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HISTOIRES DE «BIPÈDE»
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 24 - 08 - 2017


Livres
Oran, langue morte. Recueil de nouvelles de Assia Djebar. Format poche. Editions Barzakh, Alger 2015 (Editions Actes Sud, France 1997. Prix Marguerite Yourcenar), 381 pages, 850 dinars
Huit en un : 5 nouvelles, 1 conte, 1 récit... et une postface, sorte de conclusion. Le tout formant un véritable roman avec un fil conducteur assez clair, le conte y compris.
Le désarroi et les interrogations de femmes algériennes jusqu'au bout des ongles, mais «étrangères» quelque part dans un pays (natal ou d'adoption) en proie à des événements, parfois heureux mais globalement et souvent dramatiques, pour ne pas dire tragiques.
Hier, la colonisation. Après, un système politique autoritariste permettant une certaine anarchie, celle qui l'arrange. Enfin, une décennie rouge en raison d'un guerre civile ne disant pas son nom et dont les «acteurs» principaux étaient l'intolérance et la chasse meurtrière et éradicatrice menée par les intégristes.
Première nouvelle ! Une jeune Algérienne qui revient à Oran... en 1962, suite à la mort de sa mère.
Une autre : là, c'est une Normande bon teint et bonne catholique, Félicie, mariée à un ancien sous-officier «indigène» de l'Armée française (et ayant participé ) à la guerre mondiale, mère de... huit enfants aux prénoms mixtes. Elle est enterrée (elle l'a voulu), après son décès en France suite à une «longue maladie», en grande pompe, au cimetière musulman du village de son époux (décédé depuis bien longtemps). Une relation France-Algérie qui n'est pas en voie de se terminer !
Encore une autre ? Une institutrice qui est «exécutée» et égorgée (par les terroristes islamistes) devant ses élèves alors qu'elle leur racontait l'histoire de «la femme découpée en morceaux» (à Bagdad, il y a plusieurs siècles de cela). Elle va subir le même sort.
Récits de femmes dans la «nuit» algérienne. Sacrifices et souffrances de femmes résistant farouchement, tentant de survivre dans un quotidien bien souvent ensanglanté, en tout cas toujours difficile.
Le lieu est emblématique. Tout tourne autour d'Oran, la ville la plus ouverte du pays, mais devenue la plus cruelle, devenue une «ville opaque, une « mémoire gelée» et une «langue morte».
L'Auteure : Née Fatma-Zohra Imalayène. Elle n'est plus à présenter. Dix romans, deux recueils de nouvelles (dont un prix Marguerite Yourcenar), deux récits, un essai, deux films long métrage, deux pièces de théâtre… Membre de l'Académie française, prenant le siège vacant de Georges Vedel décédé... et devenant (le 22 juin 2006) une des huit femmes membres, décédée le vendredi 6 février 2015... et inhumée à Cherchell, sa ville natale. Traduite dans vingt-trois langues. Qui dit mieux ?
Extraits : «Au moment de mourir, ne pas être lavée selon la règle coranique, être inhumeée seule, sans les prières ni l'amour des siens : qu'y aurait-il de plus terrible sur terre ?» (p 93), «Dans la tourmente et la dérive acutuelles, les femmes cherchent une langue : où déposer, cacher, faire nidifier leur puissance de rébellion et de vie dans ces alentours qui vacillent» (p 377)
Avis : Une œuvre tragique, amère, mêlant, sans complaisance, esthétique et réalité, amour du pays natal et révolte intérieure face aux ratages socio-politiques.
Citation : «Le pire des moulins à vent : le temps qui fait grandir si vite, trop vite, l'enfant loin des yeux de l'autre parent dépossédé... Deux pays, la France et l'Algérie, que l'histoire a liés si longtemps dans un affrontement dans un accouplement ?- déchiré de passion, de désir, de violence» (p 220)
Siamoises. Roman de Michel Canesi & Jamil Rahmani. Editions Dalimen, Alger 2016, 324 pages, 800 dinars
Une histoire simple, mais tout de même compliquée surtout au niveau de son écriture... avec un va-et-vient déroutant entre Marie et Sophie, Sophie et Marie, deux sœurs, des demoiselles de «bonne famille», bien sous tous rapports qui ont le «malheur » de ne pouvoir vivre séparées. Elles ont même «signé» un pacte, «à la vie, à la mort»... Tout comme ces soeurs siamoises marocaines de leur enfance, malgré tout heureuses d'être «ensemble», qui décèderont juste après l'opération chirurgicale, l'une suite à une infection, et l'autre suite à une grande déprime. Une insupportable absence !
Compliquée l'histoire parce qu'à un certain moment, il est assez difficile de faire la différence, sachant seulement que l'une est l'autre et vice-versa... poussant même à douter de l'existence de l'une des deux. Sophie-Marie-Sophie- Marie... L'une, Marie, disparaît dans la nature, l'autre, Sophie, sombre dans la folie.
Le drame a, en fait, commencé à la mort inattendu d'un père adoré... et à la recherche d'un temps et d'un environnement perdus. Grand désarroi !
Le temps, c'est celui d'une enfance incomplètement vécue et mal assumée ainsi que celui de tous les rêves et de toutes les illusions brisés... par des adultes.
L'environnement, c'est celui des pays du Sud (le Maroc, l'Algérie, l'Espagne, peut-être et l'Andalousie en particulier), avec toutes leurs misères et leurs quotidiens parfois dramatiques, mais aussi et surtout leurs accueils et leurs chaleurs, leur convivialité et leurs joies de vivre et d'être en vie, respirant le «bonheur et la paix», presque sans peur de la mort... Une mort qui, certes, commence avec de la douleur et des pleurs mais qui finit toujours avec des youyous.
Les Auteurs : Un Algérien et un Français. Le premier, médecin anésthésiste et le second médecin dermatologue, tous les deux en permanence, témoins, en direct, de douleurs humaines. Déjà auteurs, ensemble, de plusieurs romans dont le premier, en 2006, «Le Syndrome de Lazare» (sur l'arrivée du sida en France) a été adapté au cinéma par André Téchiné, sous le titre «Les Témoins». Le second livre, «La douleur du fantôme» a été édité en 2010. Leur troisième, «Alger sans Mozart» a été édité par les Editions Dalimen (Alger) en 2013 (Médiatic du jeudi 8 octobre 2015). Leur cinquième, «Villa Taylor» (Editions Anne Carrière, Paris 2017) attend d'être édité en Algérie.
Extrait: « Un cigogneau est tombé du nid, ses pattes et ses ailes sont raides, il est mort. Ses parents ne s'en sont pas aperçu ou alors ils sont passés à autre chose, comme maman» (p58)
Avis : Un livre destiné beaucoup plus aux mordus de la psy' et de la quête de soi qu'aux fans d'histoire(s) fantastique(s). De l'exercice de style surtout. Et, bien sûr, comme d'hab', si le Maroc est présenté sous un bon jour, presque idyllique (un véritable guide touristique : Marrakech, Rabat, Skhirat..), l'Algérie est la grande traumatisée-traumatisante («le pays des égorgeurs»). Une constante retrouvée dans tous les romans du duo.
Citations : «Dans le temps, l'Algérie et le Maroc formaient un seul et même pays (la Maurétanie)... le Maroc et l'Algérie étaient sœurs... mais l'histoire a brisé leurs liens... maintenant, les deux sœurs vivent sans se soucier l'une de l'autre, étrangères... Comme deux siamoises qu'on aurait séparées ?» (p 58), «La jeunesse est une maladie qui passe vite !» (p 235)
Tribunal animal international. L'homme jugé par l'animal. Roman de Abderrahim Zenati. Enag Editions, Alger 2015. 342 pages.
Imitant le Tribunal pénal international (Tpi), voilà que l'auteur nous présente un Tribunal Animal International (Tai)... chargé de juger le «bipède», en l'occurrence l'homme - en tout cas ce qui lui ressemble - pour tous les méfaits commis à l'encontre de Dame Nature, causes de bien des cauchemars hantant les nuits, auparavant bien paisibles, des animaux : réchauffement climatique, déforestations, montée des eaux, disparition de la banquise, pillage des ressources marines, pollution marine, aérienne et terrestre, mutations biologiques animales...
Les plaintes affluent auprès de Sire Lion, le roi des animaux. Il est vrai que lui-même a déjà connu des «sueurs froides» en s'apercevant qu'il ne possédait plus d'ombre (l'ombre protectrice des sujets) et qu'il suffoquait de chaleur. Autres plaintes : celle du seigneur Jaguar, du seigneur Tigre, du seigneur Ours polaire, du seigneur Requin, du seigneur Rorqual (ou Baleine bleue), du seigneur Condor, de la reine des Abeilles... bref les représentants de l'«animalité» tout entière.
Tout de suite, réunion du Conseil des sages. S'appuyant sur les interptrétations des cauchemars et sur les prédictions d'un vieil ermite centenaire (ayant fui les hommes et vivant paisiblement auprès des bêtes), la décision est vite prise : mise en place d'un Tai. Cour pénale. Chambre criminelle, présidée par le Grand-duc, avec un jury de 12 personnes... non, 12 bêtes... et 23 chefs d'accusation. 41 individus sont entendus en commençant par les «collaborateurs» notoires du «bipède «(qui, pour sa part, a refusé de comparaître et de désigner un représentant pour le défendre, ce qui prouvait, à l'avance, sa morgue et sa suffisance). La cause était entendue et le «bipède» allait en prendre pour son grade à la hauteur de ses méfaits. Heureusement, un animal (le Jaguar, l'animal le plus menacé de disparition) allait lui «sauver» la mise en révélant l'existence d'une nouvelle trempe d'hommes authentiques du genre «Homo Modernicus Ecologicus». «Paix!!! Paix!!! Paix sur le terre et paix sur toutes les espèces vivantes qu'elle abrite !». Amen !
L'Auteur : Né à Constantine au milieu du siècle dernier, grand amoureux de la littérature, arabophone de naissance, francophone de scolarité et anglophone par nécessité professionnelle. Traducteur et nombreux voyages à travers le monde. Déjà auteur d'un roman-fiction, «Jana le Dauphin», en 2011 (Editions Houma), une amitié entre deux enfants et un dauphin.
Extrait : «La Communauté Internationale Animale tient à préciser qu'elle fait une nette disctinction entre l'homme et le bipède ; l'homme étant cette noble créature pétrie de sagesse et de bon sens qui a partagé le destin du monde vivant au cours des âges qui ont précédé l'histoire, et le bipède étant cette créature à apparence humaine, mais dont les agissements interdisent toute référence à la noble créature à laquelle elle s'est substituée pour dominer, pour asservir, poussée par un orgueil et une arrogance sans limites...» (p 27)
Avis : Se lit comme un conte... Cependant, l'ouvrage n'est pas conseillé aux moins de 15 ans, tant la description du «bipède» par les animaux est insupporable et même haïssable.
Citation : «La «bipédite» est un trouble réputé incurable s'il n'est pas traité très tôt» (p 28)


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