La criminalisation de la colonisation française en Algérie (1830-1962) revient sur les devants de la scène en Algérie. Concrètement, un projet de proposition de loi sera débattu, dimanche prochain, en plénière à l'Assemblée nationale populaire (APN). Pour en situer les enjeux de ce projet, l'émission « L'invité du jour » de la Chaîne III de la Radio Algérienne a reçu, ce jeudi, Maître Fatima-Zohra Benbraham, avocate et chercheuse en droit de l'histoire. D'emblée, Me Benbraham qualifie le projet de proposition de loi visant à criminaliser l'ensemble des faits de la colonisation française en Algérie de «second événement d'importance après l'indépendance », arguant que « si la colonisation s'est arrêtée en 1962, la pensée coloniale, elle, est toujours là, grave et pernicieuse ». « La pensée coloniale, c'est quoi ? Beaucoup de gens ne savent pas ce que c'est, parce que c'est quelque chose qui ne se sent pas, qui ne se voit pas, mais qui nous pénètre comme un véritable poison. C'est une politique qui n'est pas accompagnée d'une violence et d'armes, comme se fait la colonisation, mais c'est une colonisation par la pensée. C'est beaucoup plus pernicieux et plus grave, parce que ça maintient l'emprise coloniale dans une société nouvellement indépendante», explique-t-elle. La France, ajoute l'avocate Benbraham, considère que « l'Algérien ne doit pas comprendre, ne doit pas savoir et ne doit surtout pas se défendre », pour faire croire que la colonisation était une œuvre de civilisation : «c'est ce que font certains politiques, qui sont pour moi des politicards parce qu'ils n'ont même pas pris le soin de lire ne serait-ce qu'un seul livre d'histoire écrit par leurs propres concitoyens, qu'ils soient généraux, chercheurs ou autres, et ils viennent faire des gorges chaudes dans les plateaux de télé en disant que l'Algérie n'était rien et nous l'avons construite », or rétorque-t-elle « les chercheurs ont prouvé que la France a détruit l'Algérie ».