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Sellal à Constantine : Une ministre «recadrée» et des non-dits
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 22 - 08 - 2015

Le Premier ministre s'est déplacé jeudi dernier à l'est du pays pour commémorer les offensives du Nord-Constantinois du 20 août 1955, une première dans l'histoire de l'Algérie indépendante.
C'est de l'avis même du ministre des Moudjahidine qui a précisé en marge de la visite que le déplacement de Abdelmalek Sellal pour marquer officiellement cet événement est le premier en son genre. Déplacement qui se veut une véritable « offensive » politique que le 1er ministre a tenu à mener à Constantine, sa ville natale. Il y a été presque en « conquérant » en sachant pertinemment que c'est un terrain qui lui est totalement acquis. Sellal était à jeudi à Constantine pour porter des messages politiques d'envergure. En plus de ceux qu'il a exprimés officiellement et publiquement, les observateurs auront décelé les non-dits d'une visite par laquelle il a voulu évoquer un événement qui a été tout au long de l'histoire postindépendance de l'Algérie, presque «noyé» dans la célébration toujours soutenue de celui qui lui a chevauché en l'occurrence la tenue du congrès de la Soummam le 20 août 1956.
Le président de la République lui a pratiquement planté le décor et défini les axes principaux dans le message qu'il a fait lire pour la circonstance par le ministre de la Culture Azzedine Mihoubi. Message qui a reposé sur de grands chantiers, entre autres la construction du grand Maghreb arabe uni que l'histoire même impose par les jonctions qu'elle a établies entre les trois pays de la région (Algérie, Maroc, Tunisie) durant leur colonisation par la France. Bouteflika notera la victoire diplomatique de « la cause algérienne » aux Nations Unies. Il appellera les Algériens à ne pas se contenter de la commémoration des événements de la guerre de libération nationale « mais en tirer les enseignements nécessaires pour pouvoir faire face à ceux qui veulent déstabiliser l'Algérie, pour préserver la cohésion sociale, repousser le terrorisme et réussir le pari de la relance de l'économie nationale ».
Le chef de l'Etat mettra un accent particulier sur l'impératif développement des énergies renouvelables en ces temps où le pays perd progressivement sa sève (financière) en raison de la chute drastique du prix du baril de pétrole. Il rendra hommage à l'ensemble des services de sécurité avec à leur tête les forces de l'ANP qui, a-t-il souligné, qui déploient « des efforts gigantesques pour protéger le pays et pour assurer la protection de ses frontières ». Il notera l'importance de ce qu'a « créé » le Nord-Constantinois en 1955 en organisant ses grandes offensives armées contre le colonialisme dont les conséquences ont été remarquées « à l'intérieur et à l'extérieur du pays ». Offensives qui, a-t-il précisé, « ont desserré l'étau sur la Kabylie et les Aurès ». Le président de la République terminera son message sur les rentrées scolaire et sociale pour appeler les Algériens « à la préservation de leurs acquis ».
Des acquis à la tête desquels son Premier ministre place la langue arabe comme «référence constitutionnelle, civilisationnelle et culturelle, c'est un principe définitivement tranché, aux côtés de l'amazighité à laquelle on doit, a-t-il dit, donner plus d'importance pour la développer davantage ». Sellal rappelle que le programme du président de la République consacre les constantes de l'identité nationale, et souligne la place privilégiée de la langue arabe « qui est la langue du peuple algérien ». Ce programme est cette feuille de route pour laquelle « tout le gouvernement doit déployer tous ses efforts et moi en tant que Premier ministre, pour l'appliquer sur le terrain ».
L'autre message du 1er ministre
Sellal a saisi l'occasion de sa présence à Constantine pour quelque peu titiller l'histoire et raviver énergétiquement le souvenir des offensives du Nord-Constantinois du 20 août 1955. Mais aussi pour répondre à ceux qui se sont précipités pour lever leurs boucliers contre la ministre de l'Education dès qu'elle a «trébuché» sur le farfelu enseignement de la «daridja» à l'école de la République. «Avec du recul», Nouria Benghebrit avoue même aujourd'hui que «c'est une dérive sémantique». Intellectuelle avertie qu'elle est, elle s'est certainement rendu compte qu'elle a très mal expliqué l'idée qu'elle voulait suggérer pour être une méthode à l'initiation scolaire et non un programme d'enseignement. Rajouté « aux clarifications » que le 1er ministre a tenu à faire sur cette question à partir de Constantine, «ce recadrage » de la ministre est en évidence un moyen de déclarer forfait devant les esprits en quête du moindre faux pas pour couper des têtes. Pourtant, l'on n'a entendu aucune voix intellectuelle se demander si le pays n'est pas en train de reculer en ordonnant l'enseignement de tamazight à travers l'ensemble du territoire national et si véritablement cet enseignement ouvre véritablement les portes du savoir devant un monde qui se met à la langue chinoise parce que les expansions économiques et technologiques ont des identités qui sont loin d'être algériennes, qu'elles soient en dardja ou en berbère.
Benghebrit aurait dû éviter cette passe d'armes parce qu'elle a pris en charge une école qui s'est accommodée depuis très longtemps d'un enseignement « hybride » alliant réflexions en dardja, en tamazight, en verlan algérianisé, tout dépend de la région de naissance de l'enseignant. C'est dire que le désordre qui régente le système éducatif est bien plus profond que ces fantasmes occasionnels. Tous les fervents discours officiels sur la modernité, l'ouverture de l'Algérie sur le monde civilisé, la relance d'une économie nationale performante, le développement des énergies renouvelables ne valent absolument rien devant ces élucubrations «dialectales» stériles, notamment si la volonté politique continue d'ignorer la compétence et ménage l'obscurantisme.
Le 1er ministre évoquera la conférence nationale qui s'est tenue en juin dernier à Alger sur la réforme du système éducatif pour indiquer qu'elle a conclu à de nombreuses recommandations et propositions « faites par des pédagogues et experts, on les étudiera et on en prendra celles qui seront utiles à la construction de l'école », assure-t-il. Mais non sans prévenir ceux qui l'auront encore une fois mal compris, « il ne faut pas confondre des propositions d'experts et les décisions de l'Etat ». L'enseignement « primaire » par la dardja à peine susurré par la ministre est, à saisir son insistance, loin d'être inscrit comme décision de l'Etat. « L'école algérienne est ouverte à toutes les langues pour pouvoir acquérir les technologies et les sciences », dit-il. Le 1er ministre reprend son souffle pour avertir que « l'école doit être éloignée de la politique, il ne faut pas la politiser ». Sellal affirme que le gouvernement doit veiller à l'application du programme du président « sans arrière-pensée et sans aucune visée ». L'on ne saura pas pourquoi il redira cette précision plus loin. La nécessité d'avancer est selon lui exigée par «la situation difficile que vit notre économie» mais rassure tout de suite que «nous pouvons nous en sortir parce que nous avons les infrastructures de base et des cadres compétents formés par l'école algérienne». Il en appelle à « la solidarité nationale » et la nécessité d'atteindre « l'objectif suprême à savoir une économie performante parce que l'Algérien, dit-il, ne veut plus retourner à la pauvreté et il n'y retournera pas ! » C'est pour lui, un défi.
Les sursauts politiques de l'histoire
A ceux qui pensent que les gouvernants ont lâché la ministre de l'Education, Sellal assure qu' «il n'y a pas de dissensions au sein du gouvernement, nous n'avons aucun problème, aucun différend, aucune divergence, nous sommes un gouvernement uni, nous sommes tous chargés de l'exécution du programme du président de la République, en tant que 1er ministre, j'en suis responsable, je le fais sans aucune arrière-pensée ni aucune visée ».
La virée de Sellal dans la mémoire de la wilaya 2 historique semble programmée pour lui donner un nouveau départ. Sa première halte, il l'a voulue à la commune de Zighout Youcef, le nom de celui qui a commandé la région et préparé activement ses offensives le 20 août 55, c'est-à-dire dix mois après le déclenchement de la guerre de libération nationale. Offensives sur lesquelles un grand coup de projecteur est donné cette année pour que des moudjahidine les déclarent pour la première fois «tournant décisif pour la révolution et véritable cap pour son organisation dans les villes contrairement à celle du 1er novembre 54 qui a été déclenchée dans le monde rural».
Il y a à peine une quinzaine de jours décédait Brahim Chibout, ancien ministre des Moudjahidine. L'hommage appuyé qui lui a été rendu par le président de la République coïncidait ainsi avec la commémoration de la journée du chahid et les événements historiques de 1955 et 1956. Chibout a été, faut-il le rappeler, un des acteurs principaux de la préparation des offensives du Nord-Constantinois. El Harrouch, Mila, Skikda, Jijel, Sétif, Annaba, Souk Ahras et autres contrées formant le Nord-Constantinois jouxtant les Aurès ont été mises à l'honneur en ce 20 aout, journée du chahid. La présence jeudi dernier du 1er ministre pour en parler est comptée parmi les sursauts que la politique fait quand elle veut se tracer un trajet même si elle se doit d'en corriger les détours en cas de besoin. Il est difficile de ne pas se rappeler que les acteurs du Nord-Constantinois avaient déjà brillé par leur esprit dissident au sein du FLN de Belkhadem mais aussi de l'actuel SG. L'on se rappelle que l'avant-garde de cette dissidence a été assurée par la présence de Abada, Goudjil, Belayat et bien d'autres. Elle avait donc changé de main depuis qu'elle avait été entreprise par Benflis et ses alliés. Au risque de couper le cheveu en quatre, il semble que l'histoire se crée des quartiers à chaque fois qu'elle se sent à l'étroit dans les anciens.
Si Sellal répète qu'il n'a pas de visée, c'est peut-être pour aller vers tous ses liens que la politique laisse exprès derrière elle pour se refaire une santé et reprendre du souffle. Sellal ne quittera pas Constantine sans avoir écouté durant son temps de pause la sublime chanson Ya Dhalma tirée du répertoire du malouf.
Une chanson qu'on dit qu'il apprécie bien. Au fait, la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe » passe pratiquement inaperçue.


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