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Les charlatans et la concurrence déloyale
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 09 - 01 - 2017

Comment la société algérienne en est arrivée à intégrer dans ses habitudes des méthodes de soins, pour le moins, discutables comme la ‘roqia', les produits prétendument miraculeux qui soignent des maladies que même la médecine moderne n'arrive pas à prévenir ni à éradiquer complètement comme le diabète, le cancer, les AVC, etc. ?
Aujourd'hui, une nouvelle «race» de charlatans nous assure une guérison totale et immédiate grâce à leurs produits miracles qu'ils nous proposent à grands renforts de PUB sur tous les médias.
Souvenez-vous, pour les plus âgés : avant, les charlatans couraient les villages et les marchés populaires accompagnés de musiciens pour attirer les chalands et leur vendre, à force de boniments, leurs drogues fallacieuses. Aujourd'hui les bonimenteurs sont peut-être différents, mais « la grosse artillerie » a remplacé la ‘gasba' et le ‘bendir', et les drogues sont mieux emballées mais aussi fallacieuses. Encore que les charlatans d'autrefois étaient également arracheurs de dents, car jadis, la dentisterie était considérée par la Faculté comme indigne de son attention. Ils étaient rebouteux, et, à défaut de connaissances scientifiques, possédaient souvent une habileté remarquable pour remettre une entorse, un foulure et même réduire une fracture (djabbar), tandis que les doctes de la faculté se contentaient de disserter sur « le pouls duriuscule, ce qui marque une intempérie dans le parenchyme splénique qui retentit sur le fonctionnement du foie, à cause de l'étroite sympathie qu'ils ont ensemble par le moyen du vas brève, du pylore et souvent des méats cholécoques » comme l'écrivait Molière dans ‘Le Malade Imaginaire'.
Evidemment, le malade était ébloui de tant de science, mais il ne guérissait pas pour autant. Pourtant, c'était le dentiste et le rebouteux qui étaient appelés « charlatans ».
Aujourd'hui, nous assistons à la prolifération de belles et grandes boutiques avec pignon sur rue qui vous proposent des produits à base de plantes médicinales qui guérissent le cancer, des lotions de toutes sortes qui soignent vos problèmes de libido, des shampoings qui font repousser les cheveux des chauves, à la création de laboratoires avec agrément, bien sûr, qui fabriquent des produits miraculeux pour soigner et guérir le diabète, la sclérose en plaque, la stérilité et même le cancer, et des officines de ‘hijama' qui vous rendent vigoureux et qui vous débarrassent de votre hypertension artérielle, et même des « cliniques de ‘Roqia' » ; excusez du peu, qui vous prédisent on ne sait quel paradis sur terre.
Chaque laboratoire, chaque boutique, chaque clinique a une activité « spécialisée », mais tous ont dans leur «nomenclature», des produits ou des conseils, généralement sans grande valeur thérapeutique, mais dont les prix sont abordables pour pouvoir vendre de grandes quantités, et faire en conséquence de gros bénéfices.
J'ai eu l'idée de comparer le prix d'une substance de vente courante et la même substance sous forme de médicament. Le fenugrec (el helba), cette légumineuse papilionacée commune dans notre pays et que nos mères et nos grands-mères employaient jadis pour engraisser les jeunes filles trop maigres à leur goût : un laboratoire français en avait fait sa spécialité. C'est tout simplement du fenugrec en comprimés. Or, voici les prix : Le fenugrec (El helba) chez l'herboriste du coin coûte 50 DA les 100 g. Les laboratoires le payent certainement moins car ils l'achètent en gros. La boite de 36 comprimés est vendue en pharmacie à 14 euros. Les cachets contiennent chacun un gramme de Fenugrec, soit 36 g. Donc, 100 g nous coûteront 50 DA en produits brut et 36 g, en cachets, soit 3 fois moins de produits à 14 euros. Soit près de 2.000 DA multipliés par 3 égal 6.000 DA pour engraisser une femme avec des comprimés de fenugrec.
Ces « médicaments » ou compléments alimentaires sont généralement soumis à autorisation par les responsables de la Santé publique qui sont, en général, de simples fonctionnaires sans grande qualification scientifique, et parfois appointés par les mercantis des laboratoires. Une fois ce sésame obtenu, ces produits miracles sont offerts, quotidiennement, aux médecins et aux centres médico-sociaux, à travers le pays. On sait bien ce qu'il pense ce médecin traitant lorsqu'il est honnête et consciencieux, ce qui est souvent le cas. Il doit se dire : «puisque les services officiels de la Santé publique ont donné le visa à ce produit, c'est qu'il est sans danger, je vais donc le prescrire aux malades, si cela ne leur fera pas de bien, ça ne leur fera pas de mal».
Mais l'homme n'est pas une cornue de laboratoire ni un bouillon de culture. C'est un organisme d'une grande complexité. Quelques milligrammes d'un quelconque alcaloïde modifient son métabolisme et sont susceptibles d'amoindrir ou de détruire ses immunités naturelles, cette admirable armée d'auto-défense dont la nature nous a dotés.
L'exploitation éhontée de la maladie ne date pas d'aujourd'hui, mais aujourd'hui elle est organisée, perfectionnée, méthodique et officielle. Ce qui la rend, pour nous, encore plus odieuse. Autrefois, le médecin formulait. Il s'efforçait pour chaque cas de trouver dans la pharmacopée, les éléments de son ordonnance. Mais aujourd'hui, c'est une pratique que l'on ne trouve plus. Le médecin moderne ordonne des médicaments. Telle maladie, tel traitement. Au besoin, ceux que l'on connaît par cœur ont déjà été essayés vainement sur les malades-cobayes, on ouvre son recueil spécial, don gratuit des laboratoires, là on trouve tout ce qu'on veut, le nom des maladies, le titre de tous les médicaments s'y référant, la posologie et l'adresse du fabricant. C'est très pratique. C'est le triomphe de la médecine standardisée, de la médecine en série.
Ce qui constitue aujourd'hui un scandale intolérable et un attentat contre la Santé publique, c'est la publicité mensongère de produits pharmaceutiques, de médicaments dits de confort, ou de compléments alimentaires, faite directement auprès du public. Publicité éhontée, pratiquée avec des moyens formidables, spéculant sur l'ignorance et la crédulité des foules. «Plus besoin même d'aller consulter le médecin, se dit le malade, puisque tous les symptômes que je ressens sont décrits dans cette annonce publicitaire ou dans ce prospectus». Quels produits chimiques constituent ces spécialités qui promettent de guérir le diabète ou le cancer ? Le malade l'ignore. Quels effets vont-ils produire sur son organisme ? Il n'en sait pas davantage. Et le malheureux, sur la foi de placards publicitaires dans la presse, de campagne fallacieuse à la télévision ou sur Internet et de témoignages apocryphes, se détraque la santé, s'empoisonne, quelques fois se tue. En réalité, les annonces pharmaceutiques ne parlent jamais des contre-indications. Ce qu'il faut, c'est la vente massive, la vente par tous les moyens et à tout le monde, la clientèle universelle si possible, afin que prospère la firme et s'enrichissent les exploiteurs.
Frapper l'imagination, séduire, suggestionner, tels sont les buts psychologiques que doit atteindre l'annonce. Le titre joue un grand rôle pour accrocher l'attention. Et les trouvailles qui rapportent sont, aujourd'hui, reliées même à la religion, comme pour tester notre degré de religiosité et voir si nous consommons, un peu plus que d'habitude, des produits prétendument miraculeux puisque les noms de Dieu et de l'Islam y sont associés.
Le pire dans tout cela est que cette industrialisation de la thérapeutique se fait, parfois, avec le concours et la complicité de la médecine officielle. Combien de médecins, pour des gains substantiels, ont couvert de leurs titres et de leur notoriété, ces entreprises financières, et ont recommandé, pour presque chaque cas, les produits de ces fabricants ?
La population est livrée, sans défense, au charlatanisme pharmaceutique. Toutes les prétendues découvertes sont immédiatement exploitées à des fins mercantiles, avant même qu'elles n'aient fait leurs preuves. La publicité mensongère déforme tout, pourrit tout, et les laboratoires y trouvent toujours leur compte. Les dangers de la publicité mensongère lorsqu'il s'agit de produits pharmaceutiques sont, aussi, néfastes que les armes à feu. Toute publicité touchant à la santé doit être, rigoureusement, conforme à la vérité. Toute contre-vérité, toute exagération de la valeur d'une méthode ou d'un remède doit être, sévèrement, réprimandée. Le charlatan, sur quelque forme qu'il se manifeste, doit être dénoncé et mis hors d'état de nuire. Nous pensons qu'en initiant le grand public aux problèmes qui intéressent sa santé, en lui révélant les vérités qu'il ignore ; et c'est surtout le rôle des médecins traitants, on l'amènera à concourir, par ses observations et, qui sait, par ses propres opinions, sur tel ou tel produit, à la vie médicale de la nation.
Même si, tout inventeur de thérapeutique nouvelle a le droit, la possibilité et même l'obligation de faire connaître, officiellement, l'efficacité de sa découverte, le système d'homologation des spécialités pharmaceutiques doit être réformé et ne pas être laisser à la seule dévotion d'une oligarchie financière. L'argent n'est pas tout !
*Ecrivain et ancien journaliste


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