Invité en tant qu'hôte de marque au 13e sommet de l'Organisation internationale de la Francophonie qui se tient à Montreux, en Suisse, le Président Bouteflika s'est fait représenter par Abdelkader Bensalah, le président du Sénat. Le niveau de la représentation algérienne à cet évènement suggère que l'Algérie n'a pas renoncé à son éventuelle intégration au groupe de la Francophonie. Le sommet de Montreux risque cependant d'être le théâtre d'une passe d'armes entre le représentant algérien et le président français Nicolas Sarkozy autour de la question de la situation au Sahel inscrite à l'ordre du jour des travaux. L'Algérie n'est nullement opposée à ce que le dossier du Sahel fasse l'objet de débat et de concertation à l'OIF ou ailleurs, mais estime que la solution au problème doit être apportée par les pays de la région, ce qui exclut donc l'intervention directe de toute partie tierce extérieure à la zone. Or, c'est une intervention de cette sorte que Paris semble vouloir faire accepter. Sarkozy a apparemment réussi à rallier au point de vue français des Etats du Sahel, le Niger et le Mali tout au moins. C'est en tout cas ce qu'a donné à comprendre l'un des membres de la délégation nigérienne au sommet de l'OIF, qui a déclaré que la situation au Sahel n'est pas du seul ressort des pays de la région. Que l'un des Etats du Sahel exprime au sommet de l'OIF une demande expresse d'aide aux pays membres de cette organisation, arrange les desseins de l'Elysée. Pour Paris, une intervention au Sahel sous couverture de l'OIF est le meilleur des scénarios qui puisse être mis en œuvre. Il évite en effet à la France une intervention unilatérale qui aurait le désavantage d'être perçue comme la manifestation de la «France-Afriqe», type de relation au continent si décrié pour néocolonialistes. Mais il va sans dire qu'une initiative de l'OIF au Sahel ne peut se concevoir sans le rôle moteur de la logistique française et la participation prépondérante de sa force militaire Au sommet de l'OIF, la France poursuit le même objectif qu'elle a tenté de faire partager au G8, qu'elle a amené à faire tenir une rencontre d'experts de la lutte antiterroriste le 14 octobre à Bamako. L'Algérie avait, pour rappel, boycotté cette rencontre. Elle n'a pas fait de même pour le sommet de l'OIF, qui a inscrit la question du Sahel au menu de ses travaux, mais émis un message fort de désaveu à toute décision de ce sommet envisageant l'intervention étrangère dans la région, sous la forme d'une déclaration faite jeudi par Mourad Medelci à la radio de la Chaîne Trois, affirmant que «l'Algérie n'a jamais dit que les pays qui ne font pas partie de cette zone n'étaient pas concernés (par la situation au Sahel). Si ces pays peuvent apporter leur aide, ils «sont les bienvenus, mais ils ne peuvent venir s'implanter chez nous pour apporter leur solution». Une prise de position qui, à n'en point douter, fera réfléchir les membres de l'OIF sur l'éventuelle sollicitation à l'implication directe de leur organisation dans l'affaire sahélienne que pourrait leur faire le Président français.