Le plus célèbre événement sportif continental a débuté hier au Caire. L'Afrique se dit en fête, usant de ce grand carnaval particulier pour oublier pour un moment les déboires des peuples et par endroits de plus en plus nombreux à fermer les yeux sur la perte du moindre signe d'humanisme et d'humanité. L'errance démultipliée de ceux qui n'ont pas de moyens de subsistance n'a en effet que de vagues ondes et échos des tueries inouïes organisées par ceux qui n'ont plus rien d'humain. Des villageois des contrées africaines profondes s'éteignent horriblement, par pans entiers égorgés. Ceux des humbles qui échappent à ce début de cataclysme comme ceux qui président à la destinée des hommes ne savent pas de quoi demain sera fait, ne pouvant tendre leurs oreilles et leur raison pour se rendre compte des bruits de bourrasques qui s'annoncent à l'horizon. Et l'Afrique comme le reste du monde avance comme si de rien n'était. Place au foot et à l'hystérie qu'il offre et au diable le reste ! Le spectacle loti dans les stades et les écrans télé peut continuer. Le football, incommensurable diversion moderne a, à bien des égards, l'éternelle saveur que dégageaient les arènes romaines qu'organisaient les empereurs pour enivrer et transporter les ventres creux et les marcheurs aux nus pieds. Le jeu de pattes de quelques saltimbanques choyés et chichement rémunérés peut offrir une fausse gloire démesurée. Il a l'effet puissant des barbituriques en surdoses que des dirigeants de ce monde prescrivent à leurs peuples pour les obnubiler à la seule différence des temps anciens que galeries humaines et gladiateurs modernes sont au cœur d'une des plus importantes industries d'aujourd'hui. Le proxénétisme a plusieurs visages et une multitude de dimensions. Les Algériens n'échappent pas à la culture infantile de ces mises en scène délurées. Bien au contraire, au moment où une remise à l'ordre semble s'annoncer en Algérie, le football national a tendance à garder pour l'éternité les habits des organisations de masses qui ont fait tant de mal au pays. La rente, source de bien multiples magouilles et rapines, reste figée là aussi.