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L'affaire des moines : victimes de guerre ou de guéguerres ?
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 05 - 09 - 2009

Tel un interminable feuilleton à rebondissements, les relations tonitruantes entre la France et son «ancienne colonie» ont été envenimées, cet été, par les soubresauts politico-médiatiques qu'a engendrés la célébrissime affaire des moines de Tibhirine.
Les spéculations sur les tenants et aboutissants sont allés bon train pour épicer les soirées de retour de plage et c'est assurément sur le même rythme que s'annoncent les nuits ramadhanesques.
La notion d'indépendance de la justice, bien qu'à mille lieues de ce qu'elle est en Algérie, reste en Hexagone sujette à discussion, s'agissant notamment, comme dans le cas présent, des affaires à trait politique. Dans le cas précis des affaires sécuritaires, les défenseurs du sacro-saint principe de «séparation des pouvoirs» reprochent aux juges antiterroristes, en plus d'un champ de compétence plus élargi, leur collision avec l'exécutif et ses milieux politiques. Alors que de leur côté, certains parmi ces derniers militent ouvertement pour la suppression pure et simple du juge d'instruction qui verrait ses pouvoirs confiés au Parquet, dont la soumission au ministère de la Justice laisse présager une dérive institutionnelle au bénéfice de l'exécutif. C'est du moins le souhait affiché par le chef de file de la majorité et président de la République, Nicolas Sarkozy, le 7 janvier 2009, et c'est ce à quoi tend le comité chargé de réfléchir à une refonte de la procédure pénale française (JDD, mise en ligne du 29 août 2009).
Le débat promet d'être houleux dans les tribunes de l'Assemblée et les colonnes des journaux, pour monopoliser un tant soit peu, à la rentrée sociale prochaine, le débat face à des problèmes bien plus inextricables, tels les raisons et les effets de la crise qui constituent la préoccupation première des Français. N'empêche, il va sans dire qu'en tout temps, dans les affaires politico-financières qui rythment la vie politique française comme dans le traitement des dossiers sécuritaires, la justice se trouve freinée face aux intérêts immédiats de groupes économiques, comme de ceux de certains cercles politiques et particulièrement otages des rapports de force et de l'instrumentalisation de facto que font d'elle ces derniers.
Dans «l'affaire des moines», le retard qu'a pris l'enquête, à commencer par son ouverture, est plus que significatif. Mais à l'aune de l'enchaînement récent des déclarations des hommes politiques et autres acteurs sécuritaires de premier plan, ce blocage - ou black-out, pour reprendre une expression plus en vogue - serait plus la résultante de calculs politiciens franco-français que d'une quelconque mesure diplomatique dilatoire. Les observateurs et analystes des deux bords de la Méditerranée ont, à juste titre, soulevé la concordance de ces soubresauts politico-juridiques avec les répercussions provoquées par le nouveau cours que suit l'enquête sur «l'attentat de Karachi» qui avait fait, en mai 2002, 14 morts, dont 11 Français travaillant pour la Direction des chantiers navals (DCN).
En effet, le 18 juin 2009, les juges indiquaient aux familles des victimes de cet attentat qu'ils privilégiaient désormais la piste de représailles pakistanaises liées au non-versement de commissions par la France sur des contrats de ventes d'armes, particulièrement sur celui de trois sous-marins. En ligne de mire, les rétro-commissions servant de financement politique au profit de la campagne présidentielle, en 1995, d'Edouard Balladur, dont le ministre du Budget, qui en aurait donné l'aval, n'était autre que l'actuel locataire de l'Elysée, M. Sarkozy. Un financement, à en croire l'ancien ministre de la Défense Charles Millon (site de Paris Match du 23 juin 2009), auquel Jacques Chirac aurait coupé court, au lendemain de son investiture.
Parallèlement à l'éclatement de cette nouvelle «affaire dans l'affaire», Dominique de Villepin, ancien Premier ministre et non moins malheureux dauphin chiraquien au sein de la majorité face à Nicolas Sarkozy, s'empêtre de jour en jour dans l'affaire Clearstream qui avait, un temps, fait trembler les arcanes du pouvoir et où, depuis mai 2006, il est mis à l'index comme étant le principal orchestrateur d'une cabale juridico-politique visant à nuire à son rival.
Ce n'est que dans le sillage de «l'affaire de Karachi» que le 25 juin dernier, soit une semaine après le revirement annoncé dans celle-ci, l'ancien attaché français de Défense, le général à la retraite François Buchwalter - dont le grade et la carrière passée au sein d'un des plus secrets des services laisse mal imaginer qu'il se soit dispensé de réserves de grande muette par simple charité chrétienne - déposait, dans le cadre de «l'affaire des moines», devant le juge d'instruction antiterroriste Marc Trévidic, dénonçant à cette occasion le black-out imposé par sa direction politique de l'époque. Celle-ci n'était autre que le gouvernement d'Alain Juppé, l'architecte de Jaques Chirac, celui qu'il aimait bien appeler «le meilleur d'entre nous tous !».
Le Figaro se charge de diffuser l'information et donner ainsi le la à l'ensemble des médias français. Inutile de noter que le propriétaire de ce quotidien n'est autre que Serge Dassault, nouvellement introduit dans le cercle sarkozyste, dont le Rafale s'est vu voler la vedette à Alger au profit du fournisseur russe et dont les journalistes se plaignent de la pression qu'il exerce sur leur rédaction (Le Monde, édition électronique du 1er octobre 2008).
Le 4 juillet, les juges en charge de «l'affaire de Karachi» formulaient leur demande de levée du secret-défense ; et seulement trois jours plus tard, le 7 juillet, le président Sarkozy en personne annonçait, tambour battant, sa disposition à lever ce secret dans «l'affaire des moines». Ceci avant même que le juge n'en fasse la demande, comme s'il se trouvait assujetti au blanc-seing du chef de l'exécutif. Sur la même cadence, les différentes personnalités politiques et sécuritaires passées et présentes se voient dans l'obligation de battre le pavé médiatique et de «divulguer» aux médias leurs vérités opposées sur cette affaire.
L'effet de loupe du brouhaha façon gentilshommes français exacerbe plus l'image grotesque d'institutions françaises à la dérive et otages de guéguerres claniques qu'il n'en informe sur la guerre de leadership par services secrets interposés (DGSE, sous contrôle chiraquien, historiquement hostile à l'Algérie, contre la DST, accusée d'être encore sous influence des cercles pro-balladuriens, qui collaborait dans cette affaire avec ses confrères algériens). Car, effets médiatiques spéciaux à part, les dommages collatéraux de cet affrontement, qui n'avaient pour victimes que les défunts moines eux-mêmes, ne relèvent d'aucun secret, sauf celui du «roi nu !», qui, comme dans Les habits neufs de l'empereur, n'a pour seule fin que de «sauver les apparences» et que d'aucuns appellent secret de Polichinelle. Ce n'est donc pas tant la poursuite de l'enquête, somme toute légitime, ni la levée d'un secret-défense - pas si secret que ça ! - qui suscitent l'interrogation mais les surenchérissements strictement politiques autour de cette affaire, par dossiers interposés, qui procèdent du gonflement dramaturgique à la mode de téléréalité et du politico-show dont raffole le peuple français et dont on sait son président maître en la matière. Car, en la matière, la manipulation de l'information, de la justice et de l'opinion, tous azimuts, n'avait pour fin que l'effet d'écran de fumée. On l'a bien vu : là où la solennité, la morale et les leçons sur la «vérité» sont affichées dans «l'affaire des moines», c'est la moquerie et «la fable» qui battent la mesure quand il s'agit de celle qui risque de nuire à son image, en l'occurrence «l'affaire de Karachi».
Vu de cet angle, on serait tenté de trouver un argument intelligible au silence des officiels algériens, qui ne voient pas de raison d'intervenir dans une polémique qu'ils considèrent comme franco-française. Sauf qu'en dehors du fait qu'une institution de premier rang a été mise à l'index, il n'en demeure pas moins que les manoeuvriers jouent, avec autant de subtilité et de brio, sur la corde du chauvinisme en faisant vibrer les réminiscences traumatiques inexpiées qu'inspirent dans leur opinion les relations avec leur «ancienne colonie», suggérant quelques notes de leçons «civilisées». Et là où les pièces maîtresses sont ordonnées avec tact sur l'échiquier de la manipulation, les pions du «qui tue qui ?» sont déversés sur des sites propagandistes de second oeuvre pour accuser de «ralliement du DRS» les voix qui, à défaut de voix officielles audibles, s'élèvent dans la presse pour dénoncer ces manoeuvres. N'en déplaise, il convient, à chaque fois qu'il s'avère utile, de mettre en évidence l'extravagante manipulation des uns, les manigances serviles des autres.
*Algérien résident en France


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