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Lettre d'un repenti
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 18 - 03 - 2009

Il n'est pas rare qu'on trouve dans des articles de journaux une focalisation démesurée sur le cas du «repenti».
Que le ton adopté soit emphatiquement venimeux ou qu'il illustre une approche encline à la sagesse, nous ne sortons jamais - à quelques rares exceptions - des dédales de l'abstrait ou, pire, d'une configuration manichéenne aux antipodes d'une réalité multiple et complexe. Etant conscient d'avoir été, comme beaucoup d'Algériens qui me ressemblent, le gracioso de la farce, j'essaye de me racheter en prenant part à ce processus de pacification conçu par nos gouvernants afin qu'il aboutisse et que tout complexe belligène soit à jamais éradiqué. Qu'on sache que ceci n'est point un sophisme de justification ni une quête pour un objectif inavoué. C'est un réquisitoire contre la haine, c'est tout. M'adressant, particulièrement, à un lectorat francophone, j'userai de références qui lui sont familières à même de rendre mon message accessible, sans toutefois faire fi des garde-fous établis à notre avantage par Allah, notre seigneur.
En d'autres termes, citer tel philosophe ou tel sociologue n'implique en rien mon adhésion totale et sans réserves à leurs idées (idéologies). Je ne fais mien que ce qui est conforme à la vérité.
Pour ce qui est de la repentance, il s'agit de celle du pécheur qui, ayant adhéré à la concorde civile en déposant les armes convaincu de l'illégitimité de sa désobéissance à l'autorité, se meut dans une société qu'il s'efforce d'intégrer. Il doit agir, réapprendre à vivre, à s'adapter à de nouveaux mécanismes, «retrouver ces moments où il y a coïncidence entre l'habitus et le monde»(1). Il est tenu d'accomplir de bonnes actions pour que les mauvaises disparaissent (les bonnes oeuvres dissipent les mauvaises) Coran - Hud: 114 «Crains Allah où que tu sois, fais suivre le péché d'une bonne action et elle l'effacera, et comporte-toi avec les gens en faisant preuve de nobles caractères»(2). Ajoutons cette parole d'Aldous Huxley (le remords chronique, tous les moralistes sont d'accord sur ce point, est un sentiment fort indésirable. Si vous vous êtes mal conduit, repentez-vous, redressez vos torts dans la mesure du possible et mettez-vous à l'oeuvre pour vous mieux conduire la prochaine fois. Sous aucun prétexte, ne vous abandonnez à la méditation mélancolique sur vos méfaits. Se rouler dans la fange n'est point la meilleure manière de se nettoyer)(3). Je déplore l'attitude du repenti qui se cache derrière une passivité infructueuse devenant ainsi une proie toute désignée aussi bien pour une agoraphobie - synonyme de déchéance humaine - que pour une récupération par un kharijisme sournois. En cette conjoncture de réinsertion morale, de réintégration sociale, certains se plaisent à introniser l'esprit alarmiste avec son armada de préjugés et de faux problèmes. Même si parfois le besoin de s'identifier par opposition à autrui est naturel, donc non blâmable, il n'en demeure pas moins qu'en abuser est un égarement évident.
Peut-on rester insensible à la propagation d'informations erronées au sujet des repentis: «ils veulent reprendre les armes», «chantage inacceptable», autant de titres aux relents d'esclandre pouvant alimenter les potins des mégères mais, insistons là-dessus, trop fantaisistes pour résister à une critique objective. Ces accusations visent le plus souvent ceux qui avaient pris contact avec certaines personnalités algériennes-maître Farouk Ksentini et autres-afin que leurs préoccupations trouvent un écho favorable auprès de l'Etat, sans chercher cependant à prétendre à un statut particulier qui les hisserait au-dessus des autres tranches de la société. Ainsi agissent beaucoup d'Algériens aux prises avec un quotidien ardu et ce n'est point un secret frappé du sceau de l'omerta. Faut-il leur suggérer - à ces repentis - de tourner leurs visages vers les ONG et pays étrangers en échange d'un dénigrement de leur propre pays ?! Malgré l'horreur que nous avons engendrée, nous sommes Algériens et fiers de l'être et qu'Allah, puis l'Histoire retiennent que nous proclamons que cette intolérance est étrangère à l'islam et à nos coutumes. Pourtant on assiste à une volonté affichée de tourner le dos aux problèmes tout en trouvant un pseudo refuge dans l'utopie. N'est-il pas arrivé l'instant crucial où l'autocritique doit être érigée en règle, adoptée en conduite au lieu de figurer en -caméo- à la Hitchcock présente moins par souci d'efficacité que pour un caprice d'un illuminé. Que l'islamiste qui se croit toujours l'émir des croyants fasse son mea culpa, qu'il consulte les gens doués de science et dont le comportement est conforme à celui des premiers musulmans. Le Prophète - prière et salut sur lui - se proposait de changer les mentalités en enracinant le tawhîd dans le coeur de ses adeptes. L'unicité divine, ce pilier central de la foi, est la condition sine qua non pour que nos actes d'adoration soient agréés par Allah. C'est pour cette raison que les ulémas des «Ahl-as-Sunna» insistent sur «at-tasfia wa-at-tarbia» et se montrent intransigeants sur cette question face aux frères musulmans qui donnent la primauté à la politique au détriment de réformes profondes «on doit donc commencer par enseigner aux gens l'islam, comme l'a fait le Prophète - prière et salut sur lui - sauf qu'aujourd'hui se contenter de l'enseignement ne suffit pas, car se sont introduites dans les enseignements islamiques des choses qui n'en font pas partie. Des choses totalement étrangères à l'islam et qui au contraire mettent en danger l'islam authentique et pervertissent les fruits qu'il permettait de récolter. C'est pour cela qu'il est obligatoire aux prédicateurs de commencer par la «purification». Purifier l'islam de tout ce qui s'y est introduit, toutes ces choses qui pervertissent l'islam non seulement dans ses branches et le comportement mais également dans le dogme !
Si nous étudions les mouvements islamiques présents aujourd'hui et depuis presque un siècle, nous constatons que la plupart d'entre eux n'ont pas apporté le moindre bénéfice malgré leurs cris et leur tapage par lesquels ils expriment leur volonté d'obtenir une nation islamique. Ils ont peut-être même répandu le sang d'un grand nombre d'innocents sans que cela ne serve à quoi que ce soit, et nous ne cessons d'entendre de leur part des propos reflétant des croyances qui sont en contradiction avec le Coran et la Sunna, et ils veulent fonder un Etat islamique !... On trouve même une parole provenant d'un de ces prédicateurs(4) et j'attends de ses partisans qu'ils s'y accrochent et la mettent en pratique. Cette parole est: « Construisez la nation islamique dans votre coeur, elle se réalisera sur votre sol»... Mais hélas, cette belle parole, ces gens-là ne l'appliquent pas, et pourtant ils continuent à hurler qu'ils veulent établir une nation musulmane !(5). Le Prophète - prière et salut sur lui - n'usait ni de perfidie ni de contrainte(6) pour rallier les gens à sa cause. Son comportement, mieux qu'un discours ciselé, séduisait les plus réticents, attirait les plus réfractaires (c'est par quelque miséricorde de la part d'Allah que tu as été si doux envers eux ! Mais si tu étais rude, au coeur dur, ils se seraient enfuis de ton entourage. Pardonne-leur donc, et implore pour eux le pardon d'Allah) Al-imran 159. N'est-ce pas lui encore qui dit: «Voulez-vous savoir qui est le vrai croyant ? C'est celui auprès de qui les gens se sentent en sécurité concernant leurs biens et leurs personnes»(7)
Quant à l'ultra-laïc, qu'il se remette en cause et qu'il fasse l'autopsie des slogans creux-supraempiriques-qu'il ressasse à chaque occasion sans vérifier leur chance d'adaptation à la réalité.
Qu'il se débarrasse de cet ethnocentrisme ségrégationniste que nourrit une perte de repères, et une erreur de jugement. «D'idéologie critique, donc libératrice, le laïcisme se transforme aujourd'hui en religion des favorisés de tous les pays, avec pour corollaire la même tendance à la mystification, au rejet de l'autre, au mépris de la différence»(8). L'absence d'humilité attise la discorde compromettant ainsi l'osmose entre les enfants d'une même patrie. Pourtant l'espoir n'a pas abdiqué et l'Algérien saura rester debout malgré les défis de l'heure. L'anomie n'est pas pour demain(9). Ma contribution serait incomplète sans une mise en garde contre un courant de pensée qui, exploitant les déceptions et frustrations des musulmans, distille une idéologie délétère plus proche de l'anarchisme que de l'islam. Le Qotbisme, puisque c'est de lui qu'il s'agit, professe une excommunication de la communauté du Prophète prétendant que l'islam est absent sur terre et que ses adeptes sont tous redevenus idolâtres(10). Le groupe égyptien «Al-hijara wa at-takfir» s'est inspiré des livres de Sayyid Qotb - surtout ma âlim fi atarik - des jalons sur la route - pour déclarer la guerre à l'autorité et à la nation. L'auteur de ces «jalon» avait en matière de théodicée - Allah et ses attributs - des opinions contraires à celles défendues par les sunnites.
*Ex-enseignant repenti Chorfa - Bouira
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Réf:
1- P. Bourdieu in «Lexique bourdieusien» - Ouvrage collectif.
2- Hadith authentique rapporté par At-Tirmidhi n°1987.
3- Préface à (the brave new world).
4- Il s'agit de Hassan Al-Banna, fondateur des Frères musulmans.
5- «At-tasfia wa At-tarbia» - Al Albani.
6- «Les mentalités sont des composés psychologiques stables. On ne peut pas changer à volonté de mentalité même sous la contrainte» - G. Bouthoul (sociologie de la politique). En ce qui nous concerne, nous pensons qu'elles peuvent changer mais avec le temps, et surtout avec une réelle volonté de changement.
7- Rapporté par Ahmed:
voir «al-silsila as-sahiha n°549.
8- «Islam et politique» B. Ghalioun, Casbah édition.
9- Selon Parsons quatre signes caractérisent l'anomie: l'indétermination des buts, le caractère incertain des critères de conduite, l'existence d'attentes conflictuelles et l'absence de référence à des symboles concrets bien établis.
10- Voir «Maâlim fi at-tarik» et son pseudo tasfir: A l'ombre du Coran p 2122 qu'on trouve malheureusement dans beaucoup de mosquées. Pour la réfutation des thèses qotbistes, voir les ouvrages du cheikh Rabie Al-Mudkhali consacrés aux égarements de S. Qotb. J'avoue avoir lu il y a une vingtaine d'années le sinistre «Maalim» ainsi que «La bataille de l'islam et du capitalisme», «Vers une société islamique» et «L'islam et les problèmes de la civilisation». Son frère Mohammed inscrit sa pensée dans le sillage de Sayyid comme on peut le constater en lisant «Sommes—nous musulmans ?» et «Notre réalité contemporaine».
11- Pour Sayyid, Moïse est l'exemple du leader fanatique, les sahaba qu'Allah les agrée n'ont pas échappé à sa vindicte: le califat de Uthman est un fossé entre le califat d'Abubakr et de celui d'Umar. Muawiya et Amr ibn Al-Ass sont tombés dans la félonie, l'hypocrisie et la corruption.


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