La flambée générale des produits de premières nécessités, dont principalement les fruits et légumes, n'a pas laissé de répit aux petits ménages, qui peinent à joindre les deux bouts pour se nourrir. Et pour cause, dans un contexte où la pomme de terre, jadis considérée comme l'aliment de base des petites bourses dans leur quête à manger à leur faim, a atteint des seuils imaginaires à la faveur de la hausse de son prix qui tourne autour de 90 DA le kilo, le commun des consommateurs n'a plus que ses tourments pour faire face à cette situation d'inflation galopante. Repère par excellence de cette situation de crise, les marchés des fruits et légumes sont devenus infréquentables de par les prix offensants qu'ils affichent à la face des consommateurs. Réduits à la déchéance alimentaire, ces derniers n'ont plus le droit de toucher à la pomme de terre ni à s'offrir d'autres légumes indispensables à une simple petite ration alimentaire. Au marché de la cité Boulatika, à proximité de l'ex-SNTV, dont l'état d'insalubrité n'a d'égal que la misère, les visages à l'air désappointé, voire révolté sur cette flambée générale des prix sont là pour exprimer tout le désarroi des ménages. Et pour cause, la mercuriale a atteint des seuils records avec, tenez-vous bien, la tomate à 90 DA le kilo, les choux fleurs à 100 DA, le poivron à 140 DA, pour ne citer que ces produits, mais sans oublier la pomme de terre qui culmine à 90 DA le kilogramme. L'oignon, ingrédient de base pour mijoter tout repas, est fixé à 40 DA, alors que la carotte, cédée, il y a quelques jours à 25 DA le kilo, est désormais affichée à 40 DA. Idem pour les fruits qui demeurent eux aussi hors de portée du commun des consommateurs avec les oranges, les bananes et les pommes qui se vendent respectivement à 130 DA, 120 DA et 160 DA le kilo. Les fraises, à 300 DA le kilo, restent un luxe pour les bas revenus. Embarrassés devant une telle proportion des prix, beaucoup de gens viennent faire le tour du marché sans oser mettre la main dans la poche pour s'offrir quelques aliments. D'autres préfèrent acheter en petite quantité. Un peu loin des étalages des fruits et légumes, les vendeurs de poissons peinent à convaincre le consommateur de s'offrir un peu de sardine qui se vend, comble de la honte, à 250 DA le kilo. Juste à côté, ce sont les vendeurs de poulet vivant qui expriment le même désarroi face à des clients qui n'ont plus la tentation de se payer le luxe de manger de la viande, fut-elle blanche. Plus humble dans ces propos, un fonctionnaire, la trentaine, n'a pas trouvé d'autres mots pour commenter cette logique infernale de la mercuriale que de lancer « on est désolé de cette situation, mais on doit faire preuve de patience !».