La déclaration de Belkacem Mellah de vouloir un débat télévisé avec Ahmed Ouyahia a fait curieusement réagir de nombreux militants du RND. L'article reprenant les propos du premier candidat déclaré au poste de secrétaire général du RND, paru dans notre édition du dimanche 6 mars 2016, n'a pas été du goût d'un nombre important de militants qui ont toujours soutenu corps et âme Ahmed Ouyahia. C'est en revendiquant l'anonymat qu'ils affirment tous penser que « Mellah veut jouer dans la cour des grands alors qu'il n'en a pas du tout l'envergure. » Des cadres qui l'ont côtoyé estiment eux aussi que le fait qu'il ait annoncé «publiquement et très tôt sa candidature, il veut être mis sous les feux de la rampe pour ne pas être oublié et pour gagner quelques voix ici et là.» Les nombreuses personnes qui ont pris contact avec nous pour nous dire qu' «il ne fallait pas l'écouter», cela relève du délire. Si tant est que Mellah ne peut prétendre à aucune voix de soutien et qu'il ne peut caresser le vœu d'être un jour SG du RND, l'on s'interroge pourquoi alors tant d'agitation dans les rangs du RND. L'on apprend auprès de membres du Conseil national du parti que vendredi dernier, Ouyahia a réuni les élus du RND des 48 wilayas. La discussion sur Mellah aurait pris un large pan de l'ordre du jour de cette rencontre. «Pratiquement tous les présents ont dénigré Mellah et lui reprochent de s'être porté candidat contre Ouyahia à qui ils ont rappelé leur allégeance, » nous informait hier un membre du conseil national. Ce dernier et bien d'autres, se disent outrés par « le niveau de la parole politique partisane qui a atteint des niveaux aussi bas de cancans alors que le RND a bien plus important à faire.» «Mais de quoi est accusé Mellah ?», se demande un de nos interlocuteurs. Connaissant bien la personne, dit-il cependant, pour n'avoir aucune aptitude pour se mesurer à Ouyahia, «un fin diplomate» de tous les temps et de toutes les situations, il répond à sa question en regrettant que «les militants réagissent négativement à un des nôtres qui a voulu tester sa popularité ou combler son temps -peu importe-, l'essentiel est qu'il ait pris l'initiative de se mesurer à un SG qui a de tout temps été plébiscité comme tous les autres chefs partisans, et comme l'a toujours exigé le pouvoir.» Vendredi dernier, l'on nous affirme que Ouyahia a déclaré devant les élus du RND que lors du congrès de mai, il exigera le passage des candidats au poste de SG, par l'urne. «Il insiste pour que l'élection du futur SG du parti sorte par l'urne, il nous l'a affirmé vendredi lors de la réunion », nous a fait savoir un député. Exigence que Mellah met en avant au même titre qu'Ouyahia. Pourquoi alors l'un rassure et le second fait rire ? La demande d'un débat télévisé avec Ouyahia exprimée par Mellah a fait rire aux éclats des élus du parti. «On se demande comment il pourra se défendre devant un Ouyahia qui sait manier le verbe et l'envelopper du ton qu'il faut», ironisent-ils. Au point où vont les élucubrations d'un côté comme d'un autre, l'on se demande si c'est véritablement l'ambition de Mellah qui fait réagir par le rire et la dérision ou l'absence de vision sur l'avenir d'un parti dont les éléments ne savent plus quelle direction prennent les vents du changement programmé par Bouteflika. Comme les voix du Seigneur sont impénétrables, Mellah n'aura été ainsi qu'un subterfuge pour prêcher le faux ou le circonstanciel et tenter de savoir si ce dernier n'est pas instrumenté pour amuser la galerie et laisser ceux qui ont les tablettes sous la main, de les manipuler comme ils l'entendent.
