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Ou le roi malheureux du caoutchouc (II)
Charles Goodyear (1800-1860)
Publié dans La Nouvelle République le 21 - 04 - 2010

Pour l'inventeur, la déception était cruelle ! Mais ce que lui a dit le directeur de la Roxbury India Rubber Co. le convainc de changer son fusil d'épaule : plutôt que de travailler à la mise au point de nouveaux produits, il cherchera à stabiliser le caoutchouc, première étape indispensable vers le développement de nouvelles applications industrielles.
Un intérêt grandissant pour le latex
Il n'était, d'ailleurs, pas le seul à le faire. Cette même année 1834, les chimistes allemand, Friedrich Ludesdorf, et américain, Nathaniel Hayward, découvrent que l'addition de soufre à la gomme de caoutchouc éliminait la nature collante des produits finis. Un premier pas important vient d'être franchi. Mais il ne règle en rien la principale difficulté : celle de la résistance aux écarts de température. Cinq ans durant, Charles Goodyear travaille d'arrache-pied à la résolution de ce problème. Cinq années de difficultés et d'espoirs déçus. Comme ce jour de 1836 où, croyant avoir, enfin, mis au point la bonne formule, il fabrique dans sa cuisine des centaines de couvre-chaussures en caoutchouc séché avec de la poudre de magnésie... qui fondront en une pâte difforme avant même d'être vendues.
De nouveau, la misère...
En 1837, la situation de l'inventeur était devenue désespérée. Incommodés par l'odeur pestilentielle qui émane de chez lui, ses voisins ont exigé qu'il déménage. C'est à New York que Charles Goodyear et sa famille ont trouvé refuge. Ayant convaincu quelques hommes d'affaires de New York et de Boston de financer ses recherches, il parvint à décrocher un contrat pour la production de sacs postaux fabriqués à partir d'un mélange de caoutchouc et d'acide nitrique... Mais tous ont fondu au soleil ! En 1838, totalement dépourvu de moyens, il s'installa avec sa famille dans une minuscule maison de Woburn. Touchés par ses malheurs, les fermiers des environs donnèrent du lait à ses enfants et le laissèrent ramasser quelques pommes de terre...
·La «découverte» accidentelle de la vulcanisation, au cours de l'hiver 1839, aurait pu, enfin, le sortir de la misère. En fait, il n'en fut rien. La simple cuisson de caoutchouc et de soufre est, en effet, trop grossière et ne permet pas d'obtenir une matière homogène. Les trois années qui suivirent sont les pires de sa vie. Souffrant de dyspepsie et de goutte, sans le sou, il poursuivit ses expériences en béquilles. Une nouvelle fois, il est jeté en prison pour dettes. Six de ses douze enfants meurent en bas âge, victimes de malnutrition. En 1842, enfin, il découvre que l'application de vapeur sous pression à du caoutchouc mêlé de soufre permet d'obtenir un matériau parfaitement uniforme. Cette fois, le succès était à portée de main. Avec l'aide de son beau-frère, un riche tisserand qui l'a soutenu aux heures les plus noires, il crée une manufacture de fils de caoutchouc pour la confection de tissus gaufrés, très en vogue alors pour les chemises d'homme. Le procédé rencontre un succès immédiat. Hélas pour lui, Charles Goodyear ne sait pas en profiter. Dès 1844, il vendit ses parts dans la manufacture et retourna à ses expériences : billets de banque, instruments de musique, cartes de visite, chapeaux, vestes, cravates, ressorts, roues, canots de sauvetage... En l'espace de quelques années, il multiplia les inventions.
Charles Goodyear était convaincu que le caoutchouc offrait d'immenses possibilités mais il ne tirera aucun profit ou presque de ses intuitions. Totalement dénué de sens commercial, il signait des contrats de licence qui lui sont ridiculement défavorables. Ayant tardé à déposer un brevet pour la vulcanisation, il se fit souffler la politesse par l'Anglais Thomas Hancock. C'est lui qui baptisera le procédé «vulcanisation», en hommage à Vulcain, le dieu romain du feu. Les dernières années de sa vie, Charles Goodyear les passe en d'innombrables procès -- 32 au total - contre ceux qu'il appelait les «pirates de brevets». Ces procédures achèvent d'engloutir les maigres sommes qu'il avait mises de côté. De passage à Paris dans les années 1850, il fut emprisonné seize jours pour n'avoir pu régler sa facture d'hôtel. A sa mort en 1860, ses dettes atteignaient 200 000 dollars.
L'essor du caoutchouc au XIXe siècle
A cette date, l'industrie du caoutchouc était sur le point de commencer son formidable essor. Dans les années 1870, d'innombrables usines, en Europe et aux Etats-Unis, s'employaient à fabriquer des articles à partir du précieux liquide blanc. En 1876, pour mettre fin au monopole brésilien de la production de latex, l'explorateur anglais Henry Wickham aménagea, à Ceylan, les premières plantations d'hévéas. Elles se multiplièrent par la suite dans toute l'Asie du Sud-Est. En ex-Indochine française, les premières plantations furent créées dans les années 1890. Au milieu des années 1920, la production atteindra déjà plus de 10 000 tonnes par an, faisant du caoutchouc l'une des toutes premières cultures spéculatives d'Indochine. A cette date, cela fait longtemps déjà -- très précisément depuis qu'en 1888 John Boyd Dunlop a déposé son brevet -- que le caoutchouc est utilisé pour une nouvelle application promise à un bel avenir : le pneumatique. Ultime clin d'œil de l'histoire : en 1898, une firme de pneumatiques est fondée aux Etats-Unis : la Goodyear Tire & Rubber Company. Elle n'avait aucun rapport avec l'inventeur de la vulcanisation ou un quelconque de ses descendants. Du moins, permet-elle de perpétuer le souvenir et le nom de celui qui avait voué sa vie aux mystères du caoutchouc...
(Suite et fin)


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