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Sidi Bel-Abbès: La magie du quatrième art
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 16 - 04 - 2009


Suite et fin
Qu'importe ! Le public implanté sur cette terre veut maintenant de l'opéra: un contrat est signé avec une troupe sicilienne pour produire des oeuvres de Verdi, Hernani, le Barbier de Séville... Puis «le public se remet à murmurer, la politique s'en mêle... Les dames de la bonne société ne fréquentent pas le théâtre de peur d'y être avec «des filles». La colonisation charrie de tout, toutes sortes d'aventures et d'aventurières aux moeurs légères. Alors, après des transformations en 1867, un nouvel aménagement du théâtre a lieu en 1892. La population européenne dépasse en ce moment 20.000 habitants. L'accaparement des terres suit l'évolution du théâtre et inversement. Enfin, dans sa séance du 17 février 1932, le conseil municipal, avec Lucien Bellat étant maire, décide la démolition du vieux théâtre «ce brave monument qui commence à agoniser sous les mépris de la nouvelle génération», citent le duo Nehari-Tabet Aïnad. Celle-ci compte alors 30.000 habitants et affiche ouvertement un dédain propre aux nouveaux riches qui rêvent d'un théâtre en marbre, de corbeilles et de velours. Sidi Bel-Abbès, qui prépare parallèlement la «foire aux vins», n'a-t-elle pas plus du dixième des vignobles de toute l'Algérie ! Le projet conçu par Montalan, architecte du gouvernement général, est approuvé définitivement lors de la séance du 23 novembre 1932. En pleine crise économique mondiale, alors que les faubourgs entiers de la ville arabe ne disposent ni d'eau courante, ni d'électricité, ni du tout-à-l'égout, ni même de routes bitumées, le nouveau bâtiment coûtera une fortune à tous les contribuables et notamment aux indigènes qui ont toujours payé plus d'impôts. Mais désormais Sidi Bel-Abbès, ou du moins sa population européenne, pourra s'enorgueillir: elle a le plus beau théâtre d'Afrique du Nord, ce qui n'était pas tout à fait faux. Dès lors, toutes les troupes de théâtre métropolitaines y passent régulièrement lors de leurs tournées «africaines» notamment la Comédie française, les galas Karsenti, le théâtre du Marais, la Comédie des Champs Elysées.. Les Frères Jacques... Lise Delamare, Raymond Rouleau, Pierre Brasseur, Arletty, Michel Aumont, Edwige Feuillère, Maria Cassarès et autres artistes de renom y jouent la comédie ou la tragédie. Tous sont passés, passent ou vont passer par là. Molière, Racine, Corneille, Feydeau... y sont représentés mais toutes les pièces programmées sont françaises. La colonie, renfermée intellectuellement sur elle-même, ne s'ouvre jamais sur le théâtre universel; elle «est nombrilique» et veut, un moment, se croire à Paris. Tous les samedis soirs, ces dames de la haute société affichent dans le hall d'entrée en marbre leurs dernières toilettes à la mode parisienne, les derniers parfums de Paris. Sidi Bel-Abbès n'est-elle pas surnommée alors «le petit Paris» ? N'est-ce pas aussi une fonction séculaire de ce théâtre, du théâtre que ce «m'as-tu-vu» ? Derrière les coulisses, le conservatoire municipal perpétue la tradition locale.
Des lycéens apprennent la déclamation au cours d'art dramatique et montent même une tragédie (le Cid) et une comédie (La Maison du printemps). Mais les indigènes n'ont encore rien vu. En ces années d'avant-guerre, le théâtre arabe est encore à ses balbutiements grâce à ses pionniers tels que Rachid Ksentini et Mahieddine Bachtarzi à partir des années 1925, ce qui coïncide avec la création du premier parti politique: l'Etoile Nord-Africaine. Cependant, désormais la troupe dirigée par Mahieddine inscrira régulièrement Sidi Bel-Abbès dans ses tournées à l'intérieur du pays. Ses mémoires la citent très souvent, ce qui témoigne d'une certaine fréquence qui n'aurait pas été possible sans un public averti et fidèle à l'homme de théâtre et à sa propre culture en même temps. Or, celle-ci est déjà prise en charge par des enfants de la ville. Mahieddine en témoigne au passage: «Il aimait la langue arabe littéraire (le cercle littéraire de la jeunesse belabbésienne y existe depuis 1935) à l'époque... Il s'agit de Lakhdar Saïm (frère aîné de celui cité plus haut), l'auteur, compositeur, chanteur et acteur qui dirigea longtemps le théâtre de Bel-Abbès après l'indépendance)», écrit-il dans ses mémoires. Morchid dans le scoutisme mais toujours féru d'expression, Saïm Lakhdar a aussi souvent monté des pièces ou des sketchs éducatifs ou comiques, interprétés au «Nadi» par les jeunes scouts de la ville. Par ce biais, le théâtre a aussi conquis El Graba et joué ainsi son rôle social et politique. Au tournant de la moitié du siècle, parallèlement au mouvement national, le théâtre arabe a pénétré dans l'Algérie profonde et même des petites localités de l'Oranie, comme Tighennif, sont visitées. L'essor certain de ce théâtre se mesure en nombre de pièces créées ou adaptées et en représentation. Mais le moment fort de cette période sera marqué par la tournée de la troupe nationale égyptienne conduite par le grand dramaturge Youcef Wahby, le 2 mars 1952. «Elle est reçue dans la salle des fêtes de l'hôtel de ville par la municipalité de Sidi Bel-Abbès qui avait tenu à offrir aux visiteurs un thé d'honneur. En l'absence de Justrabo, maire, M. Azza, adjoint au maire, au nom de la municipalité, souhaita une cordiale bienvenue à la troupe et se plut à souligner le niveau élevé où sut se hisser le théâtre d'expression arabe...», rapporte «Alger Républicain» cité par Mahieddine Bachtarzi. Au théâtre de la ville, elle joue ce jour-là, Awlad El Fouqara ou Awlad Ech-Chaourié (les fils des pauvres ou des rues). Youcef Wahby s'y révèle un observateur réaliste de la vie contemporaine propre à l'Egypte et à l'Algérie sous domination coloniale. Suivant une progression dramatique rigoureuse, l'émotion grandit dans la salle, d'acte en acte, pour exploser au dernier, quand apparaissent une infirmière portant l'insigne du Croissant-Rouge et deux policiers de l'Etat égyptien. Le rêve et les aspirations des musulmans algériens devenaient réalité sur les planches de ce théâtre. Le tonnerre d'applaudissements qui les accueillit avait nettement une double signification pour l'observateur averti, culturelle et politique. D'ailleurs, celle-ci pénètre maintenant carrément dans ce haut temple belabbésien de la culture dominante. Voici d'abord Messali Hadj, le fondateur du mouvement nationaliste algérien, qui, entre deux portes de prison, prend possession symbolique de ce lieu. Le leader politique monte sur les planches, il y tient meeting; la salle est archi-comble. Beaucoup de concitoyens de la ville ou des environs découvrent pour la première fois les luxueux fauteuils de velours rouge de ce théâtre. Ils voient et écoutent, subjugués par la verve et la présence charismatique du tribun, l'acteur politique livre une confidence: «L'Administration m'a offert de l'argent, beaucoup d'argent pour que je me taise... (il marque une pause), six millions (encore un silence calculé)... Pourquoi, leur ai-le répliqué, pour vous chaque Algérien ne vaut qu'un franc ? Ce que veulent les Algériens avant tout, c'est l'indépendance. Sous les feux de la rampe, Messali Hadj clame et réclame l'indépendance, en arabe: el-is-ti-qlal !», citent Nehari et Aïnad Tabet. La salle est électrisée; les applaudissements fusent à tout rompre. L'extraordinaire tribun est emporté par la foule et la houle. Incontestablement le nom de la troupe théâtrale Mesbah Echaabi revient sur les langues avec les frères feu Saïm El Hadj, Lakhdar, les Issad Khaled et Abdelkader dit «Chipa» installé à Oran, Abdeddaïm Hamid, Touil Abdelhamid, les Mehdi Kader et Kada, Zidi Tayeb, Bendouina, sans oublier Sidhoum Abbès, les Issad Nourdine, Abdou, Yahiaoui Kouider dit «Douma» sans oublier Abdelkader Cherradi auquel on souhaite prompt rétablissement. Outre El Mesrah El Chaabi, le théâtre des jeunes, celui des Quatre saisons, le théâtre des quartiers le TAS, le théâtre de l'atelier le Mesrah populaire jusqu'à Saout El Amel... Sommairement c'est toute une histoire avec Kadi Bensmicha, Bousmaha, Zahmani, Mahi, Bensaïd, Meknaci, Amani, Benali, Boudjemaa Mokhtar et autres, on citera également El Kalima comme troupe théâtrale ayant pour fondateur Chouat Mohamed dans les années 83, et ce à l'instar de Saout Ennidhal que présidait monsieur Kadiri Mohammed, votre serviteur, alors directeur du centre culturel communal Benghazi Cheikh. Pour la troupe El Kalima, l'on retrouve outre l'artiste et jeune cinéaste Chouat Mohamed, Bensaïd Noredine frère de Bensaïd El Mehadji (ancien scout et agent ENIE), Soualil Ahmed qui rejoignit le TRBSA, Benkhala, Benkaboun, Rezzoug Z., Grazib Sid Ahmed qui vit à Sidi Hamadouche actuellement et feu Meslem Mohamed (terrassé par une subite maladie) formaient cette jeune troupe qui se transforma dernièrement en coopérative dénommée «Art scénique» non sans produire une dizaine de spectacles «Scorpions, Le Cri, Maksour el djanhine, Zidor, Fi Tilivisioune, El Wadaa, Derb el fenanine...». Quant à la troupe Saout Ennidhal dont la création coïncide avec là encore les douloureux événements de Sabra et Chatila, elle comptait en son sein Boudenne Abbès Hadj Kandsi qu'on ne présente plus mais aussi Benzineb, Chaouti Abbès «Dikara», le jeune Ghozal. Le théâtre professionnel, avec l'arrivée de feu Kateb Yacine, s'établira à partir des années 80 sur le bord de la Mékerra où un riche répertoire de pièces théâtrales dont la dimension a dépassé les frontières nationales est à faire ressortir résumerons-nous. Toute une histoire est à écrire...


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