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Les apprentis sorciers
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 15 - 04 - 2010

«Il y a une vertu dans les regards d'un grand homme.» Chateaubriand
Les pays arabes sont confrontés depuis la décolonisation, l'émergence et la chute du bloc communiste, l'apparition et la disparition du mouvement des non-alignés, le parti unique et sa contestation juste formelle dans des constitutions hybrides, à des choix impossibles à l'heure actuelle. Les dynasties régnantes, le ou les partis du pouvoir, les autocrates peu éclairés par la science, les savoirs ou de brillants diplômes, le coup d'Etat à répétition par la force ou les textes, l'âge canonique de nombreux dirigeants bloquent les sociétés arabes. Les pouvoirs en place trouvent ou font émerger des groupes de pression religieux, sous la forme de partis, d'associations, des familles qui se disputent une légitimité historique ou révolutionnaire. Ils en font des alliés, des repoussoirs souvent subventionnés pour jouer des rôles qui peuvent, l'appétit du pouvoir aidant, les transformer en rivaux d'une rare violence au nom de Dieu et de la religion. De fait l'apprenti sorcier à faible légitimité et de peu de compétences joue l'équilibriste durant tout son règne, avec comme objectifs non la liberté des citoyens, mais le pouvoir, des équilibres fragiles et si possible passer le témoin à sa descendance, à sa famille ou son douar.
Les petites ambitions font de petits Etats faibles, des pays chaque jour fragilisés, de plus en plus dépendants du marché mondial vers lequel ils exportent une mono-richesse et en importe tout ce qui fait la vie quotidienne des gens, des armements lourds et légers pour contenir leur peuple et se faire peur, entre sous-développés. Les armements en question sont normalement interdits d'usage contre Israël et bien entendu contre les USA ou un pays de l'Europe, mais cela profite aux industries des pays qui les fabriquent et les vendent. Obnubilés par le maintien au pouvoir, contrôlant au centimètre près sa transmission éventuelle, les systèmes de gouvernance arabes ne travaillent qu'à leur reproduction à l'identique dans un parfait consensus au sein de la oumma. Les dirigeants assurent, selon les recettes, la nourriture, les médicaments, les salaires des fonctionnaires et des hommes en uniforme, des logements tant bien que mal et font de la figuration dans la communauté internationale. Celle-ci forte de membres reconnus entre eux considère le reste comme des alliés conjoncturels, des supplétifs, des sous-traitants régionaux, et verrouille ses frontières dans un seul sens. Rien ne rentre mais tout sort contre paiement en devises fortes, qui ne sont pas arabes.
Mais comme l'histoire n'est pas figée et qu'elle connaît des accidents, des crises, des guerres, des épidémies, des révoltes, les peuples ne sont pas amorphes ou stupides. Selon le pays et la conjoncture, les citoyens bougent, essaient de constituer des partis et des syndicats non officiels et non subventionnés. Les dirigeants arabes eux créent chaque jour de faux mouvements, de faux débats, de fausses institutions. Dans une parfaite cacophonie, les courtisans, les partis adoubés, les rentiers s'en donnent à cœur joie. Ils peuvent puiser dans les caisses de la communauté, si possible avec subtilité, amasser des fortunes et acquérir des biens et des avoirs à l'étranger où ils s'habillent, se reposent et se font soigner loin des hôpitaux macabres de leur pays. De temps à autre des sans-grade sont rattrapés au bon moment et paient pour tous les autres qui ne sont jamais inquiétés jusqu'à leur départ ou leur décès. Ce sont des «constantes» communes et partagées au moindre détail par les classes politiques au pouvoir. Quant à l'opposition, elle peut hurler ou chanter, sinon passer par la parabole pour parler aux gens, au reste du monde. Du coup, elle devient «la main de l'étranger», celle qui «ourdit» des complots contre sa patrie et son peuple. Celui qui n'applaudit pas au signal est à l'évidence un traître qu'on évite de juger, et surtout parce que le patriote du jour peut être le harki de la semaine prochaine. Et il vaut mieux avoir tout le temps un réservoir de harkis et des «suppôts de l'étranger» sous la main.
En Algérie, des âmes innocentes ont largement commenté la préparation et le déroulement du dernier congrès du FLN, parti dit majoritaire dans les institutions avec cependant une spécificité qui est en fait unique dans le monde arabe: il est majoritaire mais ne dirige ni le gouvernement ni les ministères majeurs comme dans les pays normaux où le parti dominant a toutes les responsabilités déterminantes dans l'économie, l'industrie, la défense, les deux chambres du Parlement, etc. Au-delà des escarmouches habituelles pour les postes au comité central et au bureau politique, il n'a été question à aucun moment de politique, à part les phrases convenues répétées à chaque congrès régional ou national. Le coût financier énorme des assises, classé top secret pour l'éternité, les foules venues applaudir, soutenir et jurer fidélité aux martyrs et à quelques vivants, ont suffi dans l'indigence intellectuelle à ne pas faire illusion. Les résultats et les discours étaient connus à l'avance par toute l'Algérie, et à l'étranger où l'on suit goguenard les ébats du douar.
Il y a sur le papier un seul Etat en Algérie où chaque mètre est censé être soumis aux mêmes lois, aux mêmes droits et devoirs en vigueur partout sur le territoire. Cette norme basique qui remonte au premier Etat moderne sur terre demeure encore théorique tout en générant des singularités ancrées, socialisées qui font que des régions se distinguent par des us politiques et des coutumes peu partagées dans le reste du pays. Au café du commerce, on comptabilise, titres à l'appui, les agréments accordés pour éditer des quotidiens et périodiques qui diffèrent en quantité d'une région à une autre. On récite d'une traite le nombre de ministres nés dans un même espace géographique, les cousinages et les progénitures qui héritent de postes importants dans les secteurs publics et les entreprises privées. Cependant les critères sont équitablement répartis dans la mesure où ils font partie du folklore et des constantes. L'allégeance, le refus de la réflexion et de la critique, le concours du meilleur courtisan, l'obéissance absolue, les solidarités sectaires et familiales font office de programme. La Kabylie bat des records d'attentats terroristes, de rapts et de banditisme, et il faut une demi-journée pour aller d'Alger à Tizi Ouzou. Ailleurs, la wilaya est calme où fleurissent des Dubaï, Hongkong et autres squares de vente et d'achat de devises.
Et pendant ce temps, les injonctions des grands autour des documents biométriques libèrent des torrents sur la barbe, bientôt sur sa couleur, sur le dévoilement des oreilles féminines, la mise à jour du listing des amis «garants», des copains du lycée et du régiment, etc. Les apprentis sorciers, sans aucun doute, ont de la créativité pour bloquer la société.


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