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80% des bijoux exposés seraient «faux» : Une filière en or pour les faussaires
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 11 - 10 - 2015

L'or est-t-il encore une valeur refuge ? Ce commerce vit, actuellement, des moments difficiles. Nombre d'artisans ont procédé à la radiation de leurs registres de commerce, alors que les bijoutiers qui exercent, toujours, restent à la merci de faussaires. Les bijoux en toc, traficotés, le plus souvent, dans des caves obscures inondent les vitrines.
Faux bijoux, faux poinçons, bracelets bourrés de fils de cuivre et de pierres d'ornement, sans valeur, cannettes de bière et de boissons fondues avant d'être mélangées à l'or, importation, fabrication et vente frauduleuse d'or en vrac ou en bijoux finis… la liste des délits commis, en toute impunité, par ces faussaires est longue.
Le coordinateur de wilaya d'Oran des bijoutiers de la Fédération des commerçants et des artisans, Merdas Ahmed, jette un pavé dans la mare, en assurant qu'entre 80 à 90% des bijoux exposés, dans les vitrines sont «faux» c'est-à-dire qu'ils ne répondent plus au standard algérien de 18 carats ou 18 g d'or pur dans 24 g d'alliage. «Les faussaires ont redoublé d'ingéniosité, ces dernières années, pour tromper même les professionnels du métier. Le test du touchau ou pierre de touche (une petite tablette de pierre foncée constituée de pierre de carrière, d'ardoise ou de basanite. Sa surface, finement, granuleuse permet aux métaux tendres d'y laisser une trace visible au frottement. Le touchau est utilisé pour tester les alliages et les métaux précieux, en orfèvrerie ou monnayage), qui était, jusqu'à un temps récent, un moyen infaillible pour vérifier l'authenticité de l'or, n'est désormais d'aucune utilité. Des bijoux, qui ont passé avec succès le test du touchau, se sont révélés par la suite des faux. La supercherie est souvent découverte après que le propriétaire du bijou se présente à l'Agence de prêt sur gage pour déposer son bien. La banque dispose de matériels spécifiques pour vérifier l'authenticité de l'or.
Les faussaires recourent, actuellement, à un procédé ingénieux, en recouvrant les pièces en toc avec une couche épaisse en or. L'autre astuce utilisée est le bourrage des bijoux, essentiellement, les bracelets et les boucles d'oreilles avec des fils de cuivre qui sont généralement, fixés à l'intérieur avec de la colle ultra forte. La seule solution pour vérifier, avec exactitude l'authenticité de ces faux vrais bijoux, est de recourir à la coupelle ou la coupellation. Cette technique est utilisée au service de garantie relevant de l'administration fiscale qui se trouve, dans le quartier de Sidi El Houari. Les bijoutiers sont, aujourd'hui contraints de détruire des pièces de bijoux de grande valeur pour s'assurer de leur authenticité. Les bracelets et les boucles d'oreilles, en forme de coquille, sont, systématiquement, découpés avec des ciseaux avant d'être achetés auprès des particuliers», affirme notre interlocuteur. Et d'enchaîner : «la plupart des bijoutiers refusent, désormais, d'acheter des bijoux auprès des particuliers. Seules les pièces anciennes fabriquées, il y a quinze ou vingt ans, sont acceptées par les bijoutiers. Nous ne faisons plus confiance aux nouvelles pièces même celles importées d'Italie, comme la fameuse marque ‘Graziella'. Bon nombre de mes confrères de métier ont boudé tous les achats et moi-même je n'ai pas acheté de bijoux depuis une année. Je suis en train d'épuiser mon stock pour me reconvertir dans un autre créneau». Ce vieux bijoutier qui pratique ce métier depuis 32 ans, a transmis son savoir-faire à son fils, mais, aujourd'hui, il vient de prendre une décision difficile : «je vais quitter ce créneau gangrené par l'informel et les trafiquants de tous bords». Le délégué des bijoutiers appelle les services concernés à renforcer le contrôle de la filière pour assainir le commerce de la bijouterie des faussaires. Il regrette, surtout, que les différentes rencontres, tenues ces dernières années, avec les responsables du service de la garantie de l'administration fiscale, n'avaient pas dépassé le stade d'échange de vœux. «La filière était, jadis, sous le contrôle de l'Etat, mais aujourd'hui tout échappe aux services de contrôle», déplore notre interlocuteur. Il avoue que même les bijoux «made in Italie» ne respectent pas le standard algérien de 18 carats.
«Les fabricants italiens ne sont pas à blâmer. En réalité ce sont les clients algériens qui exigent des bijoux de moindre qualité pour faire le maximum de profit. Ce collier ascenseur de la marque ‘Graziella', par exemple, n'est pas 100% en or 18 carats. Seule la chaîne est en or alors que le motif est en plaqué or. Le motif qui pèse plusieurs dizaines de grammes est vendu au prix de l'or 18 carats», précise notre source. Ces pratiques répréhensibles ne sont que l'arbre qui cache la forêt. Partout, les activités commerciales sont gangrenées par l'informel et la fraude.
Les services concernés par le contrôle du commerce et la répression de la fraude sont dépassés par la progression du commerce informel. Des centaines de commerçants clandestins exercent, à travers le territoire de la wilaya, sans aucune autorisation. En dépit du renforcement des contrôles, en amont, de l'activité commerciale, le marché informel semble avoir la peau dure.
«L'AFFAIRE DE TOUS»
Le service de la garantie de la wilaya d'Oran ,relevant de l'administration fiscale, situé dans le quartier historique de Sidi El Houari où nous nous sommes rendus, jeudi matin, était quasiment désert. Preuve de l'agonie de la filière or, presque aucun artisan bijoutier ne s'aventure dans ce service pour le poinçonnage des bijoux. Le premier responsable du service de la garantie que nous avons rencontré, estime que la fraude des bijoux en or ne concerne pas, uniquement, son service, tout le monde est concerné. «Ce phénomène ne concerne pas, seulement notre service ou celui des contrôles. Tout le monde doit s'impliquer dans la lutte contre la fraude, à commencer par les douanes, les bijoutiers, les artisans, les ‘dellalates' et les autres citoyens. Les faux bijoux, qui atterrissent dans notre service, sont systématiquement détruits, mais nous ne pouvons pas contrôler les artisans qui exercent, clandestinement, dans leurs domiciles», déclare notre interlocuteur. Le responsable du service garantie qui dissimulait, difficilement, son sentiment d'impuissance soutient que ce sont les artisans clandestins, profitant de la complicité de certains bijoutiers, qui écoulent leurs bijoux contrefaits sur le marché.
«LA PRODUCTION ARTISANALE A CHUTE DE 70%»
L'expert judiciaire en bijoux or et pierres précieuses, Dalaa Zine Labidine, qui est, également, délégué des bijoutiers, à l'UGCAA (Union générale des commerçants et des artisans algériens), que nous avons contacté, pour avoir son avis de professionnel, a tenté de relativiser le phénomène de traficotage des bijoux en or tout en estimant que c'est le marché informel qui dicte, actuellement sa loi, dans la filière bijouterie. «Les descentes des services de contrôle sur le terrain sont régulières. Je les vois, deux à trois fois par semaine, à M'dina Jdida. Certes, il y a des problèmes au niveau de la filière bijouterie, comme tous les créneaux, mais dire que près de 80% des bijoux, en vitrine sont faux, c'est de l'exagération. Il s'agit, selon mon avis, d'affirmations graves et tout à fait infondées. En tant qu'expert judiciaire, j'avais été appelé à faire des expertises sur les bijoux en or, dans plusieurs wilayas et même dans la capitale et je peux vous dire, aujourd'hui, que la situation, contrairement, à ce que laissent entendre certaines personnes, n'est pas aussi grave», lance notre expert, tout en concédant que la filière bijouterie agonise en raison de la reconversion des artisans et le manque en main-d'œuvre qualifiée. «La production artisanale a chuté, aujourd'hui, de 70%. Il y a un manque terrible, en main-d'œuvre qualifiée, en raison des différentes formules de soutien à l'emploi (ANSEJ, ANGEM, CNAC...) qui accordent des facilités et des avantages aux nouveaux arrivés, au lieu d'encourager les anciens artisans. Il n'y a plus de main- d'œuvre qualifiée, tout le monde veut être patron. Des salaires mensuels entre 40.000 et 50.000 dinars n'intéressent plus la main-d'œuvre qualifiée. Le métier a été, aujourd'hui, complètement abandonné, à Oran. Seuls quelques artisans exercent, toujours, dans les autres wilayas de la région».
Les avis des différents intervenants, dans la filière bijouterie, divergent sur la manière d'assainir cette activité, mais presque tout le monde est d'accord sur le fait que cette situation est maintenue par des lobbies forts motivés par l'appât du gain facile et qui disposent de ramifications, dans les rouages de l'Etat et même dans des pays européens. Le dicton populaire «Lahdayade lechedaid», littéralement (les métaux précieux pour les crises), a, désormais, perdu de son sens. Aujourd'hui, on serait tenté de dire que c'est les métaux précieux qui sont dans une mauvaise passe.


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