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Certaines wilayas sont gérées comme de petits royaumes inféodés à des potentats locaux
Djilali Hadjadj. Président de l'Association algérienne de lutte contre la corruption
Publié dans El Watan le 16 - 05 - 2014

-Les affaires de corruption ont gangrené les différentes institutions de l'Etat. Mais les «gros» dossiers (Sonatrach, autoroute) font l'ombre à celles qui minent les institutions de bas,e comme les communes…
Dans les wilayas, daïras et communes, la petite corruption est devenue systémique, dopée par l'argent qui coule à flots. C'est devenu une règle et non une exception, car aucune wilaya ni commune n'y échappent. La petite corruption constitue la négation même de l'Etat dont la seule finalité qui puisse le légitimer est la recherche de l'intérêt public. Elle vide les politiques publiques de leur contenu et mine le fonctionnement des services publics les plus indispensables à la vie quotidienne. Dès qu'il y a possibilité d'interaction avec le public, tout service, tout contrôle, tout acte administratif, toute sanction, sont monnayables et passibles de transactions occultes.
Les stratégies, tout comme les tactiques utilisées par les acteurs des échanges corruptifs, diffèrent selon les contextes et les enjeux. Parmi les formes de corruption transactionnelle, nous pouvons ranger les différentes commissions que les fonctionnaires reçoivent pour les services d'intermédiation qu'ils ont fournis ou les services illégaux qu'ils ont rendus. D'autres formes de corruption utilisent la contrainte comme levier principal pour solliciter le pot-de-vin ou la faveur de la part des usagers (simples citoyens, entrepreneurs ou fournisseurs).
-Les affaires de corruption dans les APC sont-elles des actes isolés ou font-elles partie d'un schéma structuré de la corruption ?
Certaines wilayas sont gérées comme de petits royaumes inféodés à des potentats locaux. Nombre de walis se comportent en gangsters «autorisés», baignant dans une totale impunité, et sont confortés par les puissants du moment. Plusieurs walis agissent comme des agents de la police politique contre les dénonciateurs de la corruption, contre les journalistes, contre les élus locaux, les militants des droits de l'homme et la société civile indépendante, et les exemples sont malheureusement nombreux.
Obéissent-ils à des instructions de leur ministère de tutelle ou sont-ils plus zélés que leurs collègues ? A l'opposé des formes de corruption fondées sur la menace et la contrainte, où la dimension de l'extorsion prime sur la dimension transactionnelle, nous rencontrons des pratiques qui se confondent avec celles de la sociabilité ordinaire. Rentrent dans cette catégorie les échanges de services et de faveurs entre promotionnaires, parents, ressortissants d'une même localité ou région, membres d'une même faction politique. Pour compléter cette brève présentation des principales formes de corruption observées dans nombre de wilayas, il faudra mentionner des pratiques qui ne résultent pas des interactions entre services publics et citoyens, mais qui sont le fait des agents de l'Etat et plus généralement de tout dépositaire d'une fonction publique : le détournement et les usages privatifs de matériels et fonctions publics ; détournements de biens publics, des abus de biens sociaux ou l'usage indu de matériel de l'Etat.
Bien que ce constat ne suffise pas pour conclure que ces pratiques sont les plus représentatives de la corruption en Algérie, des sources qualitatives complémentaires - entretiens, enquêtes et observations menées par l'AACC - ont confirmé la banalisation du vol systématique des ressources publiques. Le plus souvent, ces pratiques s'inscrivent dans une stratégie de recherche d'un enrichissement rapide. Il faut profiter au plus vite et au maximum de l'assignation à un poste «juteux» dans un service public ou une fonction élective, puisqu'il s'agit d'un poste souvent éphémère (du fait de la rotation rapide des affectations dans les administrations et de la précarité de certaines nominations politiques).
-Quel est l'impact de ces affaires sur les caisses de l'Etat ?
La corruption a un coût. Il est établi qu'elle favorise les investissements improductifs, accroît le coût des biens et services et conduit à un déclin de la qualité de tout service et de toute production sous contrôle public. Elle engendre de mauvais choix, encourage la compétition au niveau des pratiques de corruption plutôt qu'une saine concurrence en termes de qualité et de coût. Aucune wilaya, aucune commune en Algérie n'est épargnée par la corruption : la situation est réellement désastreuse. Nous ne pouvons pas établir de classement fiable de la wilaya ou de la commune la plus corrompue. Celles qui disposent des budgets les plus importants sont les plus corrompues.
Dans le niveau de corruption d'une wilaya, la responsabilité du wali est essentielle : si ce wali est versé dans la corruption, celle-ci gangrénera son administration et l'ensemble des directions de l'exécutif de wilaya. Ce wali très corrompu - surtout si c'est son dernier poste et qu'il est proche de la retraite - fera de la corruption un «instrument» de gestion pour s'enrichir et corrompre lui-même à tous les niveaux, notamment en direction des administrations centrales (ministères, institutions nationales de contrôle, etc.). Plus grave, ce wali corrompu s'entourera de collaborateurs incompétents et aux ordres même contre la loi et la réglementation.
-Y a-t-il des moyens de lutte efficaces contre la corruption en Algérie ?
La lutte contre la corruption est avant tout politique. Il faudrait pratiquer des brèches dans le mur bétonné du silence, redéfinir la loi pour ramener les institutions près du peuple, casser les monopoles politiques, militaires et économiques pour donner à cette société la possibilité de se battre pour elle-même et devenir une société de citoyens et, enfin, déstructurer les réseaux de corruption, mais la justice est complètement inféodée au pouvoir. Une des alternatives au phénomène de corruption se trouve dans la protection des dénonciateurs, la bonne gouvernance et la démocratie participative.
Depuis plusieurs années maintenant, les pouvoirs publics et les officines en tous genres se distinguent par une répression tous azimuts à l'encontre des associations et des syndicats autonomes, contre les éditeurs de presse et les journalistes indépendants, contre l'opposition, contre les populations qui se révoltent à juste titre contre toutes les injustices. Mais les véritables obstacles dans la lutte contre la corruption sont autant les intérêts de la pyramide politico-administrative que le fatalisme et l'ignorance des victimes, souvent maintenus dans une culture de la peur. Or, l'information permet l'action.
Le secteur privé peut également constituer un allié important. Il est, en effet, dans l'intérêt d'une partie au moins du secteur privé d'opérer dans un environnement structuré où l'Etat à travers des institutions fortes réglemente et arbitre le jeu de la concurrence. La société dans son ensemble a-t-elle suffisamment conscience de l'ampleur de la corruption qui s'apparente à une mise à sac du pays, hypothéquant la perspective de développement ? L'avenir nous le dira.


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