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Le village de Tizi El-Karn renoue avec Timezrit
B?ja?a : apr?s trente-cinq ann?es
Publié dans La Nouvelle République le 12 - 01 - 2009

Trente-cinq années d'oubli, de repli sur soi, n'ont pas permis d'effacer de la mémoire collective des Aït Amar, cette grande fête des retrouvailles où joies et couleurs se mêlent à un grand bonheur et une béatitude que seule Timezrit (la grande immolation) pouvait offrir à ce grand village de Tizi n'semlal, ou Tizi El-Korn de Taourirt Ighil.
Timezrit, Lawziaâ, Touiza, Timezla… c'est ce grand sacrifice ou cette immolation collective que nombreuses régions de l'Algérie profonde pratiquent depuis des lustres à chaque événement marquant. Au lancement d'une campagne agricole, elle est désignée par Lawziâa U sahal (l'immolation de départ ou de lancement). Celle-ci peut également survenir lors d'une fête religieuse, à ce moment, son appellation peut être Timecret ou la waâda n-taâchurt (le sacrifice d'El-Achoura) qui survient au dixième jour de Moharram de l'an de l'Hégire. C'est un rite inscrit et ancré dans les mœurs des villageois, il se distingue davantage comme un acte social de haute importance pour sa convivialité, sa parfaite communion. Une action de haute portée décidée par la djemaâ (association de sages) qui interpelle tout un chacun mais davantage les riches qui contribuent dans une large mesure à travers dîmes, offrandes pour l'achat de bœufs dont le nombre est déterminé en fonction de la population du village. Un rite que nombreux villages ont dû abandonner pour nombreuses raisons. Mais essentiellement pour sa gestion difficile à de nombreux égards, et coûteuse. Cet abandon a laissé un vide qui s'est creusé au fil des temps entre les membres du village que rien n'a pu combler. Le réhabiliter devenait dès lors un appel de la mémoire et de la fraternité. Le geste des Aït Amar est, donc, davantage un affront au temps et à l'oubli, aussi ont-ils pris leur courage, leurs responsabilités de ressusciter l'Achoura à travers son immolation qui donnait tout son sens à cette fête. Une grande fête qui tisse les liens, réunit les membres à travers des retrouvailles après de longues absences, autant chaleureuses qu'émouvantes, où se mêlent larmes de joie et tristesse et se confondent dans la grande liesse. Six associations ont rendu possibles ce grand rendez-vous et ces retrouvailles, de l'année après trente-cinq années d'absence, sept bœufs ont été achetés d'une «tirelire» commune aux 180 familles pour un pactole de 1 500 millions de dinars. Les bœufs ont été égorgés dans un élan de solidarité peu commun, où chacun a mis la main à l'ouvrage.
Tandis que les hommes s'affairaient au partage dans l'équité la plus totale, les femmes, quant à elles, plus belles que jamais avec leur djebbas (robes) de soie colorées et brodées de tissefifines (zigzag) multicolores. Drapées de leurs foutas (écharpes) et couvertes de mendils (foulards) dont les couleurs singulières et propres à la Kabylie distinguent. Le khôl (fard noirâtre) dessinant le contour de leurs yeux, et l'agoucime (ronce de noix) blanchissant leurs dents) et gencives, poussant des youyous stridents, à redonner courage à ces hommes que le dur labeur a éreintés.
Chacune d'elles, et pour la grande circonstance a préparé de ses meilleures spécialités du terroir bwâgag (crêpes) sfendj (beignets) Aghrum u tagîn (galette) seksou (couscous) autant de bons mets qu'elles distribuaient aux gré de leur passage entre les foules, aux vieilles, aux enfants. Ces derniers couraient dans tous les sens pour aller recevoir ces délices à travers des courses dont ils ont fini par oublier la fatigue.
Lors du partage de la viande, on s'arrangeait pour constituer des parts qui contenaient un peu de tout y compris du foie, du cœur, du bouzelouf, qu'on assemblait par familles, que chaque membre venait récupérer dans un ordre quasi religieux et de bienséance. Une fois ce cérémonial terminé, où même les peaux retrouvaient leurs preneurs respectifs, chacun retourne chez lui pour préparer son propre repas.
En soirée, les jeunes, comme pour ponctuer l'événement et le faire durer davantage, ont fait appel à une soirée festive. Toutes les familles venaient par groupes y assister et veiller jusqu'à une heure tardive de la nuit. Monumentale journée pour les Aït Amar connus pour leur grandeur et esprits austères qui, encore une fois, ont pris victoire en forçant sur le temps qui les a déviés et plongés dans l'oubli.
Ils se sont ressaisis pour replonger cette fois dans une fête qui fut et qui est la leur. Il reconnaissait avoir quelque peu lâché mais pas oublié.
Une victoire, une autre, à inscrire dans la postérité et l'histoire millénaire de ce village qui en compte par ses grands hommes tant d'autres victoires. Et, tant qu'il y aura des hommes, des journées pareilles arrachées à un destin cruel, reviendront à eux, à leurs semblables. Bonne fête bonnes gens.


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