La terrible nouvelle est tombée comme un couperet, dans la soirée de jeudi. Benzama Benaissa, le porte-flambeau des poètes du Sersou est mort, après une longue et douloureuse lutte contre la maladie. Son verbe d'une somptueuse beauté, ciselé dans la langue d'El Jahid, fusait chaque matin à travers les ondes de la radio locale, comme pour inviter les Tiarétiens à se réveiller du bon pied. Epris de poésie depuis son jeune âge, Benzama Mohamed dit « Benaissa » s'imposera comme un nom lumineux dans le club fermé des bardes des Hauts-Plateaux de l'Ouest. Souriant et toujours de bonne humeur, « le défunt avait l'art de planter une belle rose dans le cœur des autres », se souvient Aek, un ami de longue date. Artiste accompli, Benaissa Benzama était aussi un virtuose de plusieurs instruments musicaux dont le luth avec la formation musicale « Nour el Alam « aux côtés d'autres artistes et chanteurs de Tiaret, alors que l'Algérie venait à peine de recouvrer son indépendance, au début des années soixante. Le grand poète disparu trouvera également sa pleine vocation en puisant dans le patrimoine du Chiîr el melhoun, composant des dizaines de textes, qu'il savait déclamer à la manière des crooners. Homme populaire et apprécié de tous, Tiaret a perdu en lui l'un de ses fils les plus dignes. Il a été inhumé vendredi, après la prière du Dohr en présence d'une foule nombreuse, venue l'accompagner à sa dernière demeure. Adieu l'artiste!
