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La zaouïa alawiya, phare d'un Islam moderniste dans l'ambiance de son centenaire
Publié dans El Watan le 13 - 08 - 2009

Alors que la tendance lourde de la société algérienne est marquée par une islamisation qui n'a pas dépassé le stade des formes rituelles de la prière, du port du voile, de l'économie de bazar, dans cette ambiance stérile on ne peut qu'être surpris de voir une zaouiyya jaillir du lot pour nous réconforter par une lueur d'espoir.
Sous le haut patronage de la présidence de la République, la zaouïa alawiya de Mostaganem, en commémoration de son centenaire dans sa voie soufie, vient d'organiser un congrès international du 24 au 31/7/09. Combien ma surprise fût grande en prenant connaissance de son programme ! Voilà une vision et une démarche qui s'inscrivent de plain-pied dans la modernité, qui se préoccupent de questions touchant notre présent et notre avenir. Placé sous le titre de « semer l'espérance » — enfin un slogan sensé — le congrès se tient, signe significatif, dans l'enceinte de l'université. Par les thèmes abordés, la qualité des intervenants et le contenu des communications, il est très rare que notre université offre un tel symposium. Son caractère international l'a été de façon effective par la présence d'intervenants des cinq continents. Ses thèmes étaient de sept : la terre, l'éducation d'éveil, la communication et les médias, la mondialisation, la révélation, la spiritualité et le soufisme, l'avenir. La problématique posée par le congrès était que, face aux défis majeurs qui interpellent l'humanité et aux urgences planétaires auxquelles celle-ci est confrontée face à la dégradation de la qualité de vie humaine, du désespoir que suscite un capitalisme destructeur et la faillite d'un positivisme qui ne répond pas aux attentes humaines, tant dans le monde occidental que dans celui dit sous-développé, la zaouïa Alawiya propose sa voie soufie comme alternative à ce désespoir, dans un monde où l'éthique et les valeurs humaines se sont annihilés dans un matérialisme sans bornes. Etant entendu qu'elle ne se présente pas comme la seule voie exclusive, mais contribue simultanément avec d'autres voies en action aujourd'hui dans le monde à agir pour le changer. Nourrie par la mémoire et l'histoire, la voie soufie apparaît comme la plus apte de notre patrimoine islamique à relever ce défi puisqu'elle puise ses fondements des valeurs spirituelles et universelles qui tendent à transcender l'être de son égo pour qu'il se dévoue au service de la paix et de la fraternité humaine.
Le déroulement du congrès était organisé de sorte que les matinées étaient consacrées aux séries de conférences et les après-midi à la tenue des ateliers. N'ayant pu suivre les deux premières journées, je me contente de citer leurs axes, les thèmes exposés et la qualité des intervenants. Sur le thème « la terre », la séance était présidée par Djibril Sène (Sénégal), ancien ministre et ancien président de l'assemblée nationale du Sénégal et animée par les conférenciers suivants : Ahmed Boucenna (Algérie), professeur et directeur du laboratoire de recherche en physique, université Ferhat Abbas de Sétif, en traitant du sujet « Les changements climatiques, une réalité » suivi de Noêlle Poncelet (USA), docteur en psychologie, en traitant du sujet « Les défis environnementaux » puis d' Eric Julien (France), fondateur de l'école de la nature et des savoirs, géographe consultant en entreprise, en traitant du sujet « De l'intelligence du monde à l'intelligence collective : de l'art de tisser la vie » enfin, de Mohamed Bouchentouf (France), ingénieur, docteur en agronomie, directeur de projets à l'ONG Pro-natura international en traitant du sujet « Agriculture familiale et culture vivrière : pour la souveraineté alimentaire ». En gros, les questions débattues dans ce thème tournaient autour des menaces qui pèsent sur la terre en matière d'environnement et d'insuffisance alimentaire, comment sauver son écologie avec le nécessaire retour à l'agriculture bio par l'assistance de la petite paysannerie à travers des expériences vécues. Les ateliers organisés autour de ce thème réfléchissaient sur les sujets suivants : « De l'art de tisser la vie », « Projet reboisement », « Traitement de déchets », « Kit culture vivrière et biologique », « Le langage des oiseaux », « Symposium sur l'environnement » « Echanges et débats avec les jeunes : le Coran et la terre ».
Pour le thème sur « L'éducation d'éveil », ont été exposés les sujets « L'éducation dans le tasawwuf » par Larbi Djeradi, maître de conférence, université de Mostaganem, « Les fondements scientifiques du soufisme : une lecture dans les outils et les méthodes » par Mohamed Benbrika, professeur de l'université d'Alger, « Le rôle de l'éducation pour une gestion responsable de la planète » par Mr.Jacques Bregeon (France), directeur du collège des hautes études de l'environnement et du développement durable », « Le rôle de la place de l'éducation interculturelle dans le développement durable des îles de l'Océan indien » par Thierry Malbert, maître de conférence en sciences de l'éducation, université de la Réunion, « Méthode de l'éducation d'éveil dans la voie Alawiya-Darqâwya » par Abdelbaki Meftah, écrivain-chercheur, Oued Souf, « Ibn Arabi et l'éducation d'éveil » par Saâd Khémici, de l'université de Constantine, « La noblesse chérifienne, histoire et rôle dans la transmission » par Mahmoud Ahmed Houseïn Acharif (Egypte) et, enfin, « Mondialisation, religion et production du sens » par Mohamed Brahim Salhy, professeur de sociologie et d'anthropologie, université de Tizi-Ouzou.Quant au thème sur « La communication et les médias », la conférence de Moussa Benhamadi, DG d'Algérie télécom, en traitant du sujet « Les nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC) et l'éthique » posait les différents aspects de perversité de l'internet (pédophilie, malversations commerciales, courrier indésirable, xénophobie raciale, terrorisme, diffamation), la législation préventive en la matière, mettant l'accent sur ses aspects positifs, aussi, citant un cheikh soufi, malien : « Le nouveau analphabète, c'est celui ne sait pas exploiter l'internet quel que soit son diplôme ». Sous le titre : « Vers l'alliance de la société civile et les médias », Patrick Brusquet (France), directeur de l'agence Futuring Press, analyse la crise actuelle des médias, crise du récit et de la parole, qualifiés de premier gouvernement de la planète dont l'impact néfaste est que dans la matrice médiatique se fonde la génétique de nos valeurs. Pour y faire face, une nouvelle information est en train de se mettre en place.
Une information d'alliance sociale qui s'intéresse à la face cachée du monde, qui fabrique une conscience constructive. L'impact réel de cette nouvelle information sur le comportement de la société est illustré par une série d'expériences vécues dans plusieurs pays (Bénin/Texas/Sahel/Mexique/Afrique du Sud/Brésil/ Chine/Pakistan/Espagne). Alain Gresh (France), directeur adjoint du Monde Diplomatique, avec le titre : « L'Islam dans les médias européens » met l'accent sur la méconnaissance occidentale de l'islam, sur l'absence de vision par les médias d'un Islam diversifié, la question du terrorisme qui hante l'occident et une schématisation de l'Islam présenté comme une menace extérieure. La preuve est que la question de la Palestine demeure toujours analysée comme un conflit religieux. Dans le sujet : « Information et communication : la grande confusion », Alain Le Gouguec (France), rédacteur en chef à France Inter, expose avec plus de clarté la crise des médias dans le sens où le journaliste se trouve pris dans un engrenage tel que l'information passe sans vérification de sa véracité. Le danger est encore plus évident maintenant que les moyens audio-visuels classiques sont concurrencés fortement par l'internet dont l'information fonctionne « en temps réel ». Notion qui empêche de fait la vérification de l'information, c'est ce que P. Bourdieu appelle : « La circulation de la circulation de l'information ». Par sa communication : « Face aux crises : une spiritualité plus engagée », Saad Khiari (France), cinéaste, auteur, diplômé de l'IDHEC, a présenté de façon magistrale l'état des lieux du monde musulman, liant sa décadence à la fermeture de l'exégèse depuis le 10e siècle et en faisant passer la loi (El-Fiqh) sur la Foi.
De ce fait, l'innovation devient un sacrilège. A présent, il s'agit de dépasser le constat de crise de l'Islam actuel par une réflexion collective pour sortir du huit-clos en réhabilitant l'Islam par la spiritualité et l'Ijtihad (rénovation/tadjid). Sachant que l'Islam est une spiritualité et non une idéologie, ce qui présente le soufisme comme le mieux placé à prêcher l'amour, la paix. Compte tenu que le Judaïsme, le Christianisme et l'Islam puisent leur source du socle abrahamique, il s'agit de s'ouvrir à l'étude comparative de ce continuum pour un dialogue des religions, citant la parole d'Ibn Arabi « L'homme est l'ennemi de ce qu'il ignore ». Avec le sujet : « Le monde et la communication : enjeu et réalité », Nacer Mehal, DG d'Algérie Presse Service (APS), retrace les enjeux mondiaux de la communication, la nécessaire décolonisation du futur tout en soulignant le retard enregistré par l'Algérie dans sa mise en place. La journée consacrée au thème de « La mondialisation » s'entamait avec un sujet sur « L'éthique de la mondialisation : l'économie, la répartition des richesses et le micro-crédit » par Mme Keiko Takaki, de Oberin University de Tokyo. Face à la maximisation des projets par le capitalisme actuel, la conférencière propose l'expérience du CRAM/BANC sur le micro-crédit élaboré par « Younès » du Bengladesh, prix Nobel d'Economie. Cette expérience repose sur l'idée du « Bisness social » au lieu de la charité, de la maximisation de service offert aux démunis au lieu de la maximisation des profits. Elle s'est développée dans 130 pays. En Algérie, elle est appliquée par l'ANGEM, où elle n'est pas efficace du fait des tracas bureaucratiques.
L'expérience marocaine est la mieux réussie dans le monde arabe. Par ailleurs, un exemple japonais est proposé, il repose sur trois principes : un marché pour tout le monde (10% pour le propriétaire du magasin 80% pour les producteurs-vendeurs), la gare au bord de l'autoroute (les stations-marchés au bord de l'autoroute), un village/un produit (cas de la Tunisie pour les tapis traditionnels). Fatouwa Djerrari Benabdenbi (Maroc), se substituant à Pierre Rabhi (France), expert international en sécurité alimentaire, avec qui elle collabore, présenta son intervention au sujet de : « De l'humus à l'humain ». On constate que l'agriculture actuelle se caractérise par un désastre de l'agriculture chimique, de l'humanitaire à défaut d'humanistes, de la déconnexion entre l'homme et la nature, du mythe de la croissance illimitée, du plein pouvoir donné à la finance. Face à ce désastre, l'expérience de P. Rabhi qui repose sur le retour au travail paysan revalorisé avance l'agro-écologie comme alternative indispensable. Les deux journées suivantes seront consacrées à des thèmes spécifiquement théologiques portant sur « La révélation coranique » et sur « La spiritualité et le soufisme ». Pour le premier, la substance de la réflexion se résume dans l'impératif de l'Ijtihad (Rénovation) comme nécessité sociale. Alors qu'à une religion musulmane ouverte s'est substituée une religion fermée, il s'avère que l'approche scientifique et la foi sont indissociables pour tendre vers l'universel. Quant au second, dans la série des sujets inscrits, l'intervention de Mohamed Mehanna( Egypte), professeur à l'université d'Al-Azhar, portant sur : « La dimension spirituelle des sciences » a marqué les esprits par son analyse critique du positivisme de Comte et de Durkheïm avec l'avènement du capitalisme qui n'a pu répondre aux attentes de l'humanité au détriment des sciences métaphysiques. L'adoption par l'Occident des sciences matérialistes constitue le plus grand danger méthodologique qui guette l'humanité. Plein d'humanisme, le père Chritian Delorme, prêtre catholique du Diocèse de Lyon, lui succède pour déclarer : « Nous vivrons ensemble ou nous périrons ensemble ». Enfin le tout couronné par l'intervention de Mokhtar Taleb-Bendiab (France), D.G de l'institut du Monde Arabe à Paris, qui traita du sujet : « Le dialogue des civilisations et la diversité culturelle ». Pour la réalisation de ce dialogue, il envisage trois objectifs : mieux se connaître, connaître ensemble et construire ensemble. Mieux se connaître par l'apport de la science en tant que lieu et vecteur d'une part, par la diversité culturelle et le rayonnement du savoir à travers l'éducation et l'enseignement, par l'épanouissement des sciences et des savoirs, d'autre part. Connaître ensemble. Hormis deux moments marquant l'histoire de ce dialogue, celui de l'Andalousie et de la Nahda arabe, se pose la nécessaire diversification culturelle ouverte pour une meilleure connaissance de l'autre. Enfin dans le but de construire des valeurs communes, seule la science est apte à fonder une conscience universelle en opposition au particularisme culturel. Pour la promotion des valeurs universelles, il s'agit d'œuvrer à la formation d'une élite, forgée par une culture et une spiritualité universelles, à l'image d'Ibn Arabi, Ibn Rochd, Emir Abdelkader, Taha Husseîn, etc…
Le congrès fut clôturé dans sa dernière journée par une projection de « L'Avenir », sorte de synthèse sur les différends thèmes débattus. En principe, cette clôture devait être présidée par « Le parlement des enfants », signe significatif encore. Prenant la parole, Eric Geoffroy, une des grandes figures soufies de cette rencontre, appuyant la thèse de Mohamed Mehenna sur la critique d'un positivisme unidimensionnel et que la métaphysique doit gouverner la physique, conclura : « Considérer que les soufis ne pensent qu'à leur salut est une contre-vérité historique. Dans toutes les épreuves qu'a traversées l'Islam, les soufis étaient là pour le défendre par sa propagation en Afrique, en Asie (les Mongols), en Europe actuellement, par la défense armée contre les croisades. Ils ont été toujours au service de l'Islam et de l'universel ". Autour du colloque se tenaient des expositions sur l'Emir Abdelkader, l'Algérie (Histoire et culture), les arts traditionnels, les maqams (Mausolées), le village marocain, le village algérien, la peinture, les livres, etc… Des ateliers permanents étaient tenus sur la thérapeutique de l'âme, sur le couple à travers le message muhammadien où le débat était ouvert sans tabous autour de l'amour, l'amour divin, le mariage, la sexualité, le quotidien, la spiritualité, animé par la section de Paris de l'Association internationale soufie alawiya (AISA). Des projections de films documentaires sont aussi présentées sur les expériences soufies en Indonésie, Inde, etc… Enfin je ne peux terminer ce compte rendu sans citer deux faits marquants : la parfaite organisation de cette manifestation en tout point de vue, le second concerne la forte présence marocaine mais surtout la présence et la participation aussi active de la délégation française soufie avec une forte proportion de jeunes, des filles surtout, qui évoluaient avec aisance dans leurs costumes - algérien traditionnel ou européen ordinaire - chantant parfaitement le patrimoine musical puisé des poèmes mystiques du Cheikh Alaoui. Ce qui nous a laissés perplexes. Oui, il faut dire que tous les soirs, la journée de l'intellect était agrémentée par des animations musicales réconfortantes.
Quelles conclusions en tirer ?
La participation à ce congrès commémoratif a été pour moi une occasion de ressourcement, d'étonnement, de découverte et d'espoir. Enfin je me suis retrouvé dans ma « communauté, telle que je rêvais d'y vivre. Une communauté musulmane ouverte, tolérante, moderne. Attachée à son patrimoine culturel tout en s'investissant dans l'universel, la voie soufie en a été le vecteur. Une communauté où chacun est libre de porter le costume qu'il désire, sans voile ni hidjab. Au contraire, dans notre costume traditionnel, comme les françaises musulmanes paraissaient belles ! La foi est dans le cœur et non dans l'apparence. Qui a dit que nos jeunes algériens sont tous des violents, agressifs ? J'ai été agréablement frappé par l'éducation, la politesse et la disponibilité des jeunes mostaganémois et autres, élevés dans l'esprit de la zaouïa. Il ressort à l'évidence le caractère ouvert, moderniste et hautement intellectuel qui fait l'œuvre de la zaouïa. Dans l'ambiance dominante d'une islamisation stérile et rétrograde de la société algérienne inspirée de référents tout autant rétrogrades, cette œuvre constitue indéniablement une lueur d'espoir et d'espérance, de salut pour une Algérie encore menacée et pour tout être qui aspire à la paix, à l'amour et à la communion universelle. Cette évidence se voit affirmée par la qualité du niveau intellectuel des conférenciers au colloque, qu'ils soient Algériens ou étrangers, académiciens et hommes de terrain, adeptes pour la plupart de la voie soufie, qui œuvrent par leur intelligence à rénover l'Islam. Par le contenu des questions soulevées, on ne peut qu'être fier de cet effort qui tend à répondre aux attentes actuelles de l'humanité dans son ensemble, mais surtout à l'adresse des plus démunis, les victimes d'une mondialisation dévorante. Par son intelligence, son engagement positif et agissant, la communauté musulmane occidentale contribue effectivement à la rénovation de l'Islam et à la réhabilitation de son image. Il faut dire que le sort de l'Islam dépend aujourd'hui de l'apport de sa périphérie, spatialement parlant. Cette communauté elle-même victime du désespoir occidental, trouve refuge dans la doctrine la plus pure mais la plus orthodoxe de l'Islam, la voie soufie. Cet esprit d'humanisme et d'universalité a été le crédo de la zaouïa depuis sa fondation en 1909 avec cheikh Ahmed el-Alaoui, témoigné par Augustin Berque hier, dont les successeurs n'ont cessé de marquer les empreintes. Il est aujourd'hui consolidé par l'effort incessant de son cheikh, Khaled Bentounès, à travers le monde entier. Un Cheikh jeune, beau, moderne, simple et cultivé. Vénéré par ses pairs et ses disciples, il a aussi gagné le cœur et l'esprit d'une élite mondiale. La polémique qu'a suscitée la publication de son dernier ouvrage Soufisme, l'héritage commun dénote la capacité et l'audace du personnage à lever les tabous non fondés et les préjugés de l'ignorance. C'est un signe salutaire pour notre avenir. Un tel effort et esprit ont grandement besoin d'être assistés par notre élite éclairée ,aujourd'hui plus que jamais. Cette image reluisante de l'Islam est notre fierté, notre patrimoine commun qu'il s'agit de préserver. Nos préjugés à l'égard des confréries ne se vérifient pas souvent. Quelques réserves à soumettre cependant de l'ambiance de cette semaine : la cherté abusive des produits exposés pour la vente, l'absence de débat, notamment en ce qui concerne le fond de la doctrine soufie. En conclusion, je suis convaincu que les grains qui ont été semés dans cette voie d'espérance donneront demain des jardins merveilleusement fleuris, in-cha-allah.
L'auteur est : Historien à l'université d'Oran


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