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Mohamed Fellag, souvenirs d'enfance
« Nous ne sommes pas des chameaux ! »
Publié dans El Watan le 09 - 02 - 2006

Dans son dernier spectacle, Fellag revisite son enfance à travers le prisme du cinéma.
Votre spectacle Le dernier chameau est en tournée en France depuis juillet. Vous avez quatre soirées au Grand Théâtre de la ville d'Angers et vous jouez à guichets fermés, sans publicité. Expliquez-moi ce phénomène.
J'aimerai reprendre une jolie phrase du directeur du théâtre de Lausanne, où je passais depuis trois soirs. Il m'a dit : « Heureux l'artiste qui remplit les belles salles sans l'aide de la télévision. » Nous sommes une palette de comédiens à réussir de cette manière, nous sommes dans la même catégorie, nous sommes dans la catégorie du théâtre populaire, loin de ce que l'on appelle le one man show système. Nous ne sommes pas dans les codes de stars système. Les sujets que nous abordons relèvent d'une autre sorte d'écriture, personnelle, et le public du théâtre, c'est un public ouvert, un public qui se documente, qui s'informe. Il faut dire que nous passons dans des émissions à teneur culturel et non « People ».
J'ai été très sensible au fait de sentir une vibration particulière chez ce public français. En 2003, vous avez reçu le prix Raymond Devos, pour l'excellence de l'humour dans la langue française. Quel est votre rapport avec la langue française ?
Je suis ce que nous sommes. Le produit d'une histoire qui nous a fabriqués. Je fais partie d'une génération d'Algériens confrontée à une histoire coloniale, dont les règles de conduite étaient l'école en français. Mes premiers émois étaient en français. Je parle des premiers émois intellectuels. Donc, j'ai eu la chance, comme des centaines de milliers d'Algériens d'être passé dans la langue française de manière, disons ... naturelle. C'est une langue qui a servi de tremplin pour une ouverture sur le monde pour moi. J'ai donc une affection profonde pour cette langue, comme j'ai de l'affection pour les langues de ma structure la plus profonde, l'arabe et le berbère. J'avais dit lors de la remise de ce prix que la langue berbère est mère, l'arabe ma sœur et la langue française ma meilleure amie.
La question du rapport aux langues m'interpelle. Vous êtes ce que nous sommes tous, un mélange de langues, arabe algérien, berbère, français. Alors, dites-moi, comment vous travaillez pour créer des textes quasi plurilingue aussi hilarants ?
Justement, je me suis frotté très tôt à cet univers pluri linguistique au corps à corps, à Alger, Oran, Tizi Ouzou. Ces langues sont mêlées à la société algérienne, elles font partie du peuple. Quand j'ai décidé d'en faire un matériau pour mes spectacles, j'avais conscience de l'humour que ces trois langues pouvaient provoquer entre elles, car la base de l'humour, ce sont des accidents de situation, deux univers différents qui sont provocateurs d'humour. A partir du moment où nous possédons ces langues, où chacune d'elles véhicule une sensibilité, un rythme, des allusions culturelles différentes, quand on les malaxe, cela produit cet effet syncrétique, cela provoque le grotesque et le rire.
Etre en possession de trois langues de manière naturelle, c'est donc une chance ?
Absolument !
Lors de l'écriture de votre spectacle, est-ce que vous faites de la traduction, de la translation, ou êtes-vous habité par toutes ces langues au point où vous ne vous rendez pas compte du passage de l'une à l'autre ?
J'en suis conscient ! Et je joue de cette conscience, le fait que ces trois langues peuvent produire poésie et humour, mais dans le même temps, vous avez raison, je le fais de façon très naturelle.
La question des langues a toujours été un grand débat en Algérie, un point sensible. Le français est toujours présent au quotidien, quel est votre sentiment à ce sujet ?
Je crois que la langue est un matériau, un moyen pour communiquer, pour agir, pour mettre des mots sur des idées. L'être humain utilise les langues qu'il a à sa disposition pour aller le plus vite possible vers le sujet de son désir, cela dans un but économique, philosophique, social, alors il utilise la langue qui lui permet de dire le mieux ce qu'il a à dire. Si le français est présent, il faut aussi que les autres langues deviennent des langues de modernité. Il n'y a pas une langue mieux qu'une autre. Il y a aujourd'hui les langues de la modernité.
Vous avez publié un roman en 2001, des nouvelles, vous êtes sur les planches. L'écriture est un travail de solitaire, alors, pourquoi ce grand écart ? Quel besoin ?
Je crois que cela se rejoint. C'est un grand écart. Les spectacles partent aussi d'un moment de solitude, d'écriture, d'introspection solitaire. Elles aboutissent à un spectacle certes. La différence réside dans le fait que dans l'écriture pour le théâtre, on imagine le public, comment lui raconter telle ou telle histoire, quel style adopter, quelle couleur choisir, les deux écritures sont éloignées mais proches.
Tizi Ouzou, Alger, Paris, Angers... Quel regard portez-vous sur ce long chemin de création et d'exposition de votre être le plus intime ?
Je crois que l'artiste travaille sur son propre déséquilibre, sur le déséquilibre de sa société. Quand quelque chose ne va pas, n'est pas droit, on essaie de creuser pour raconter ce déséquilibre. Mes spectacles d'aujourd'hui en France ne sont qu'une suite logique de mes inquiétudes par rapport aux déséquilibres de notre société. En France, dans le dernier chameau, ce qui m'intéresse, c'est de traquer le grotesque que pouvait produire le colonialisme dans le fin fond de notre être.
A ce propos, quel est votre point de vue sur la loi qui souligne les bienfaits du colonialisme en Algérie et ailleurs ?
Je l'ai déjà dit dans la presse française. Cette loi est totalement ridicule pour une nation comme la France, forte de ses institutions et de son socle démocratique, d'aller chercher dans la préhistoire des éléments de valorisation de sa propre histoire. Elle remue le couteau dans la plaie des peuples déjà profondément blessés, qui n'avaient pas besoin de cela. La France a des moments de doute, elle a d'autres choses à entreprendre, elle doit trouver des solutions ailleurs.
Et le Traité d'amitié Algérie France ? Votre point de vue ?
Si un tel traité est sincère des deux côtés, et s'il peut apporter des éléments d'union et aider à ce que les deux peuples si proches aient une vision nouvelle les uns des autres, alors je le salue avec joie.
Fellag, votre rôle dans ce contexte ?
Notre rôle en tant qu'artistes qui voulons apporter un souffle nouveau, c'est celui de décoloniser les clichés que la société française a de nous, c'est-à-dire celui de « dé-chameau- iser ».


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