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Mai 1945 : Des commémorations d'hémiplégiques
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 12 - 05 - 2015

Quelques rappels, non pour les amnésiques professionnels mais pour nos enfants qui n'ont de l'histoire de leur pays que les fantasmes assassins de ce dont le RCD s'était coiffé, avant de s'étêter. Ou les génuflexions mesurées des administrateurs des nombreuses attestations communales et des rentes perpétuelles qui vont avec.
1.- Sous l'Arc de triomphe, triomphe la bêtise, l'inculture et la soumission aux hordes yankees. Kerry -qui parle la langue des vassaux- est là pour le rappeler aux con-vaincus contrits : « sans nous vous seriez réduits à n'être que des peuples de collabos et des esclaves teutons ! Repentez-vous peuples ingrats et venez à résipiscence ! »
Tout européen naturellement doté d'une mémoire raisonnable sait que Roosevelt ne pouvait admettre qu'une guerre en Europe puisse s'achever sans que l'empire militaro-industriel américain n'en soit universellement déclaré vainqueur. De la libération réelle des nations européennes, les généraux et politiques américains n'en avaient cure.
Toutes les décennies durant après 1945, Hollywood l'a asséné de toute sa puissance au point que même les bouseux du Middle West en soient mordicus persuadés.
L'URSS a disparu et l'OTAN est toujours là. Ce qui montre bien que son objectif n'était pas la liberté de l'Europe mais bel et bien sa mise sous tutelle.
Tout cela de Gaulle l'avait parfaitement bien compris à Londres. Le chef de la « France libre » n'avait même pas été informé de la date du débarquement de juin 1944. Qui lui reprocherait de n'avoir jamais commémoré « le jour le plus long ». Et d'avoir sommé dès 1966 le procurateur américain en Europe de vider les lieux et de débarrasser promptement Lutèce de son siège.
Ne soyons pas naïfs. De Gaulle connaissait le format des rapports de forces et savait jusqu'où déplacer les limites de la grandeur de la France. Les faits et les mots s'entremêlent pour que les « glaces de la galerie » restent debout.
Depuis, la fin des trente glorieuses a annoncé la fin du sursaut de 1958. La Vème est copieusement élaguée et tout ce qui fait office de personnel politique se réjouit de revenir aux mœurs de la IVème. N. Sarkozy, à peine élu, replace les forces armées françaises (certains généraux français le souhaitaient avec enthousiasme) sous commandement étranger (c'est un général américain qui dirige l'OTAN), précisément au moment où la raison d'exister de cette organisation a disparu.
Le nouveau taulier « socialiste sarkozien » de l'Elysée a évidemment confirmé et approfondi ce choix.
Ce génie aura eu comme principal mérite d'avoir rendu son prédécesseur (que tous les gens sérieux avaient tenu pour une erreur incompréhensible de casting) si populaire que le système médiatico-politique annonce son retour aux affaires (avec les conséquences que chacun devine). Il n'y a pas que chez nous que les braises engendrent des cendres.
2.- A l'injustice les pays européens «libérés» ajoutent l'incivilité.
Un sondage IFOP a recueilli l'opinion des Français à la Libération. En mais 1945 à la question « quelle est, selon vous, la nation qui a le plus contribué à la défaite de l'Allemagne en 1945 ? », proches des faits, 57% des Français répondaient alors, « l'URSS » et seulement 20%, les Américains.
Aujourd'hui, travaillés par des décennies d'intox (internes et externes, avec l'amnésie des le résultat est sans surprise. 54% des sondés répondent en mai 2015 : « les Etats-Unis ». De quoi se rouler par terre de rire.
Sur les plus de 65 millions de morts (un holocauste qu'aucune civilisation antérieure n'a pu imaginer) plus de 20 millions ont été des Russes sans le sacrifice desquels jamais l'Europe n'aurait été libérée.
F. Hollande et A. Merkel (ainsi que la plupart des dirigeants européens de « l'Ouest », y compris les derniers convertis) vont boycotter les prochaines 70èmes commémorations organisées à Moscou. Plus qu'une indécente erreur diplomatique, une goujaterie historique.
3.- Dans le paysage audiovisuel français et européen pas une ligne, pas un mot, pas une image, pas une transpiration à propos des massacres des Algériens qui manifestaient pacifiquement pour l'indépendance et la liberté à Sétif, Guelma, Skikda…
Kateb Yacine était dans la foule… Et dire que les lycéens de Hihi el Mekki n'en gardent aucun souvenir…
Certes, un membre subalterne du gouvernement français viendra dire des mots sirupeux qui ne fâchent personne… et louvoyer entre histoire mémorielle, prix des hydrocarbures, sécurité en Méditerranée et crédit électoral en débit d'étiage… Le Parti socialiste relèvera bientôt des commissaires-priseurs.
Personne n'oubliera l'offense ultime : les Africains, les Asiatiques et autres Sud-américains qui avaient tant donné pour la libération de la France et de l'Europe, sans l'avoir voulu (car contraints et forcés par les empires coloniaux d'alors, contrairement aux délires supplétifs des « Indigènes ») ont été interdits de défiler aux Champs-Elysées.
Pas de discordances chromatiques au sein de la parade des vainqueurs !
Triste 08 mai.


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