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Vingt ans de réclusion pour l'homme aux deux «bouchias» d'El Hamri
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 10 - 02 - 2018

  Ce jeudi 27 août 2015, à El Hamri, un groupe de jeunes joue aux cartes sur le trottoir longeant le cimetière chrétien. Aux environs de minuit, une silhouette fend brutalement le groupe, lève en l'air deux mains armées de couteaux de boucher et les abat sur les épaules de Hnifi. Celui-ci parvient à se lever et à prendre la fuite, poursuivi par l'inconnu. Dans les ténèbres de ce quartier boudé par l'éclairage public, les témoins ne peuvent voir au-delà de quelques mètres. Ils entendent Hnifi hurler : «Ma main, ma main !!». Après les premières frayeurs, l'un d'eux monte dans la Peugeot 207 de Hnifi et suit le chemin pris par le prédateur et sa proie. Il pile aussitôt devant le corps allongé et ensanglanté de Hnifi qu'il aide à monter dans la voiture avant de foncer en direction du CHU d'Oran. Quelques minutes plus tard, il arrivera aux urgences médico-chirurgicales où l'équipe de permanence prend en charge le blessé. Cinq heures plus tard, Hnifi, 21 ans, est déclaré mort des suites d'un arrêt respiratoire…
Une histoire de vengeance
A la police de la 5ème Sûreté urbaine, les témoins oculaires désignent un certain Z.N. Houari comme étant l'agresseur du défunt et certains diront avoir vu Y.B Slimane, le beau-frère de Houari, donner un coup de couteau à Hnifi avant que tous deux prennent la fuite dans les dédales obscures d'El Hamri.
Le lendemain, les suspects se rendent eux-mêmes à la police où ils sont entendus. Si Houari reconnaît les faits et admet avoir poignardé Hnifi, par vengeance, il en est autrement de Slimane qui jure qu'il n'a pas participé à l'agression.
Connu dans le quartier sous le sobriquet de ‘Slimane Spécial', il affirme qu'à la fermeture de son fast-food, il mettait un sachet d'ordures à la poubelle quand il a aperçu son beau-frère, dont les effets étaient rouges de sang, marcher dans sa direction. Il dit qu'il s'est enquis de la situation, que Houari lui a appris qu'il s'était battu avec Hnifi et que, pour le calmer, il l'avait emmené dans un café. Plus tard, ils se sont rendus à la plage des ‘Coralès' où ils ont passé la nuit. Quand ils ont appris le décès de Hnifi, ils ont décidé de se rendre.
A de l'instruction, le parquet considère qu'il existe suffisamment, de preuves pour inculper Z.N. Houari, gardien d'école de 34 ans, et Y.B Slimane, 25 ans, de meurtre avec préméditation sur la personne de B. Hnifi, en vertu des articles 254, 256, 257, et 261 (alinéa 1) du code pénal. Les deux hommes encourent la peine de mort.
Houari : «Je n'ai pas frappé pour tuer»
A la barre du Tribunal criminel, ce jeudi 8 février, Z.N. Houari, une nouvelle fois, reconnaît avoir poignardé le défunt : «Il avait un différend avec mon frère et depuis plusieurs jours, il prenait un malin plaisir à nous provoquer et à nous insulter». Il raconte que ce jour-là, aux environs de 17h, le défunt -par ailleurs dealer de drogue, soulignera-t-il- l'avait encore provoqué et insulté devant les voisins : «Plus tard encore, il m'a injurié et insulté la mémoire de mes parents décédés. Là, j'ai vu rouge : inconsciemment, je suis rentré chez moi, pris un couteau et je suis allé le voir. C'est vrai que je l'ai frappé mais je n'avais pas l'intention de le tuer», jurera-t-il en fondant en larmes. Il niera avoir porté deux couteaux de boucher, ni avoir cherché à tuer: «Je voulais juste qu'il cesse ses provocations». « C'est pourtant vous qui êtes allé vers lui, qui l'avez frappé et provoqué de graves blessures… Vous avez failli lui couper un bras», objectera le président d'audience en rappelant l'expertise médico-légale qui avait conclu que la mort est intervenue suite à une hémorragie provoquée par plusieurs coups de couteau.
Houari tentera, par ailleurs, d'innocenter son beau-frère : «Il n'a jamais frappé la victime. Nous nous sommes rencontrés par hasard après les faits, il a tenu à m'accompagner aux Coralès», soutient-il, en disant ignorer, ce qu'il est advenu du -ou des couteaux- : «Quand la victime et moi sommes empoignés et tombés, j'ai lâché le couteau. Je ne sais rien de plus», répondra-t-il.
De son côté, Slimane nie toute participation au crime : «Quand j'ai vu Houari en sang, j'ai voulu l'emmener loin du tumulte. Je ne savais pas que l'affaire était aussi grave», répètera-t-il. Appelés à la barre, trois témoins oculaires (qui étaient en compagnie de Hnifi) seront unanimes à dire que Z.N Houari a brusquement surgi, dans la nuit, levé les deux bras au ciel et frappé la victime aux épaules : «Il avait deux couteaux de boucher», confirmeront-ils. Ils ne pourront, toutefois, pas éclairer le tribunal sur les faits qui ont suivi parce que «la victime et Houari ont disparu dans la nuit». De fait, personne ne pourra affirmer avec certitude avoir vu Slimane sur les lieux du crime ou à proximité.
Partie civile : «L'intention de tuer existe»
Bien au contraire, deux autres témoins, des habitués du fast-food de ‘Slimane Spécial', certifieront à la barre avoir vu Slimane sortir un sac d'ordures, au moment même où des adolescents couraient en direction du cimetière chrétien.
En définitive, c'est le défunt, lui-même, qui aura incriminé Slimane, en déclarant à son ex-beau-frère, au CHU quelques instants après les faits: «Ils m'ont frappé tous les deux».
Dans sa plaidoirie, l'avocat de la partie civile insiste sur la préméditation et la volonté de tuer de Houari, et la participation active de Slimane, dans ce crime sordide : «L'accusé a agi de nuit, il avait mis une casquette et relevé le col pour ne pas être reconnu… La gravité des blessures qu'il a infligées à la victime prouve qu'il a frappé pour tuer (des plaies de 15 et 18 cm, Ndr)», argumentera-t-il, en substance, en affirmant que les éléments constituant l'accusation d'assassinat étaient établis. Quant au second accusé, dira-t-il, c'est le défunt lui-même qui l'a incriminé, un autre témoin (absent à l'audience, Ndr) l'ayant, également, situé sur les lieux du crime.
Le ministère public requiert la perpétuité
Affirmant que les éléments du crime sont constitués, la représentante du ministère public requiert la perpétuité pour les deux accusés dont la culpabilité, dit-elle, a été prouvée : «Les aveux de Z.N. Houari et les circonstances du crime, notamment l'acharnement de Houari, à poursuivre la victime, prouvent qu'il y a eu préméditation et intention criminelle. Quant au second accusé, plusieurs témoins attestent l'avoir vu fuir avec son complice, et le défunt a affirmé avoir été agressé par les deux personnes», indiquera-t-elle, en estimant que le seul tort de la victime est d'avoir insulté Houari.
Les avocats de la défense, eux, plaideront les coups et blessures volontaires ayant entraîné la mort, sans intention de la donner. Pour eux, l'affaire est simple : Houari a, certes, frappé B. Hnifi mais il ne l'a pas tué. Pour eux, la faute est au CHU : «Quand le défunt a été transporté au CHU, il était blessé mais vivant. Il est mort cinq heures plus tard. Comment ne pas douter de la qualité de la prise en charge aux UMC ? Qui peut nous affirmer que le personnel médical a fait tout ce qu'il fallait faire pour le sauver ?», s'interrogera l'un des avocats, en suggérant l'erreur médicale, auquel cas les accusés ne sauraient être poursuivis d'assassinat. Les avocats indiqueront, par ailleurs, que la victime avait des antécédents judiciaires, contrairement aux accusés, dont la conduite a toujours, été irréprochable : «Pourquoi ne pas croire notre client quand il dit qu'il a réagi aux insultes et provocations permanentes de la victime, et qu'il n'avait pas prémédité de le tuer ?», demandera la défense, en tentant, également, de jeter le discrédit sur les témoins: «Au départ, ils ont parlé d'épées, ensuite de couteaux. Ils ont même évoqué des haches», déplore l'avocat, en mettant en doute leur capacité de jugement, eux qui, suggérera-t-il, devaient avoir consommé des substances illicites. La défense plaidera la requalification des faits d'assassinat, en coups et blessures volontaires, ayant entraîné la mort sans intention de la donner, les circonstances atténuantes pour Houari et l'acquittement en faveur de Slimane.
A l'issue des délibérations, le Tibunal condamnera Houari à 20 ans de réclusion criminelle et acquittera Slimane qui éclatera en sanglots, soulagé d'avoir été innocenté après 2 ans de détention.


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