L'Algérie aborde une étape déterminante dans un contexte marqué par des défis économiques et sociaux particulièrement lourds. Si le pays a dû composer, en 2025, avec un déficit public notable, une inflation persistante et une dépendance encore importante aux hydrocarbures, il faut également reconnaître que l'action gouvernementale s'inscrit dans un environnement international volatil et dans un climat social où la moindre décision économique peut avoir des répercussions sensibles. Le budget 2025 a mis en évidence l'ampleur des contraintes auxquelles l'exécutif est confronté : un déficit qui dépasse les 8 000 milliards de dinars, une masse salariale représentant plus du tiers des dépenses publiques et des recettes toujours largement tributaires des hydrocarbures. Ces indicateurs reflètent les limites d'un modèle économique qui tente de se réformer tout en maintenant un équilibre social indispensable. Il serait cependant réducteur de juger ces déséquilibres sans tenir compte des pressions extérieures : baisse de la demande énergétique mondiale, fluctuations du prix du baril, hausse du coût des importations, tensions régionales et incertitudes géopolitiques. Dans ce contexte délicat, le premier magistrat du pays s'efforce, selon plusieurs observateurs, d'agir avec un certain sens du pragmatisme : soutenir le pouvoir d'achat, préserver les équilibres sociaux, tout en cherchant à amorcer des réformes nécessaires mais souvent sensibles. Certaines mesures adoptées ou envisagées — contrôle des importations, maintien d'un taux de change géré, recours au financement intérieur — s'inscrivent dans une logique de protection à court terme. Elles évitent des chocs brutaux pour la société, mais peuvent aussi engendrer des effets secondaires : tensions sur certains produits, difficultés pour les entreprises ou maintien artificiel de certains équilibres. Pour 2026, les autorités affichent une volonté déclarée d'assainir progressivement les finances publiques : réduction ciblée du déficit, amélioration de la fiscalité, rationalisation des dépenses et soutien accru aux secteurs productifs. Le défi reste toutefois de taille : avancer vers la modernisation de l'économie tout en préservant la cohésion politique et le climat social, dans un pays où la demande de stabilité demeure élevée. L'enjeu de la loi de finances 2026 dépasse ainsi les simples arbitrages comptables. Il s'agit de tracer une voie qui concilie réformes et sérénité sociale, réalisme économique et attentes populaires. Un chemin étroit, mais que l'Algérie semble décidée à emprunter avec prudence et sens des responsabilités.