Cette rare photographie aérienne, prise avant l'indépendance, nous replonge dans une époque où la ville de Médéa vivait les prémices de ses grandes mutations. Au cœur du quartier Msallah, on distingue le chantier du nouvel hôpital, entouré encore de vastes espaces agricoles, de vergers et des haouchs traditionnels. À droite, avant l'intersection menant vers Ktiten, se trouve le haouch des Bouahmed ; en dessous, le haouch des Ali Kacem. Tout en haut, au milieu d'une petite verdure, apparaît le cimetière des Ghorba, bordé de vignes et d'arbres fruitiers. Médéa avait alors encore le visage d'une ville à dominante rurale. En 1969, le président Houari Boumediene lance le plan spécial de Médéa, doté d'une enveloppe colossale de 110 milliards de centimes, suivie de rallonges supplémentaires pour la wilaya. Ce plan transforme radicalement le paysage : un collège, un complexe sportif, des cités OPGI, des directions administratives (agriculture, éducation), plusieurs lycées, de nouvelles artères et, plus haut, des villas particulières considérées à l'époque comme somptueuses. Ce plan incarnait la force d'une ambition : doter la ville d'infrastructures modernes, améliorer les services et répondre aux besoins sociaux. Mais son exécution rapide a eu pour effet d'effacer une partie de l'identité agricole et patrimoniale, remplacée par une urbanisation parfois brutale. Aujourd'hui, cette photographie n'est pas qu'un document d'archives. Elle est une mémoire visuelle, rappelant le passage d'une Médéa paysanne à une ville moderne, et invitant à réfléchir sur l'équilibre entre développement et préservation du patrimoine.