Même si le pouvoir a fait mine d'être indifférent à la possibilité d'un boycott par l'opposition des prochaines élections post-révision de la Constitution, il a en réalité redouté que celle-ci en soit absente et qu'apparaisse ainsi clairement que la majorité de la classe politique ne souscrit pas aux changements opérés unilatéralement par lui à la loi électorale censés avoir apporté les garanties permettant de prémunir le processus électoral des fraudes et manipulations qui par le passé dévoyaient systématiquement les résultats des scrutins qui en étaient l'aboutissement. Il n'y a aucun doute par conséquent que les milieux de ce pouvoir ont poussé un « ouf » de soulagement à l'annonce par une majorité de l'opposition qu'elle prendra part aux prochains scrutins électoraux. Les partis constituant la Coordination des libertés et de la transition démocratique (CNLTD) dont certains semblaient balancer sur la décision à prendre ont finalement opté eux aussi pour la participation en avançant comme justification à leur décision qu'elle « participe des mêmes objectifs ayant présidé à leur regroupement au sein de la CNLTD qui visent à protéger la nation algérienne contre les conséquences découlant de la logique, mentalité et pratiques du régime politique en place ». Peu sûr pour autant que l'argument porte auprès des citoyens qui ayant partagé avec l'opposition le refus de considérer comme une avancée démocratique la nouvelle loi électorale concoctée par le pouvoir et s'étant fait la conviction que les prochaines échéances électorales se solderont par la même mystification que les précédentes, ne se feront pas à l'idée que la participation électorale des formations de l'opposition contribuera à réaliser cet objectif dont ils font la raison de leur décision. Il sera encore plus contestable l'autre argument avancé en faveur de l'option participationniste pour l'opposition par le chef du parti islamiste MSP Abderrazak Mokri qui consiste à prétendre que les « élections prochaines constituent un test pour le pouvoir et non pas pour les partis politiques ». Le chef islamiste suggère que pour ces élections le pouvoir n'aura d'issue de secours face à la montée en puissance des revendications sociales sur fond d'une crise économique et sociale qui va aller en s'aggravant que le non recours à la fraude électorale et à la tricherie politique et que cela servir en définitive l'action politique et le pays. Ce qui revient pour ce leader politique à tabler sur un climat politique dont la prévisibilité reste aléatoire. La seule certitude est que quelles que soient les raisons que l'opposition donnera pour sa participation aux élections dans des conditions qu'elle a par avance dénoncées comme ne garantissant nullement que la volonté populaire s'exprime démocratiquement et en toute régularité, elle ne fera ce faisant que cautionner la démarche du pouvoir qu'elle persiste pourtant à rejeter en détail et globalement et à en dénoncer la finalité qui est la pérennisation d'un régime auquel elle ne reconnaît aucune sorte de légitimité et de qui elle exige qu'il cède la place à une transition démocratique vouée à opérer les véritables changements politiques auxquels il s'oppose obstinément. La précipitation de la majorité de l'opposition à se déclarer pour la participation électorale n'est pour ceux qui ne sont pas convaincus par les raisons avancées en sa faveur que la preuve qu'ayant été impuissante à changer le rapport de force avec le pouvoir, elle ne cherche désormais qu'à obtenir des assurances pour sa survie politique. Ce que le pouvoir lui dispensera mais en veillant à la maintenir à un niveau de dépendance à son égard.