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L'expérience algérienne
Quelle est la place de la femme dans le monde du travail et de l'entrepreunariat ?
Publié dans La Nouvelle République le 06 - 11 - 2010

Je livre quelques axes directeurs sur un sujet capital qui engage l'avenir de l'Algérie tout en recommandant un autre travail de recherche sur ce même thème, qui m'a fortement inspiré, de Zoubida Haddad qui a consacré de nombreuses analyses à ce sujet. L'analyse de l'entreprenariat féminin est intiment liée à l'analyse du marché du travail et du salariat, d'une manière générale, et de la place de la femme au sein de la société. Si le travail est au coeur de la construction de la société, il est particulièrement au centre de la consolidation de l'autonomie de l'individu, notamment de la promotion de la situation de la femme en tant que personne et en tant que citoyenne. Intégrer la femme dans le monde du travail implique un cadre adapté également aux coutumes.
Problématique théorique
Les différentes recherches en sciences sociales affirment souvent que le développement d'une société se mesure au degré d'implication de ses femmes. Avec l'émergence des femmes dans l'espace social et politique, la question de l'entreprenariat féminin devrait être posée dans le cadre de la problématique du développement et de la transformation générale de la société, étant au sein du carrefour de la pluridisciplinarité entre la psychologie et la sociologie du travail. Dans la recherche universitaire, cette question de la valeur émancipatrice du travail existe quatre visions comme le montrent Zoudida Haddad et Aïcha Dif dans leurs travaux de recherches.
1) La première thèse, liée à la problématique du développement est celle qui considère que l'arrivée dans le monde du travail des premiers contingents de femmes est le point de départ d'un mouvement évolutif et irréversible qui ne peut que changer la conscience qu'ont les femmes d'elles-mêmes, celles qui travaillent comme celles qui ne travaillent pas, et constitue un atout majeur dans la conquête de l'espace social et politique. Selon cette thèse, ce sont les femmes qui travaillent, quelle que soit la nature de l'activité exercée, qui s'intéressent le plus à la vie sociale et politique, qui votent davantage et de manière plus autonome. C'est parmi elles aussi que l'on trouve le pourcentage le plus élevé de femmes satisfaites, le revenu, essentiellement salarial des femmes, la scolarisation massive des filles constituant des facteurs de changement dans les rapports de sexe dans une société qui n'avait connu que le travail des paysannes.
2) La deuxième version s'appuie sur une critique des catégories utilisées par l'Office national des statistiques et conteste d'abord la progression du travail féminin, remettant en cause dans ses travaux la thèse du travail émancipateur à partir d'une analyse théorique globale des rapports entre travail salarié et procès de travail domestique. Selon cette approche, le projet étatique de développement et de mobilisation de la société des années 1970 a, de fait, délibérément exclu les femmes en les affectant en priorité à un procès de travail domestique issu de la destruction des anciennes formes de production et de la séparation entre l'espace de production et de reproduction. Le modèle d'industrialisation mis en place en Algérie se traduit inévitablement par une très faible salarisation des femmes, circonscrite aux grandes villes. Ainsi, «l'expulsion des femmes du système productif se complète à l'intérieur de ce dernier par une tendance les éloignant de la production». Ou encore : «La tendance la plus manifeste est leur expulsion pure et simple de la production, de l'emploi et plus globalement du champ social.» La conclusion est que l'emploi féminin, «dérisoire et marginal», a encore un autre effet négatif : il introduit une scission entre la minorité qui travaille et la majorité des femmes au foyer vouées aux rôles traditionnels dont les normes patriarcales se trouveraient renforcées.
3) La troisième vision à partir d'enquêtes au niveau des entreprises publiques est que le «travail libérateur» de la femme serait un mythe ne relevant pas d'une décision individuelle mais d'un projet de groupe et que l'enfermement à l'usine est le strict équivalent de l'enfermement à la maison. Cette vision conteste que le travail puisse être un facteur de libération ni même de changement du fait que la fonction proprement socio-économique du salaire féminin est subvertie et réintégrée dans une logique symbolique propre à la société traditionnelle, la possibilité d'indépendance économique étant neutralisée par la logique de la domination.
4) La quatrième vision plus récente est, me semble-t-il, plus réaliste. Elles essaient de réaliser une synthèse entre ces différentes approches, intégrant les analyses psychosociologues et la dualité de la société algérienne formel/informel. L'arrivée des femmes dans le monde du travail, limitée mais non marginale, a produit un mouvement irréversible d'aspiration au travail, à l'activité rémunérée et à ce qu'elle implique, c'est-à-dire une forme ou une autre d'autonomie, encore qu'existent des résistances au changement. Ce mouvement, du fait des nouvelles orientations économiques et du désengagement de l'Etat, a donné naissance à un développement sans précédent du travail informel qui prend des formes très variées, concernant un nombre de femmes beaucoup plus important que celui des travailleuses déclarées. Toutes sortes d'activités exercées en auto-emploi se développent et sont appelées à se développer. Dans cette perspective, le travail salarié a produit des effets sociaux et culturels profonds et irréversibles. Ils remettent en cause la problématique d'une sorte d'inertie des pratiques et des représentations dans le monde des femmes dans son ensemble, mettant en valeur qu'avec la scolarisation massive des filles, le travail est le paramètre essentiel du changement et ce changement a des retombées sur celles qui ne travaillent pas. Encore que cette approche met en relief le fait que le savoir social que ces femmes acquièrent et les multiples manières dont elles l'utilisent en le combinant à des matériaux puisés dans le patrimoine culturel pour construire une image de soi valorisante à la fois comme femme et comme travailleuse peuvent se trouver en butte à des manifestations de réprobation du fait de résistances socio-culturelles. Encore que, selon cette approche, avec l'évolution de la famille algérienne, qui ne vit pas en vase clos mais est influencée par des facteurs d'environnement local et international (télévisons, Internet) qu'il faille éviter le stéréotype selon lequel la famille, lieu de la tradition, emprisonne les individus et constitue toujours un frein à l'autonomie et au changement, une famille pouvant pousser ses membres féminins au changement parce qu'elle en tire des profits matériels et symboliques.
A l'inverse, comme le montrent Haddad et Dif, une femme qui fait des choix individuels en affrontant sa famille, ne s'en détache pas pour autant, ce qui signifie, bien entendu, qu'il ne peut y avoir d'un côté tradition et de l'autre innovation. Ces recherches mettent aussi en valeur la connivence mères-filles pour contrer une décision ou en faire valoir une autre, tout un ensemble de stratégies que certains sociologues qualifient de «féminisme informel».
Abderrahamne Mebtoul,


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