Cette présente contribution est une brève synthèse du dossier qui revient sur le devant de l'actualité, réalisée sous ma direction pour le gouvernement, assisté des cadres du ministère de l'Energie, de Sonatrach et d'experts algériens, européens et américains, intitulée : « Gaz de schiste : opportunités et risques » ( 8 volumes, 980 pages, 2015 – Alger). 1 – L'Algérie troisième réservoir mondial de gaz de schiste En rappelant que dans la nouvelle loi des hydrocarbures, ce n'est pas à Sonatrach mais à l'Alnaft de délivrer les permis d'exploitation, selon le président de l'Agence nationale pour la valorisation des ressources en hydrocarbures (Alnaft), déclaration reprise par des agences internationales. Les discussions menées depuis plusieurs années avec les deux géants américains Chevron et ExxonMobil – bien avancées –, précisant que les aspects techniques avaient été pratiquement finalisés et qu'il ne restait plus que la partie commerciale à conclure avant la signature officielle, n'ayant toutefois pas fixé de calendrier précis pour la finalisation des contrats. Selon l'Agence américaine de l'énergie, les réserves mondiales de gaz de schiste seraient d'environ 207 billions de mètres cubes réparties comme suit : la Chine avec 32 billions de mètres cubes, l'Argentine 23 billions de mètres cubes, l'Algérie 20 billions de mètres cubes, les Etats-Unis 19 billions de mètres cubes, le Canada 16 billions de mètres cubes, le Mexique 15 billions de mètres cubes, l'Australie 12 billions de mètres cubes, l'Afrique du Sud 11 billions de mètres cubes, la Russie 8 billions de mètres cubes et le Brésil 7 billions de mètres cubes. En effet, l'Algérie fait face à de nombreux défis concernant le gaz. Face à la forte consommation intérieure de gaz qui risque de dépasser à l'horizon 2030, les exportations actuelles renvoyant au dossier des subventions, selon plusieurs scénarios, au rythme actuel de production, des réserves de pétrole estimées entre 10/12 milliards de barils et celles du gaz environ 2 500 milliards de mètres cubes gazeux, sauf découvertes substantielles d'hydrocarbures traditionnels, qui procurent avec les dérivés 97/98 % des recettes en devises. Se pose donc cette question stratégique : quelle est la place du pétrole-gaz de schiste en Algérie ? Si cette ressource stratégique est exploitée, elle pourrait considérablement renforcer le poids énergétique du pays à l'échelle mondiale. 2 .- Les techniques d'exploitation du pétrole-gaz de schiste Peu de pays, excepté les Etats-Unis, maîtrisent la technologie de fracturation hydraulique, étant devenus, grâce à cette ressource, le premier producteur mondial de pétrole et de gaz, et particulièrement deux compagnies, Exxon Mobil et Chevron, qui ont su améliorer la technique permettant de réduire les effets pervers sur l'environnement et les coûts d'exploitation. Aujourd'hui, pour récupérer le gaz de schiste, la technique utilisée est la fracturation hydraulique, consistant à injecter un fluide composé d'environ 90 % d'eau, 8 à 9,5 % de « proppants » (sable ou billes de céramique) et 0,5 à 2 % d'additifs chimiques sous très haute pression. Au niveau tant de la communauté scientifique que des opérateurs, l'objectif premier est d'améliorer la fracturation hydraulique. Les recherches s'orientent sur la réduction de la consommation d'eau, le traitement des eaux de surface, l'empreinte au sol, ainsi que la gestion des risques sismiques induits. Concernant le problème de l'eau qui constitue l'enjeu géostratégique fondamental du XXIe siècle (l'or bleu), selon les experts, trois types de fluides peuvent être utilisés à la place de l'eau : le gaz de pétrole liquéfié (GPL), essentiellement du propane, les mousses (foams) d'azote (N2) ou de dioxyde de carbone (CO2) et l'azote ou le dioxyde de carbone liquide. L'utilisation des gaz liquides permet de se passer complètement ou en grande partie d'eau et d'additifs. Pour les mousses, par exemple, la réduction est de 80 % du volume d'eau nécessaire étant gélifiées à l'aide de dérivés de la gomme de guar. Ainsi, sans être exhaustif, du fait de larges mouvements écologiques à travers le monde, des alternatives à la fracturation hydraulique sont encore à un stade expérimental et demandent à être plus largement testées, l'objectif étant de minimiser l'impact environnemental de la fracturation hydraulique tant pour les volumes traités que pour la qualité des eaux et de diminuer significativement la consommation d'eau et/ou d'augmenter la production de gaz. La fracturation au gel de propane est en cours d'utilisation sur environ 400 puits au Canada et aux Etats-Unis (plus de 1 000 fracturations déjà effectuées). L'eau pourrait aussi être remplacée par du propane pur (non inflammable), ce qui permettrait d'éliminer l'utilisation de produits chimiques. Abderrahmane Mebtoul Pr des universités Expert international