L'Algérie a opté pour la neutralité dans les conflits, entretenant dans le cadre du respect mutuel, d'excellentes relations avec les USA, la majorité des pays européens, la Chine et la Russie pour ne parler que de certains acteurs majeurs. Or, depuis des années, les relations entre l'Algérie et la France sont systématiquement entravées, pour des raisons obscures, par de puissants lobbies ne voulant pas d'une relation apaisée. Cette présente contribution fait suite à mes nombreuses interventions à Paris à l'invitation de personnalités françaises, notamment au Sénat français et des instituts de renommées mondiales et de mes différentes contributions (voir Google 2000-2024), encor que comme je l'ai montré à l'invitation du parlement européen, cette coopération devra s'inscrire dans le cadre Afrique–Europe. Elle fait suite également aux correspondances récentes d'août 2025 adressées par des personnalités des deux rives, tant au président Abdelmadjid Tebboune qu'au président Emmanuel Macron afin de décrisper les relations, l'intérêt de l'Algérie et de la France étant d'entreprendre ensemble sur un pied d'égalité. 1.-Algérie – France : devoir de mémoire et coopération sécuritaire Concernant la question mémorielle, l'Algérie et la France doivent assurer une prise en charge intelligente et courageuse des problématiques liées à la mémoire, qui nécessite l'ouverture et la restitution des archives, des biens et des restes mortuaires des résistants algériens, ainsi que celles des essais nucléaires et des disparus. Dans ce cadre, le facteur culturel se fondant sur la tolérance et le respect d'autrui est important pour aplanir les divergences. C'est que l'ère des confrontations n'a eu cours que parce que les extrémismes ont prévalu dans un environnement fait de suspicion et d'exclusion. Connaître l'autre, c'est aller vers lui, c'est le comprendre, mieux le connaître et non lui imposer un schéma social contraire à ses valeurs. Face aux tensions géostratégiques dans le monde, chaque pays a des positions spécifiques – notamment sur le conflit au Moyen-Orient, au Soudan, en Ukraine, le Sahara occidental, les tensions au Mali et en Libye et dans d'autres contrées du monde. Dans plusieurs rapports entre 2018 et 2024, les autorités, tant américaines que européennes, russes et chinoises, ont tenu à souligner qu'avec les tensions observées dans la région, l'Algérie contribue à la stabilisation de son voisinage immédiat grâce aux efforts de l'ANP et des services de sécurité, notamment au Sahel, et demeure un acteur clé au niveau de la région méditerranéenne et africaine. L'instabilité de la région a un effet négatif sur toute l'Europe – et renvoie d'ailleurs à l'urgence d'une nouvelle architecture des relations internationales fondée sur le co-développement. Concernant le problème des visas et de l'émigration les deux pays doivent trouver des solutions « concrètes et opérationnelles face aux problèmes des mobilités, notamment pour les étudiants, entrepreneurs, scientifiques, universitaires, artistes, responsables d'associations et sportifs, permettant de conduire davantage de projets communs. Je préconise un pacte pour la jeunesse, portant sur l'ensemble de ses dimensions et se traduisant par la mise en œuvre de projets concrets, dont la « création d'un incubateur de start-ups en Algérie » et « l'appui à des projets d'investissement d'avenir en France et en Méditerranée, initiés notamment par les PME. 2. La coopération économique sur la base d'un partenariat gagnant-gagnant L' on ne doit jamais oublier que dans la pratique des affaires, il n'y a pas de fraternité ni de sentiments. L'Algérie doit privilégier ses intérêts, comme c'est le cas de la France ou d'autres pays, car les opérateurs – qu'ils soient arabes, algériens, chinois, russes, français ou américains iront là où les contraintes sociopolitiques et socio-économiques sont mineures, leur objectif étant de réaliser le profit maximum. Malgré sa désindustrialisation, la France demeure la deuxième puissance économique en Europe derrière l'Allemagne. Les échanges entre l'Algérie et la France sont en nette diminution et donc loin des potentialités, les importations françaises de biens algériens restent composées en majorité d'hydrocarbures. Les principaux postes d'exportations françaises vers l'Algérie sont en recul étant souvent des produits agricoles des équipements mécaniques – pièces détachées et matières plastiques, du matériel de transport, des produits chimiques et des produits pharmaceutiques. Pour consolider les relations, il y a lieu d'intensifier les échanges économiques sur la base d'un partenariat gagnant–gagnant, de renforcer leur coopération, en priorité sur les secteurs d'avenir : le numérique, certains segments de l'industrie, les métaux rares, la santé, l'agriculture le tourisme et l'éducation, les dernières mesures de la France pénalisent injustement les étudiants. Dans le domaine de l'énergie, l'Algérie, sous certaines conditions pouvant doubler ses exportations de gaz vers l'Europe horizon 2020, étant un acteur stratégique dans son approvisionnement énergétique ; les axes de coopération peuvent être la transition énergétique dans les domaines du gaz bio et de l'hydrogène – et de lancer ensemble un programme de recherche d'innovation technologique sur la récupération et le traitement du gaz de torchage. C'est que l'attractivité du marché algérien découle des avantages comparatifs suivants : la proximité géographique des marchés potentiels d'Europe, d'Afrique et du Moyen-Orient ; la taille du marché intérieur étant estimée à plus de 47 millions de consommateurs ; des richesses naturelles importantes ; des ressources humaines de qualité ; un endettement extérieur inférieur de moins de 3% du PIB et des réserves de change relativement appréciable. N'oublions pas le nombre de résidents d'origine algérienne dans le monde et notamment en France, ne devant pas être l'objet des tensions politiques, recélant d'importantes potentialités intellectuelles, économiques et financières. La promotion des relations entre l'Algérie et sa communauté émigrée peut mobiliser à divers stades d'intervention l'initiative de l'ensemble des parties concernées, à savoir le gouvernement, les missions diplomatiques, les universités, les entrepreneurs et la société civile. 3.- Pour de nouveaux réseaux afin de favoriser un climat apaisé En ce XXIe siècle, ce ne sont plus les relations entre chef d'Etat à Etat ou de ministre à ministre qui façonnent les relations internationales mais les réseaux nouveaux tenant compte de la transformation tant de la société algérienne que française. Aussi, les anciennes relations ayant peu ou pas d'impacts, je déplore la faiblesse de nouveaux réseaux pouvant permettre un climat apaisé entre l'Algérie et la France. Ne devant pas occulter le devoir de mémoire, chaque pays ayant ses propres contraintes politiques et économiques, espérons que les tensions actuelles seront surmontées afin de permettre de promouvoir l'esprit de paix, d'amitié, d'excellence, d'ouverture d'esprit et d'unité entre l'Algérie et la France tous deux acteurs stratégiques du pourtour méditerranéen, une mer qui, depuis trois mille ans, a vu la naissance de grandes civilisations, religions, cultures et traditions. Aujourd'hui, le monde subit une profonde reconfiguration géostratégique, couplée au réchauffement climatique où rien ne sera plus jamais comme avant. Comme je l'ai fortement souligné lors du sommet de la société civile, qui est au centre de la coopération euro-méditerranéenne et euro-africaine, tenu à Marseille le 24 juin 2019 – où j'ai présidé la délégation algérienne et donné une conférence sur les enjeux géostratégiques en Méditerranée en présence du président Emmanuel Macron, en tant que président de la commission transition énergétique des (5+5)+Allemagne, qui a réuni les ministres des Affaires étrangères, dont l'Algérie, le FMI, la Banque mondiale et les représentants de la Commission européenne –, il s'agit de préparer l'avenir par le respect mutuel afin de contribuer – ensemble – à la stabilité régionale et au co-développement grâce au dialogue des cultures et la tolérance – source d'enrichissement mutuel. Abderrahmane Mebtoul Pr des universités