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UNE HUMANITE MALADE
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 12 - 05 - 2015

Quatre bateaux transportant plus de quatre cents migrants clandestins étaient signalés en détresse lundi au large de la Malaisie. Le monde dans son étroitesse n'offre plus l'apanage du désespoir aux seuls Africains et la mer Méditerranée s'avère exiguë pour ensevelir à elle seule tous les damnés de la terre. On ne connaît ni les ports ni les rives d'embarquement de ces centaines de malheureux femmes, enfants et hommes fuyant on ne sait quelles vagues rivalités tribales et religieuses et l'on ne doit se contenter d'oiseuses explications rapides sur les causes profondes d'une Humanité malade.
L'infantilisme de l'espèce humaine prend une ampleur incommensurable et l'on se rend compte une nouvelle fois que le sempiternel égoïsme des nantis trace à grands traits un suicide globalisé terrestre. C'est que dans leur aveuglement, les nantis n'arrivent pas à comprendre qu'en développant leur cupidité c'est leur propre destinée qu'ils hypothèquent et que leur puérile philosophie des barbelés programme leur propre suicide. Quelle sécurité et quelle sérénité peut-on s'offrir quand les océans et les mers sont devenus des espaces minés où s'engloutit en vrac la dignité humaine ?
La faim, la guerre et les conflits ne sont pas seulement le produit des dissonances ethniques et des dictatures affirmées et l'on a trop souvent tendance à buter sur de plats raisonnements à propos des gouvernances tordues et désaxées des jeunes pays.
Les empires éteints à la fin du siècle dernier ont laissé des traces indélébiles dans le comportement des hommes et des plaies toujours ouvertes dans la profondeur de l'âme humaine. S'il est bien question de rationalité et de bonne gouvernance, il s'agirait bien d'une juste et efficace gestion du monde. Une nourriture équitablement partagée est le summum d'une paix assurée à mille lieues de la main basse sur les richesses d'autrui et d'un colonialisme qui n'aurait changé que de façade.
Une justice généralisée pour un honneur retrouvé réconcilierait l'espèce humaine avec elle-même et n'offrirait aucune raison à tous les migrants clandestins pour des suicides en mer.


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