Au moins 500 à 600 camions de nourriture, de fournitures médicales et commerciales doivent entrer quotidiennement dans la bande de Ghaza. «Nous l'avons déjà fait avant : des dizaines de milliers de camions sont entrés pendant le cessez-le-feu et l'aide est parvenue à la quasi-totalité des habitants» de l'enclave».Des milliers de personnes se précipiter mardi vers un centre israélien de distribution d'aide dans le sud de la bande de Ghaza, provoquant des scènes de chaos, les agences de l'ONU indiquent disposer de suffisamment de nourriture entreposée aux abords de l'enclave palestinienne pour nourrir l'ensemble de la population ghazaouie, soit environ 2,1 millions de personnes, pendant trois à quatre mois. Les agences sont prêtes à livrer plus de 170 000 tonnes d'aliments « dès que les restrictions seront totalement levées par les autorités israéliennes ». Ces derniers développements interviennent alors qu'au moins 47 personnes auraient été blessées, « la plupart par des tirs des forces israéliennes, lorsque des milliers de Ghazaouis ont afflué vers un centre de distribution d'aide nouvellement ouvert à Ghaza ». Le centre de distribution est géré par la Fondation humanitaire, soutenue par Israël et les Etats-Unis. La plupart des blessés l'ont été par balle et les tirs provenaient de l'armée israélienne. Un châtiment collectif infligé aux Palestiniens et l'accélération des atteintes à leur dignité humaine. Le nouveau modèle de distribution va au-delà du simple contrôle de l'aide. Il s'agit d'une pénurie artificielle : quatre plateformes de distribution situées dans le centre et le sud de Ghaza, sécurisées par des sociétés de sécurité privées américaines, permettront aux Palestiniens qui peuvent les atteindre de recevoir des rations. Ce système de distribution ne peut en aucun cas répondre aux besoins de Gaza, soulignant qu'une véritable action humanitaire vise à atteindre tous les civils, où qu'ils se trouvent. Sur le terrain pas de temps à perdre, un nombre limité de camions est actuellement autorisé à rentrer dans l'enclave palestinienne. Les autorités israéliennes ne permettent l'accès qu'aux articles médicaux et certaines fournitures alimentaires et nutritionnelles. Seul un nombre très limité d'organisations humanitaires ont reçu l'autorisation d'acheminer des marchandises. «Nous disposons des fournitures, des plans, de la volonté et des réseaux nécessaires pour apporter une aide massive aux civils, dans le respect des principes humanitaires, comme l'exige le monde entier. Cela suffit. Laissez-nous travailler. Il n'y a plus de temps à perdre » à conclut Tom Fletcher. Seule l'aide humanitaire provenant exclusivement d'Israël peut entrer dans la bande de Ghaza via le point de passage de Kerem Shalom. Selon l'ONU, cela limite la capacité de la communauté humanitaire à mobiliser l'aide située en Cisjordanie, en Jordanie et en Egypte, où des stocks sont disponibles. Des manifestations au port israélien d'Ashdod ont perturbé les opérations de chargement et d'expédition. «Les camions humanitaires ont été entravés et, dans certains cas, leurs pneus crevés, ce qui a entraîné des retards supplémentaires». L'escalade de l'insécurité – y compris les pillages et la violence des foules, a également perturbé les opérations, forçant la suspension des activités de boulangerie qui ont brièvement repris le 22 mai. Les agences onusiennes estiment que le blocus total imposé depuis près de 80 jours à l'entrée de l'aide et d'autres produits de première nécessité a contribué à l'augmentation constante du niveau d'insécurité à l'intérieur de Ghaza, y compris les pillages qui ont affecté les opérations de transport logistique. Les restrictions actuelles des autorités israéliennes sur les mouvements coordonnés de l'aide, telles que le nombre limité d'itinéraires autorisés et de fenêtres temporelles, aggravent encore les risques liés à la sécurité auxquels sont confrontés les convois logistiques et contribuent aux retards opérationnels. Les stocks de prévention de la malnutrition sont presque épuisés, tandis que certaines fournitures dans les entrepôts restent dans des zones difficiles d'accès ou inaccessibles, ou sont bloquées aux points de passage. « En outre, en raison des graves pénuries alimentaires, les pillages de suppléments nutritifs sont devenus de plus en plus fréquents, ce qui empêche de traiter les enfants et les personnes qui en ont le plus besoin ». Le rétrécissement de l'espace humanitaire et les contraintes d'accès continuent d'entraver les efforts de détection et de traitement de la malnutrition, alors même que la situation nutritionnelle continue de se détériorer. Malgré ces contraintes logistiques, les partenaires nutritionnels continuent de dépister, d'identifier et de traiter ceux qui souffrent de déficience alimentaire aiguë. Au cours des deux premières semaines de mai, environ 47 800 enfants de moins de cinq ans ont été examinés, dont 2 264 ont été diagnostiqués comme souffrant de malnutrition aiguë, y compris 286 cas de malnutrition aiguë sévère. Cela porte le nombre total d'enfants diagnostiqués et traités pour malnutrition depuis le début de l'année 2025 à plus de 13.635, dont 1.684 cas de malnutrition aiguë sévère. Depuis le 24 mai, quatre centres de stabilisation sont opérationnels dans la bande de Gaza, dont un à Deir al Balah, deux à Khan Younis et un dans la ville de Ghaza. Plus de 50 000 enfants auraient été tués ou blessés. Le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) estime que depuis la fin du cessez-le-feu le 18 mars, 1 309 enfants auraient été tués et plus de 3 700 blessés. Au total, plus de 50 000 enfants auraient été tués ou blessés depuis octobre 2023. «En l'espace de 72 heures ce weekend, les images de deux attaques horribles apportent une nouvelle preuve du coût déraisonnable de cette guerre impitoyable contre les enfants de la bande de Ghaza ». Pour l'UNICEF, ces enfants, des vies qui ne devraient jamais être réduites à des chiffres, font désormais partie « d'une longue et pénible liste d'horreurs inimaginables » : « les graves violations commises à l'encontre des enfants, le blocus de l'aide, la famine, les déplacements forcés constants et la destruction des hôpitaux, des systèmes d'adduction d'eau, des écoles et des maisons». Une fois de plus toutes les parties au conflit à mettre fin à la violence, L'Unicef exhorte à protéger les civils, y compris les enfants, ainsi qu'à permettre l'acheminement immédiat de l'aide humanitaire. Samir Sabek