Des viandes rouges et blanches, proposées à la vente dans des conditions contraires à la réglementation en vigueur, cela dépasse l'entendement. Tout récemment, les quelques membres encore vaillants de l'association de défense du consommateur, dont le nombre ne dépasse pas les doigts d'une main, tirent la sonnette d'alarme et tentent tant bien que mal de faire entendre leurs voix. Et pour cause, avec le thermomètre qui ne cesse de grimper follement de jour en jour en cette période où l'on enregistre une vague de chaleur sans précédent, certains commerçants peu scrupuleux et peu soucieux de la santé d'autrui n'ont d'yeux que pour leur tiroir-caisse. En effet, à quelques pas seulement du pont «Graba» sous lequel coulent en permanence, à ciel ouvert, les eaux usées rejetées par les foyers de trois quartiers, qui étouffent le passant à plusieurs centaines de mètres à la ronde, quatre commerces, dont une croissanterie, une crèmerie, une pâtisserie et une boucherie étalent à l'air libre leurs produits classés très sensibles, passant outre ainsi les mesures d'hygiène et de salubrité publique les plus élémentaires et bien pire encore, cette situation n'émeut personne. Cela se passe de commentaires mais mérite quand même que l'on s'y attende un peu. Si Ahmed, un père de famille très avisé, affirmera, avec une pointe d'humour, que dans ces commerces, il y a le client qui paie sa livre de viande en se bouchant le nez, le commerçant qui encaisse en faisant la sourde oreille, le service de l'hygiène qui ferme les yeux et enfin ceux chargés de la protection du consommateur qui s'avouent vaincus et plient l'échine, et il ne s'agit là, conclut notre interlocuteur, ni des quatre musiciens de Brême ni d'une devinette pour écolier. Cette situation ubuesque et des plus drôles se passe dans le quartier «Graba». A l'intérieur de la boucherie, des carcasses de béliers et de veaux pendent aux murs à l'air libre dans une atmosphère des plus insupportables et des plus indescriptibles. Ces locaux commerciaux, mitoyens à l'oued qui rejette ses eaux usées à moins d'une dizaine de mètres du seuil de leurs locaux respectifs et ayant pignon sur rue, font face en permanence aux rejets ininterrompus des eaux usées expulsées par des canalisations béantes. Tout compte fait, leurs propriétaires, fascinés par l'appât du gain, exercent leurs activités respectives dans l'indifférence générale des autorités locales ainsi que des services chargés de l'hygiène et de la qualité. Ils proposent, à une clientèle crédule et peu regardante sur la qualité, des produits altérés par des vagues d'air polluées, vecteurs de germes microbiens et sources de toutes les épidémies auxquelles il faut s'attendre dans les toutes prochaines semaines si aucune mesure draconienne et urgente ne sera prise dans les délais les plus courts. Le pire est à craindre et nul n'osera dire qu'il ne le savait pas.