, Sidi Bel-Abbès et Mostaganem, portant à quinze le nombre total de points de contact à travers le pays. En parallèle, l'établissement enrichit son portefeuille de produits avec le lancement de l'offre ''Alburaq Soukna – Aménagement Ijara'' ainsi que de nouvelles solutions dédiées aux services : Omra/Hadj, tourisme, études et soins médicaux. De nouveaux produits qui devraient faire le bonheur des Algériens...