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Les hyènes et les limaces
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 08 - 01 - 2009

Ne vivons-nous pas parmi une faune qui serait composée principalement de hyènes qu'on définit comme prédateurs, à la silhouette ingrate, au ricanement glaçant, et charognards par instinct, et de limaces baveuses ?
Ce carnassier et ce gastéropode ont cependant un point commun, ils évoluent l'un et l'autre dans les ténèbres de la nuit. Le charognard, connu pour se repaître de cadavres envahis par la vermine, ne répugne pas à vivre de chair animale putréfiée, il s'en délecte. Certains comportements humains ne sont pas loin de l'image allégorique. Il peut s'agir d'infects usuriers qui profitent de mauvaises passes traversées momentanément par un individu ou même une famille entière, pour satisfaire quelquefois une jouissance morbide. De prospères propriétaires de biens immobiliers, jadis vacants, nullement dans le besoin, font jeter sans état d'âme des familles entières à la rue. Forts de leur bon droit, à la limite du divin, ils instrumentalisent la machine judiciaire à leur seul et unique profit. Frappés de surdi-mutité, leurs comparses sont comparables à la limace baveuse qui ne se soucie que de la pitance qu'elle recueille dans la fange. Les fastes des tables gastronomiques qu'on dit être des bienfaits divins, ne sont que les moins-values des modiques revenus de petites gens à qui il n'est offert que des rétributions de misère pour un travail de galérien. Tout juste de quoi acheter une brassée de pain et du lait ensaché, déjà heureux que ces deux produits alimentaires soient toujours soutenus par le Trésor public.
Le secteur de la santé est cette autre savane où les faibles sont traqués et la substance sucée à la pipette. Dans le secteur dit libéral, l'accouchement par voie basse, pratiqué par la vieille matrone jadis, ou la sage-femme formée, se mue dans certains temples en geste opératoire coûteux, stressant et indolore. On y « endort » la parturiente et l'entourage familial. L'ordonnance médicale chez le pharmacien ne peut être honorée parfois qu'au tiers de sa valeur, par manque de liquidité monétaire. On décrie le produit générique, on recommande le produit français : il est nettement mieux que le jordanien ou même l'algérien. La hyène est en train de broyer les os, la limace fait mine d'être malvoyante.
La meute haletante, constituée de supposés modestes corps de métiers, est de moins en moins scrupuleuse : le plombier qui constate la fuite éminemment mortelle de gaz ou l'inondation par les eaux d'un logis et exigeant des prix exorbitants en dépit du piteux état du logis et de l'apparent dénuement des occupants, le taximan régulier ou clandestin qui soutire des rémunérations hors normes pour l'évacuation nocturne d'un enfant malade ou d'une femme sur le point d'accoucher, le tôlier qui fera marcher pendant plusieurs jours son client, pour lui annoncer enfin que la note a triplé par rapport à la première annoncée, le mécanicien qui consent à se déplacer la veille d'une fête ou la nuit sur une route déserte, fera regretter à ses victimes l'achat de la vieille guimbarde tombée en panne, le lugubre dépanneur en maraude qui ne peut espérer que plus d'accidents.
La hyène hume les relents putrides; il fait nuit, la limace se meut en silence, elle se goinfre. Les interludes sont consacrés à l'édification de cossues demeures, où la soubrette et le chauffeur en nœud papillon font désormais partie de la domesticité. Sadiques et masochistes à la fois, nous nous faisons du tort mutuellement ; simiesques inconscients, nous nous disons : il ne faut surtout pas se faire avoir, la vie est une jungle, il faut bien survivre.
D'autres aires d'évolution de ces choses biologiques sont en train de se singulariser par leurs frasques sur toutes les bouches : l'université, le barreau, le notariat, etc. On prétend que moyennant quelques centaines de milliers de dinars ou milliers d'euros, on est assuré du succès à un quelconque examen de magistère. Selon la presse de ces deux derniers jours, une thèse aurait été déposée et le doctorat obtenu en 24 h. Ce ne peut être que des ragots, mais la hyène évolue nuitamment et la limace invertébrée ne fait aucun bruit qui peut marquer sa présence.
Le secteur judiciaire n'est pas à l'abri de l'engeance faunesque dont il est question dans le registre ; il s'agit bien entendu de certains membres du barreau qui ont fait le voeu de défendre la veuve et l'orphelin, de notaires véreux qui n'hésitent pas à transgresser toutes les règles éthiques et déontologiques de la profession pour se repaître de misère humaine. N'a-t-on pas entendu parler, au moins une fois dans sa vie, de l'histoire tragique de cette vieille mère qui a vendu les quelques bijoux jalousement gardés ou même la masure familiale pour rétribuer un défenseur pour son rejeton de fils, impliqué dans une affaire de kif ou autre délit ? La hyène brisera les os de la malheureuse victime jusqu'à la moelle. Ce pseudo défenseur, dont la manière de procéder est connue de tous, en tirera une jouissance matérielle telle qu'il parquera deux ou trois véhicules, construira deux résidences, l'une d'hiver et l'autre d'été. Ses enfants fréquentent les écoles privées et passent leurs vacances sur la Côte d'Azur ou à Deauville. Prévoyant, sentant le vent tourner, il se lancera dans la promotion immobilière car les affaires risquent de ne plus être juteuses.
Le notaire véreux, nous insistons sur l'adjectif, la corporation comme toutes les autres d'ailleurs, renferme des éléments de probité reconnue : lui aime les grandes fratries. Il sévira dans les grosses successions à telle enseigne qu'il fera presque partie des légataires du défunt, à qui il établit la « fridha ». Il y a certes déclaration frimeuse d'honoraires, mais il y a beaucoup de non-dits. Le vrai-faux sera l'oeuvre de la hyène charognarde, la limace n'en saura rien et même si elle le savait, elle ne piperait pas mot, elle a la bouche pleine.
Quant au secteur immobilier, il n'est nul besoin de s'y appesantir : c'est au grand jour que de sordides transactions se font et se défont. Il s'agit le plus souvent de sous-location ou de sous-vente par procuration. Les agences immobilières poussent tels des champignons, on en rencontre à tous les coins de rue. Ceci ne peut que renseigner sur la vivacité d'un marché florissant et ce n'est pas le million de logements qui viendra au bout de la crise, d'ailleurs savamment entretenue.
On observera en outre que les transactions concernent rarement le vieux bâti ; il s'agira de logements CNEP, OPGI et autre EPLF. La faune devient ici plus nombreuse et diversifiée. Elle vit des vestiges de drames et de déchirements sociaux, elle se fait payer la vente rubis sur ongle et la location par anticipation pour une ou même deux années, sans voie de recours possible. Il n'est pas rare de se voir signifier l'évacuation des lieux avant terme, en dépit de l'acte notarié dûment établi. Dans le cas contraire, les désagréments de tout genre émailleront la coexistence jusque-là pacifique. Les coupures d'eau ou d'électricité prolongées seront le prélude à l'expulsion, les portes d'entrée commune hermétiquement fermées, les nuisances sonores feront partie intégrante du scénario et, pour clore le tableau, les enfants s'y mettront de leur méchanceté instinctive. Réduits à l'abdication, les occupants baisseront les bras et quitteront les lieux, heureux de s'en sortir indemnes.
Nous sentons-nous pas concernés par ces images nocturnes des virées du SAMU social qui part, sous les feux d'un profus éclairage de la Télévision nationale, à la recherche d'enfants de la rue ou de SDF ? Il ne s'agit là que de victimes expiatoires de charognards sévissant et de limaces autistes. Ces ombres de la nuit ont dû être par le passé de respectables personnes qui, assurément, n'ont pu imaginer qu'elles toucheraient le fond de l'abîme. De déchéance en déchéance, ils accuseront le coup de la première bordée, croyant encore à la solidarité agissante de leurs congénères. Il ne leur est certainement pas venu à l'idée un jour que la famille et les amis les laisseront tomber. Ils ont même espéré que le débarras ou le garage vide du cousin peut les recueillir en cas de malheur. Nenni ! Point de cousin, point de débarras. Elles ont probablement tenté de cacher leur premier saut dans l'inconnu, elles ne le font plus maintenant, constatant qu'aucune réaction solidaire n'est venue les happer du gouffre ; ils se laissent engloutir.
La femme en guenilles, dont les enfants s'agglutinent en grappe autour d'elle, serait-elle seule responsable de sa « nichée » ? Il y a bien eu un géniteur, où est la hyène ? La limace a été pourtant témoin de l'union conjugale, pourquoi se terre-t-elle à présent? Le premier droit de l'enfant est d'avoir un toit ; Bab Azzoun n'est pas le sien, ce ne peut être qu'un indu occupant. Par l'exhibition de leur déchéance aussi bien morale que matérielle, ces hères culpabilisent la société par autoflagellation, leurs meurtrissures sont indolores, ils ne ressentent plus rien. Ils nous laissent le soin ou plutôt le devoir de le ressentir pour eux. Leur paresthésie serait-elle maintenant la nôtre ? A l'évidence, nous ne ressentons plus rien !
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- Note de l'auteur : toute ressemblance avec des personnes
vivantes ou disparues ne peut être que fortuite.


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