Quand on aborde le phénomène de la corruption, on se limite toujours à n'y voir que les trafics et les échanges de reprochables procédés qui n'ont pour base que le seul argent. Un donnant-donnant et des passations de services monnayables que la loi réprime et qui se limitent à des trocs de passe-droits que la droiture et la civilité réprouvent. La grande et large touche les transactions des importants marchés. La petite, mais non moins répréhensible, se niche au coeur des administrations et dans les comportements quotidiens et pluriels des administrés. Elle va de l'extrait de naissance vendu, au diplôme universitaire cédé. L'une comme l'autre n'est pas l'apanage des gens seuls d'ici et leur culture est un exercice planétaire qui ne date pas d'aujourd'hui. Il en est cependant une troisième facette corruptive, plus dense et plus profonde, qui perfore les âmes en avilissant sans restriction des pans de sociétés humaines pour désintégrer toutes la noblesse et la grandeur de la citoyenneté. Elle est la corruption des esprits. Les idéologies triturées par la tromperie et imposées par les Etats, les stratégies politiques élaborées par le mensonge à la faveur de sombres et d'approximatifs intérêts font souvent des gouvernés et des gouvernants des corrupteurs et des corrompus. Faire sienne une thèse à laquelle on ne croit pas et y adhérer par complaisance ou par liens du sang ou encore au nom des hiatus sociaux ou civilisationnels, c'est présenter un bras d'honneur à toute l'Humanité. Annihiler la sagesse de la réflexion et céder sans conviction devant les offres de doctrines aux gains éphémères de groupes officiels ou clandestins est plus que de l'égoïsme. Elle est la plus perverse des corruptions. Adhérer à l'usage du faux et à ses multiples visages est la pire espèce de la prostitution. C'est du commerce des âmes dont il est question. Avec le chassé-croisé des vérités toutes faites et celles préfabriquées, les mensonges étalés par grande ignorance et ceux élaborés avec mauvaise conscience, on finirait par croire que tout le monde est corrompu. La seule manière de se prémunir contre les doctrines inculquées et les posologies des petites et grandes rapines déguisées, il ne restera que le respect de l'autre à farouchement adopter. Les générations futures et la postérité y auront tout à gagner.
