Grâce à l'arrivée de l'aide, les boulangeries, dans le centre de Ghaza, ont pu rouvrir ses portes après 40 jours de fermeture, faute de réserves de farine de blé suffisantes pour la fabrication du pain. L'aide humanitaire a enfin atteint les entrepôts des Nations unies à Gaza, suite à la levée partielle, en début de semaine, du blocus imposé par Israël à l'enclave palestinienne, où les agences onusiennes constatent parallèlement une dégradation alarmante de l'état nutritionnel des enfants. Dans la nuit de mercredi à jeudi, près de 200 camions transportant une aide vitale sont entrés dans la bande de Ghaza par le point de passage de Kerem Shalom, dans le sud d'Israël, dont environ 90 ont pu atteindre les entrepôts de l'ONU. Une course contre la montre est désormais engagée pour distribuer leur contenu auprès de la population. Il s'agit, selon le porte-parole des Nations Unies, d'une goutte d'eau dans l'océan des besoins des Gazaouis. Mais après 11 semaines de blocus humanitaire, la nouvelle a été saluée, jeudi, comme un tournant par Tom Fletcher, le chef des opérations humanitaires de l'organisation. «Les journées sont cruciales » les énormes difficultés logistiques auxquelles sont confrontés les travailleurs humanitaires pour acheminer l'aide depuis la réouverture, lundi, de Kerem Shalom. «C'est formidable », de la logistique au Programme alimentaire mondial (PAM), qui soutient l'établissement. « Nous avons pu acheminer de la farine de blé après plus de deux mois et demi de fermeture de la frontière ». Pour l'instant, le pain produit dans cette boulangerie devrait être distribué à des cuisines communautaires, au sein du réseau du PAM, ainsi qu'aux plus démunis. En attendant une arrivée massive de l'aide, la faim continue de gagner du terrain dans l'enclave palestinienne. Selon les dernières données de l'OCHA, le bureau des affaires humanitaires de l'ONU, une proportion « nettement plus élevée» d'enfants de moins de cinq ans souffre de malnutrition. Durant la première quinzaine de mai, près de 3 000 enfants parmi les 50.000 dépistés présentaient des signes de malnutrition aiguë, contre un peu plus de 2.600 sur 60.000 au mois de février. Les cas les plus graves sont pris en charge dans l'un des quatre centres de stabilisation surpeuplés que compte la bande de Ghaza. Un seul établissement encore fonctionnel dans le nord de l'enclave, a cependant suspendu ses activités le 20 mai, à la suite d'un ordre de déplacement israélien. Les enfants qui y étaient hospitalisés ont dû être transférés vers la ville de Ghaza, un trajet jugé dangereux dans leur état. Les chiffres communiqués par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) sont glaçants, au moins 57 enfants seraient déjà morts et 71 000 enfants menacés de malnutrition, selon les autorités sanitaires locales un nombre probablement inférieur à la réalité. Et la tendance pourrait empirer. Le dernier rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), qui catégorise les niveaux de faim à Ghaza en fonction de leur gravité, anticipe que lr nombre d' enfants de moins de cinq ans pourraient souffrir de malnutrition aiguë dans les onze mois à venir, si aucune aide massive n'était distribuée. Dans le nord de l'enclave, de nombreux partenaires ont été contraints de suspendre leurs activités, faute de fournitures et d'accès sécurisé. De plus, les itinéraires fournis par les forces israéliennes seraient, inappropriés pour le déplacement des marchandises. Entre le 2 mars et le 21 mai 2025, aucune marchandise, commerciale ou humanitaire, n'a été autorisée à entrer dans Ghaza, aggravant une crise alimentaire déjà dramatique. L'assouplissement récent du blocus israélien, bien qu'attendu, ne parvient pas pour l'instant à enrayer l'urgence. Plus de 80 % du territoire se trouve désormais en zone militarisée ou fait l'objet d'ordres d'évacuation. Près d'un tiers de la population a été de nouveau déplacée le mois dernier, selon l'OCHA, dont plus de 160 000 personnes en une seule semaine, privées de tout refuge à ce s'ajoute un contexte sécuritaire explosif. Plus d'une centaine de camions d'aide attendus dans l'enclave L'ONU anticipe l'entrée prochaine d'une centaine de camions d'aide dans le territoire palestinien. Une bouffée d'air attendue pour une population en détresse, mais que les agences humanitaires jugent très insuffisante face à l'ampleur des besoins. Après l'assouplissement du blocus humanitaire imposé à Ghaza par Israël : «Nous avons demandé et reçu l'autorisation de faire entrer plus de camions aujourd'hui, mardi, beaucoup plus qu'hier» , a déclaré le porte-parole de l'OCHA, Israël aurait ainsi donné son feu vert pour l'acheminement d' environ 100 camions vers l'enclave palestinienne. La veille, pour la première fois depuis le 2 mars, neuf camions avaient été autorisés à entrer par le point de passage de Kerem Shalom, dans le sud d'Israël. Mais en réalité, que seuls cinq d'entre eux avaient pu franchir la frontière, en raison de blocages logistiques. Selon le porte-parole, les cargaisons contiennent notamment des aliments pour bébés et des produits nutritifs pour enfants. «La prochaine étape consiste à les collecter, puis à les distribuer par le biais du système existant, celui qui a fait ses preuves », a-t-il expliqué, insistant sur la répartition de l'aide fondée sur les besoins humanitaires. Malgré ce redémarrage timide, les agences onusiennes s'inquiètent : les volumes d'aide restent dérisoires face à une crise humanitaire aiguë. «Cinq camions, c'est loin d'être suffisant. C'est insuffisant ». « La suite serait la preuve du cessez-le-feu : regardez ce que l'ONU pourrait faire ». « Nous avons atteint toutes les zones de la bande de Gaza. Nous avons atteint les personnes qui en avaient le plus besoin ». «Moins l'aide est acheminée et correctement distribuée, plus le désespoir s'installe. Cela entraîne des effets prévisibles, comme le risque accru de pillages ». Les conséquences sanitaires sont déjà visibles. «J'ai des données jusqu'à la fin du mois d'avril, et elles montrent que la malnutrition augmente». «Et l'inquiétude est que si la pénurie alimentaire actuelle se poursuit, elle augmentera de manière exponentielle et échappera alors à notre contrôle». «Ce qu'il faut à Ghaza, c'est une aide massive, sans entrave et ininterrompue» «Des bébés sont déjà morts à cause de la malnutrition, s'ils ne sont pas nourris, l'impact sur leur santé peut être mortel ». Plus de deux millions de personnes est confrontée à des pénuries de nourriture, d'eau potable et de médicaments. Chaque femme et chaque fille de Ghaza vit aujourd'hui dans un contexte de faim catastrophique, sans accès à la santé maternelle ni à une protection minimale. Le bilan humain continue de s'alourdir, plus de 28 000 femmes et filles ont été tuées dans la bande depuis le début de cette maudite guerre, le 7 octobre 2023. En moyenne, une femme ou une fille perd la vie chaque heure sous les frappes israéliennes. «Parmi les personnes tuées, des milliers étaient des mères, laissant derrière elles des enfants, des familles et des communautés dévastées». Depuis l'effondrement du cessez-le-feu, en mars 2025, la situation s'est dramatiquement aggravée, alors que le blocus humanitaire s'est prolongé pendant près de neuf semaines.