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Des paramètres culturels–linguistiques interdépendants inhérents à l'algérianité mosaicale-plurielle (IX)
Algérie
Publié dans La Nouvelle République le 27 - 01 - 2010

Dans le théâtre, il y a une rigueur linguistique. La langue du théâtre n'est pas la langue de la rue. Par contre, à la télé c'est plus qu'une langue naturaliste. Et c'est là que rentrent les dialoguistes en jeu, pour rendre la langue plus souple de façon à ce que les mots ne collent pas aux dents des acteurs.(…). On a essayé de retravailler le dialogue, trouver les mots justes. J'ai essayé d'apporter une certaine souplesse, pour que ce ne soit pas trop guindé ni trop racoleur. Mais pour le choix de cette langue, c'était une exigence de la production, pourtant «la langue algérienne est très «patchworkée», très savoureuse. Nous sommes un des rares peuples qui a cette faculté, extraordinaire, de rire de lui-même, et l'humour est véhiculé par la langue. Les jeunes le font avec énormément de bonheur, en pratiquant un humour noir pour exorciser le mal qui les ronge, et cela dérange énormément le pouvoir» (in interview d'El Watan du lundi 08 octobre 2007).
Le malhoun , transcripteur de l'oralité populaire immémoriale
Le maghrébi est, en effet, un idiome pourvu extraordinairement de vertus spirituelles et humoristiques, qu'on ne croise que trop souvent, à travers la multitude de poèmes du Malhoun, de récits de sagesse populaire en dialectal, de chants, discussions des «djemaa», etc, une source d'inspiration langagière où puisent, notamment, les arts populaires de l'oralité et de la poésie Melhoun, de chanson, du théâtre, du cinéma, etc., usant du dialectal pour s'adresser au plus grand nombre possible des couches populaires, dans leur majorité analphabètes. Ce n'est, évidemment, pas la langue arabe fusha qui est utilisée pour atteindre les masses, mais l'arabe dialectal, ou la daridja, après les constats d'échecs de l'usage de l'arabe littéral dans certaines pièces théâtrales et, à l'inverse, le succès foudroyant du langage populaire des quartiers de Bab El Oued (Alger) dans le cinéma (cf. Omar Gatlato, de Merzak Allouache, datant des années 70) ou, encore, dans la chanson chaabi, rai et, aujourd'hui, rap moderne. Ce qui a encouragé la tendance qui s'est faite jour, cherchant un point d'équilibre entre l'arabe littéral mal assimilé - généralisé, et l'arabe dialectal, parfois très diversifié suivant les régions, aux fins de parvenir à ce qu'on appelle «langue intermédiaire», ou langage de compromis commun, qui, comme l'illustrent plus ou moins, entre autres, les discours poétiques et dramatiques du rap et du théâtre populaire algérien d'aujourd'hui, pointe progressivement à l'horizon. Comme pour répondre aux vœux des nouvelles générations montantes, de plus en plus conscientes de l'importance identitaire de leur langue native du Maghrébi populaire, ou daridja ancestrale, renouant notamment avec le Zajel Andalou, car «nos «dialectes» et le zajel sont une et même langue. Et la marginalisation linguistique de nos langues natives continue de sévir près d'un demi-siècle après que le Maghreb ait été affranchi du joug colonial ! Voilà pourquoi toute continuité avec la société andalouse a été perdue. Tout au plus, reste–t-il une bibliothèque.
Ce qui ne signifie pas que les recherches, dans ce contexte, ne se poursuivent pas, bien au contraire. De même que s'effectuent et s'organisent, de temps à autre, des rencontres, colloques, conférences, débats, etc., sur la langue de la daridja populaire, son puissant impact socioculturel identitaire et, notamment, son rapport avec la langue arabe officielle dans l'écrit artistique et romanesque. C'est, principalement, autour de ce dernier thème qu'ont tourné les débats du récent colloque du Haut Conseil de la langue arabe du mois de mai 2008, sous la présidence du Dr Larbi Ould Khelifa, et auquel ont pris part des écrivains, critiques algériens notoires , connus pour leurs œuvres littéraires, études ou travaux de traductions, tels Rachid Boudjedra, Merzak Begtache, Amar Azredj, Ahmed Menour…
Ces derniers, participant à une table ronde à propos du «langage de la créativité et la créativité de la langue dans le roman algérien comme exemple», considéreront tour à tour, d'un commun accord, que la langue de la daridja, et sa particularité populaire dialectale, sont tout à fait en usage dans l'idiome de leurs écrits, sans que cela nuise à leur style, qui, au contraire, répond mieux ainsi à leurs préoccupations d'une plus grande approche de la réalité tangible de leurs environnement et originalité. Faisant, chacun, part de son expérience, le romancier Boudjedra, faisant état des rapports interactionnels entre le langage de la société et la langage du roman algérien, soulignera que la langue est le socle de la créativité et il appartient au créateur d'avoir la capacité de se constituer un dictionnaire particulier, qui le distingue des autres écrivains littéraires. Ce qui caractérise le style particulier, ou le langage propre à chaque romancier, ou homme de lettres, lui permettant d'élaborer son œuvre de la façon qu'il voit convenable. L'auteur de «L'escargot entêté» témoignera ainsi, de son expérience personnelle, après les premières années de l'indépendance, durant lesquelles il avait écrit, dira-t-il, inconsciemment pour le peu de lecteurs qui lisaient en arabe, dans ses écrits même de graphie française. Rachid Boudjedra est connu pour être un écrivain notoire d'expression française, et quand il se mit à écrire également en langue arabe, confiera-t-il, il n'éprouva aucune difficulté à employer nombre d'expressions du langage populaire dialectal qui, selon lui, a influencé grandement le roman, contribuant à mieux restituer, ainsi, les spécificités de la réalité algérienne.
Faisant part, également, de sa propre expérience dans ce contexte, le romancier Merzak Begtache considérera que «le roman représente une sorte d'aboutissement de la connaissance humaine, sa quintessence même», ajoutant «le romancier s'emplit, intérieurement, avant de passer à l'écrit, et la langue de l'écrit est ce qui le préoccupe le plus, en premier lieu, avant toute autre considération préalable, qu'elle concerne la société, l'histoire, ou les symboles». Begtache déclarera notamment: «J'éprouve, dans l'époque que je vis, des difficultés à trouver un style d'écriture proche de celui de At-Tawhidi, ou El Djahedh, à leur période», l'auteur de «Azzouz le caporal» (roman en daridja populaire) n'ayant eu que l'alternative de recourir à l'usage de la langue populaire dialectale, traduisant parfaitement sa profonde sensibilité. Et, ajoutera-t-il : «comme nous étions tenus de présenter au lecteur une matière de lecture traduisant, en même temps, ces mêmes préoccupations, il ne nous restait plus qu'à renforcer l'atout émotionnel de la langue arabe par l'apport de la langue populaire dialectale, surtout que le lecteur algérien est fortement influencé par les lectures des textures populaires». Merzak Begtache ira, même, jusqu'à considérer, parfois, la langue populaire de la daridja plus apte que la langue littérale arabe (fossha) à exprimer l'univers romanesque algérien, arguant du fait qu'il existe des expressions du dialectal populaire qui n'ont absolument aucun équivalent dans la langue arabe officielle... Ce paramètre constitue, à n'en pas douter, un élément d'enrichissement, non négligeable, pour l'œuvre romanesque algérienne et, tout autant, dans les autres productions littéraires, théâtrales, dramatiques, scénaristiques, destinées à l'audiovisuel, etc…
Pour clore, nous partageons entièrement l'avis du linguiste Abdou Elimam, qui souligne, à juste titre : «chaque langue est détentrice d'un potentiel qui lui est insufflé par le truchement de la communauté linguistique qui la parle. Les langues naissent avec les hommes, elles ne sont pas la création volontariste des hommes. Jamais une langue de laboratoire n'est parvenue à se doter des attributs psycho- cognitifs, aucune n'a pu se doter d'un soubassement opératif. Par conséquent, si une «langue» échoue, c'est qu'il lui manque certains attributs natifs. Ni plus, ni moins. Cependant, il existe bien des langues natives qui disparaissent.
La raison est que leurs locuteurs meurent. Mais les langues naissent, également, par nécessité pour une communauté. Il en a été, ainsi, en Afrique du Nord, avec le substrat punique qui a donné naissance à la langue maghrébie.
Langue majoritaire, consensuelle, et pourtant boudée par les gouvernants maghrébins !» (Abdou Elimam, in L'exception linguistique en didactique, p.50-51, éd. Dar El Gharb, Oran 2006).
(A suivre)


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