À Médéa, le logement d'astreinte et le logement de fonction sont devenus un luxe réservé... à ceux qui n'en ont pas besoin. Ce dossier, qui traîne depuis des années dans les tiroirs de la Direction de la santé et de la population (DSP), ressemble de plus en plus à une véritable affaire de favoritisme et d'injustice. En théorie, ces logements sont attribués pour permettre aux médecins d'assurer la permanence des soins et d'intervenir rapidement en cas d'urgence. En pratique, c'est tout le contraire. On retrouve des logements d'astreinte transformés en petites villas confortables, occupés par des personnes déjà propriétaires de biens immobiliers. Le comble : certains bénéficiaires cumulent même deux logements de fonction tout en exerçant... hors de la wilaya de Médéa ! Pendant ce temps, des médecins spécialistes, indispensables au système de santé local, se retrouvent contraints de faire la navette chaque jour entre Médéa, Blida ou Alger. Des dizaines de kilomètres avalés quotidiennement, au détriment de leur disponibilité et de la qualité du service rendu aux citoyens. Une aberration qui met en lumière le laxisme et l'opacité de la gestion de ce dossier. Cette situation injuste n'est pas seulement un problème administratif : elle fragilise le système de santé dans son ensemble. Combien de jeunes spécialistes refusent aujourd'hui de rejoindre Médéa faute de logement ? Combien de patients attendent plus longtemps pour être pris en charge, parce que le médecin censé être «d'astreinte» est bloqué sur la route ? Le logement d'astreinte et de fonction, censé être un outil au service de la santé publique, s'est transformé en privilège pour quelques-uns. Cela ne peut plus durer. Une enquête sérieuse, indépendante et transparente est nécessaire pour mettre fin à ces abus et restituer ces logements à ceux qui en ont réellement besoin : les médecins et les cadres en poste dans la wilaya. La santé publique est une affaire trop sérieuse pour être sacrifiée sur l'autel des passe-droits et des arrangements douteux. Médéa mérite mieux, ses patients aussi.